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Grand Angle

Subventions du CCME : El Yazami donne 1 million de dirhams à sa propre association

Le CCME a accordé, en 2009, une subvention de 1,1 million de dirhams, à l’association Génériques en France. Problème, à cette date : le président du CCME et le délégué général de l’association sont une seule et même personne : Driss El Yazami.

Publié
Driss El Yazami, président du CCME et aujourd'hui président d'honneur de l'association Génériques. /DR
Temps de lecture: 4'

Par une convention de partenariat, signée le 18 mai 2009, qui nous est parvenue, le Conseil de Communauté Marocaine à l’étranger (CCME), dont Driss El Yazami est président, subventionne l’association française, Génériques pour son exposition «Générations : un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France», alors que Driss El Yazami en est encore le délégué général. Montant de la convention : 100 000 euros, soit 1,1 million de dirhams.

Nous avons présenté cette situation sous la forme d’un cas théorique, sans indiquer les noms des protagonistes ni des organisations, à Kaoutar Boussria, cadre juridique au pôle affaires juridiques, de l'Instance Centrale marocaine de la Prévention et de la Corruption. Son jugement est sans appel : «Si ces informations sont sûres, c’est une situation qui est anormale et qui relève bien d’un conflit d’intérêt. La personne dont vous me parlez ne peut pas utiliser son pouvoir pour donner des subventions à l’association qu'elle dirige.»

L'exposition majeure de Génériques

La subvention de 1,1 million de dirhams, signée en 2009 par Abdellah Boussouf, secrétaire général du CCME, et Farouk Belkeddar, secrétaire général de Génériques, était dédiée à l’exposition, «Générations : un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France», présentée, pour la première fois à Lyon, à l'été 2009. (Voir la copie de la convention ICI) A cette époque là, Driss El Yazami est non seulement le co-fondateur et délégué général de l’association Génériques, depuis 1987, président du CCME, depuis 2007, mais il est aussi le commissaire de l’exposition. Avec Naïma Yahi, il est celui qui présente et explique l’exposition aux médias et au public.

Très ambitieuse,  «Générations» connaît, par son ampleur et sa qualité, un grand succès. Elle peut être aujourd’hui considérée comme la réalisation majeure de l’association. Selon une source directe très proche du dossier, l’équipe de l’association travaillait dessus depuis 2007 voire, si l’on considère la totalité des ressources nécessaires à son élaboration, depuis 10 ou 15 ans, à savoir depuis la création de l’association en 1987.

Pour cette œuvre, l’association Génériques a réussi à réunir près de 1 million d’euros de subventions diverses, selon notre source. Total, Accor, le ministère français de la Culture, la Direction de l'accueil, de l'intégration et de la citoyenneté du ministère français de l’Intérieur… ont donné chacun des milliers d’euros voire des dizaines de milliers d’euros. Avec 100 000 euros, le CCME aurait ainsi, à lui seul, fourni 10% du budget total. 

Fausse excuse du CCME

Interpelé par Yabiladi pour confirmer le montant de la subvention et répondre aux questions qui s’imposaient après une telle découverte, Driss El Yazami a opposé une fin de non recevoir. La responsable de la communication du CCME, nous a expliqué qu’il était disponible pour une interview à condition que nous présentions une carte de presse. Manœuvre grossière pour refuser l'interview sans en avoir l’air puisqu’aucun éditeur de journaux électroniques n’est encore aujourd’hui considéré par l’Etat marocain comme un éditeur de presse. Adopter cette défense, c’était oublier un peu vite que Driss El Yazami avait accordé une interview, à Mohamed Ezzouak, directeur de publication de Yabiladi.com, le 19 décembre 2009, à Marrakech, pour la deuxième rencontre de «Marocaines d’ici et d’ailleurs», en tant que président du CCME, sans lui avoir demandé la moindre carte de presse.

A défaut de réponse et de confirmation, nous avons épluché les comptes publiés officiellement par l’association en France, au Journal officiel pour trouver trace de cette subvention. Dans le rapport du commissaire aux comptes sur les comptes annuels de l’association Génériques dont l’exercice était clos le 31 décembre 2010, figurent encore, sous forme de créances, 30 000 euros à payer de subvention par le CCME, à échéance du 31 décembre 2009. Soit très exactement, la denière partie de la dotation du CCME, selon l'échéancier indiqué dans la convention de partenariat : 50 000 euros devaient être versés en juin 2009, 20 000 euros en novembre et 30 000 euros, donc, en décembre 2009.

Non-respect de la convention

Dans la convention de partenariat que nous avons entre les mains, il est également spécifié que cette subvention est conditionnée à la venue au Maroc de l’exposition Génération. "L'association Génériques s'engage en collaboration avec les institutions marocaines à organiser le déplacement de ladite exposition au Maroc", indique-t-elle or cette clause n’a pas été respectée. L’exposition a été produite, en tout et pour tout, trois fois : une première fois à Lyon aux archives municipales, du 11 juin au 28 août 2009, une deuxième à la Cité nationale d’histoire de l’immigration, à Paris, pendant 8 mois, du 17 novembre 2009 au 18 avril 2010 et la dernière du 11 mars au 29 avril 2011, à la Collégiale du Saint Sépulcre à Caen. 

En Algérie et au Maroc, seule une exposition minimale, composée exclusivement d’affiches, a été déplacée, indique notre source. Selon un membre d’une autre association dont l’activité est proche de celle de Génériques, les présentations au public ont été rares en proportion de l’investissement en raison de son coût très élevé à la location. 

A l'heure où nous publions, Driss El Yazami n'a toujours pas répondu à nos interrogations. En cas de conflit d’intérêts deux formes de sanctions sont possibles, en dehors de celles prévues strictement par la loi, selon les circonstances : «- au niveau de l’administration, il peut y avoir une sanction disciplinaire – Si l’affaire relève de la mauvaise gestion, il appartient à la Cour des comptes d'intervenir», détaille Kaoutar Boussria.

Y a quelqu'un au dessus du président ?
Auteur : webmaster
Date : le 12 mars 2013 à 19h08
M. El Yazami est président du CCME. Il a le statut de ministre d'Etat. M. Boussouf est secrétaire général, il a le statut de secrétaire d'Etat. (Voir Dahir de nomination)
S'interroger sur les liens hiérarchiques entre les 2 et les responsabilités respectives c'est vraiment faire preuve de mauvaise volonté. :)

Il y a conflit d'intérêt manifeste. Pour éviter ce genre de problème, il est recommandé de quitter les responsabilités dans les organismes qui sont susceptibles d'avoir des relations avec l'institution que vous présidez. C'est un principe déontologique de base.

Si le ministre des MRE était de ma famille et qu'il octroyait des subventions à mon association ou des budgets publicitaires à Yabiladi.com vous crieriez au conflit d'intérêt et vous auriez raison. :)
Toujours le mépris
Auteur : Bengi
Date : le 12 mars 2013 à 18h49
Un petit préposé de bureau

Un petit préposé de comptoir

Ça donne une idée du personnage.

Personnage, qui nie l'existence d'une convention signée (comme relevée par Yabiladi).

Cette convention est entre les mains de Yabiladi. (ce que j'ai compris d'après votre article)

Le mieux est de quitter au lieu de s'enfoncer encore plus.

Une convention signée, n'est ni un soupçon, ni une supposition.






webmaster
Auteur : virtua1
Date : le 12 mars 2013 à 17h52
Bonjour!
Son chef hiérarchique ,je ne sais pas ,il va falloir vérifier l'organigramme s'il existe mais soyons logique.
Mr Boussouf n'est pas un petit préposé de bureau pour céder à un quelconque ordre de son supposé chef hiérarchique si tel est le cas.C'est quand même une grosse pointure ,pas un petit préposé de comptoir.
Ceci étant ,on n'accuse pas à base de suppositions mais il faut des faits réels ,vérifiables.
Je quitte ce topic parce que je trouve qu'il n-y-a pas moyen de vérifier quoi que ce soit ,ce sont des suppositions ,des soupçons ,rien de plus.
Dernière modification le 12/03/2013 17:54
Enlevons les oeillères
Auteur : webmaster
Date : le 12 mars 2013 à 15h56
Bonjour Virtua1,

Il ne vous aura pas échappé que Driss El Yazami est le supérieur hiérarchique de Abdellah Boussouf.
Si demain Abdelillah Benkirane demande à son secrétaire général d'octroyer un marché à son entreprise ou une subvention à l'association de sa femme, le conflit d'intérêt reste manifeste.

Ici, le président du CCME est aussi fondateur et délégué générale d'une association en France. Une convention de 2 pages ne comportant quasiment aucune clause contraignante à l'égard de la partie recevante est signée au niveau des secrétaires généraux. Donc nous avons un lien hiérarchique et donc une responsabilité.

Pour ne rien arranger, on parle d'une subvention assez conséquente (pour ne pas dire énorme) pour le budget d'un aussi petit conseil. Plus d'1 million de dirhams versé en 3 fois sans appel d'offre, juste sur la base de ces 2 pages minimalistes pour une convention de cette ampleur.

Questions simples dont nous n'avons malheureusement pas pu obtenir réponse auprès du CCME : combien d'association de MRE touche ce type de subvention ? Quel est le montant annuel des subventions pour les associations ?
Oui mais
Auteur : virtua1
Date : le 12 mars 2013 à 15h30
déjà commencer par demander des comptes à la bonne personne ,ne pas viser quelqu'un qui n'a rien à voir.
Le monsieur sur lequel vous vous lâchez n'a ni donné ni reçu,il faut arrêter d'affabuler.
L'état de droit doit se construire sur le droit pas sur des règlements de comptes qui n'ont rien à voir.
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