Le groupe Addoha, bientôt un ténor de la cimenterie sur le continent ? En tout cas, sa filiale Ciments d’Afrique (CIMAF) est certainement l’une des entreprises qui s’arrachent l’Afrique en ce moment. Elle poursuit à grand pas son expansion, comme pouvait encore le souligner son directeur général régional Khalid Ibn Khayat, lors d’un entretien avec l’Agence de presse africaine (APA). En effet, depuis 2011, CIMAF n’a cessé de multiplier les implantations dans différents pays d’Afrique subsaharienne où plusieurs chantiers de construction de cimenterie ont été lancés.
Des investissements colossaux
En Côte d’Ivoire, le cimentier marocain a lancé, en 2011, les travaux d’une gigantesque usine dans la capitale économique, Abidjan, pour un investissement d’environ 30 millions d’euros, soit plus de 300 millions de dirhams. A noter que 40% du montant étaient en fonds propres. Selon l’APA, les premiers sacs de ciments provenant de CIMAF Abidjan seront produits à partir du mois de juin, sachant que la production annuelle prévue est de 500 000 tonnes.
Le cimentier a reproduit le même business model pour toutes ses implantations subsahariennes, notamment en Guinée Conakry où Addoha où le premier ciment est attendu en Septembre prochain. Au Cameroun, Anas Sefrioui a lancé la construction d’une nouvelle cimenterie en mai 2012. Un marché très prometteur pour Addoha, puisque l’Etat camerounais importe de Chine, la plus grande partie de sa consommation de ciment. Après ce crochet au centre de l'Afrique, le milliardaire marocain est retourné à l'ouest du continent, plus précisément au Burkina Faso en janvier 2013.
Conformément au business model du cimentier, l’investissement global pour ces quatre implantations en Afrique subsaharienne s’élève à 120 millions d’euros (plus d’un milliard de dirhams). La production globale annuelle issue de ces usines, pourrait s’élever à près de deux mégatonnes, à raison de 500 000 tonnes par usine. Sachant qu'au Cameroun par exemple, un sac de ciment de 50 kilogrammes coûte en moyenne près de 5 000 FCFA (environ 78 dirhams), l'on peut imaginer quel sera le retour financier de l'investissement d'Anas Sefrioui.
La cimenterie marocaine en crise
Adohha via sa filiale CIMAF aura donc une année 2013 très active, quand le secteur de la cimenterie, au Maroc, est en proie à d’énormes difficultés. Cette situation est due non seulement à la baisse des projets immobiliers et le retard des marchés publics, mais aussi à la lourdeur et le resserrement des procédures, en termes de permis de construire et d’habiter, selon les explications à la presse du président de l’Association professionnels des cimentiers du Maroc (APC), Mohamed Chaibi et son directeur général délégué, Ahmed Bouhaouli.
Le groupe marocain est ainsi l’un des rares opérateurs du secteur cimentier qui réussit à faire face à la crise. Sa force pourrait venir de la diversification de son activité, puisqu’il opère également dans la promotion immobilière. Mais les professionnels le témoignent bien, l’immobilier national va mal. Une donne sur laquelle Addoha aurait anticipé en allant à la conquête de l’Afrique, considérée comme un marché quasi-vierge.
Un exemple à suivre pour les autres cimentiers marocains ? Ce pourrait être une option envisageable. Seulement, il faudrait qu’ils disposent des fonds nécessaires. D’autant que n’importe quelle entreprise n'engange pas une expansion continentale. De plus, le marché africain est le champ de bataille de gros calibres tels que le français Lafarge ou encore l’Allemand Heidelberg.