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Interview

TV5 MONDE et 2M s’associent autour de l’environnement [interview]

Pour ses 40 ans, TV5 MONDE diffuse, ce mardi, «La Piste de la Francophonie pour la planète», sous forme de 19 heures de direct à travers 17 villes du monde et 5 continents. Cette édition s’intéresse aux questions environnementales. A Rabat, l’escale est assurée de 19h à 20h avec Hanane Harrath (2M) et Nicolas George (TV5), depuis la bibliothèque de l’Université Mohammed VI Polytechnique - UM6P. Dans cet entretien, les deux présentateurs reviennent sur les dimensions globales de sensibilisation que revêt ce programme anniversaire.

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TV5 MONDE célèbre ses 40 ans avec un direct de 19 heures. Cette diffusion correspond par ailleurs au dernier jour de la COP28. Que représentent ces dates symboliques pour vous ?

Nicolas George : Nous sommes à la deuxième édition du programme de La Piste de la francophonie et la troisième de cet évènement où on se passe le relais à l’antenne, d’un pays à l’autre. Pour avoir fait la toute première, autour de la francophonie, je dirai que ce genre d’émissions est pour nous une tradition, tous les trois ans à peu près. A TV5 MONDE, c’est aussi un évènement dans l’année.

Nous avons préparé cette édition pendant trois mois, avec Hanane Harrath pour 2M, mais aussi avec les équipes de production. Plus qu’une émission, il s’agit de créer un programme sur plusieurs heures, qui se relaie du Canada au Cameroun, tout en gardant un fil rouge. Cette année, la célébration des 40 ans de TV5 MONDE coïncide avec le dernier jour de la COP 28 et c’est un point que nous mettons en avant dans la partie diffusée depuis le Maroc.

Depuis quelques mois, TV5 MONDE a en effet choisi de mettre les problématiques de l’écologie et de l’environnement au cœur de sa programmation. L’idée est donc de lier ces deux aspects, tout en étant au cœur de l’actualité.

La politique énergétique du Maroc sera également un axe de la programmation depuis Rabat, en plus de la sécurité alimentaire. Comment ces thématiques sont abordées, dans un contexte de date anniversaire ?

Hanane Harrath : Je suis contente de participer à cette édition anniversaire, justement. J’ai eu l’occasion de travailler pour TV5 MONDE en France, il y a plusieurs années. C’est donc une chaîne avec laquelle je suis ravie de renouveler la collaboration pour célébrer ses 40 ans. Dans le cadre de La Piste de la francophonie, je pense qu’un effort de sensibilisation aux questions environnementales est important, bien que la conscience sur ces enjeux au Maroc soit développée, surtout depuis que le pays a accueilli la COP 22 en 2016.

Il y a une mobilisation importante de la société civile, composée d’un maillage très fort d’associations et de start-ups. La conscience est accrue et la clôture de la COP cette année, le jour de ce programme, nous permet de poser les enjeux depuis le Maroc qui a commencé sa stratégie depuis 2009, conformément à la vision du roi Mohammed VI. Nous avons des acquis en la matière, notamment dans l’éolien et le photovoltaïque. C’est une opportunité à saisir pour montrer le potentiel national à ce sujet.

Hanane HarrathHanane Harrath

Nicolas George : TV5 MONDE est la chaîne de la francophonie. Les 19 heures de ce programme seront donc en français, même depuis les Etats-Unis, avec des communautés et des médias francophones là-bas. Autrement dit, c’est une mise en avant de la francophonie à travers le monde, par le biais de thématiques qui nous concernent toutes et tous, dans une dimension globale.

Cette programmation traduit une synergie entre médias audiovisuels francophones à travers le monde, notamment pour le cas du Maroc. Cela dénote d’un travail collectif, au-delà de l’évènement en lui-même ?

Nicolas George : Je présente souvent le journal, sur TV5 MONDE, ou encore des chroniques où je parle beaucoup du Maroc. Je suis déjà venu ici, notamment pour faire des reportages. A titre personnel, je dirai qu’après chaque voyage dans un pays pour présenter une émission, je commence à développer un rapport différent avec ce pays-là. Après ce programme spécial, lorsque je repartirai, le fait d’avoir travaillé avec 2M, avec Hanane Harrath, d’avoir senti l’atmosphère et vu comment vous travaillez ici, me rendra plus marocain, d’une certaine manière. Lorsque je traiterai ensuite des sujets liés au Maroc, je le ferai avec une autre sensibilité.

En tant que journaliste, être sur le terrain a incontestablement un apport concret à notre manière de procéder, là où on a plus souvent tendance à traiter une information à travers le regard des autres. Nous avons presque les mêmes manières de faire et je trouve intéressant de voir qu’entre télévisions francophones, même en n’étant pas dans le même pays, nous procédons finalement de façons très semblables.

Nicolas GeorgeNicolas George

Hanane Harrath : C’est la pérennisation d’une collaboration qui a déjà fait ses preuves. Lors de la dernière édition de La Piste de la francophonie, 2M a déjà été le partenaire local de TV5 MONDE. Je suis contente de voir les choses évoluer. Je trouve aussi que c’est une belle forme de reconnaissance mutuelle de ce qu’on peut s’apporter à chacun, des capacités techniques et humaines des uns et des autres. Cette collaboration est un signe très positif aujourd’hui, surtout dans un monde où nous voyons tellement de fractures partout. Pouvoir avoir une dynamique fructueuse dans ce contexte, entre le nord et le sud de la Méditerranée, est un beau signal que nous envoyons.

Vous consacrez une certaine parité, aussi bien à travers la présentation que la programmation depuis le Maroc ?

Hanane Harrath : Il y a une certaine parité au sein de nos invités aussi, en effet. A titre personnel, dans les émissions avec 2M, nous essayons toujours de veiller à cet aspect. Le rôle des médias est également d’accompagner les transformations de la société et de sensibiliser au maximum. La thématique du genre a donc toujours été essentielle pour 2M, où le Comité Parité-Diversité y veille. Nous avons aussi un site de référencement des expertes auxquelles nous pouvons faire appel sur certains sujets. Si nous pouvons véhiculer ce message-là, je trouve que c’est une bonne chose.

Nicolas George : Au sein de TV5 MONDE, la question ne se pose plus beaucoup, puisque nous arrivons à trouver un équilibre naturel. Dans un journal d’une heure, il m’arrive de n’avoir que des intervenantes, là où il y a cinq ans, on aurait eu quatre intervenants et une intervenante. Je pense que notre carnet d’adresse est aussi devenu beaucoup plus large là-dessus.

Vu de l’extérieur, on a tendance à penser que les questions de l’écologie sont très techniques et que leur compréhension serait du ressort d’une niche de scientifiques. Une émission évènement peut-elle permettre de vulgariser ces sujets-là ?

Hanane Harrath : Je pense que l’enjeu climatique est tellement fondamental pour l’avenir qu’il s’est distillé un peu dans tout. Sur 2M, je fais des émissions qui ne portent pas toujours sur l’environnement, mais il m’arrive souvent d’être avec des invités qui abordent des enjeux de cet ordre-là, parce que la prise de conscience citoyenne est bien là, de même que chez les politiques qui cherchent des terrains d’accord, comme lors de la COP 28.

Globalement, l’enjeu d’une telle émission est de nourrir cette prise de conscience globale, mais aussi de partager des expériences. Je suis curieuse de savoir ce qui serait dit sur les plateaux des autres pays, car nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. C’est pour cela que j’aime cette initiative, d’autant qu’on a peu l’occasion de mettre en dialogue des personnes aussi loin, qui travaillent sur des thématiques similaires et qui pourraient s’inspirer les unes des autres. Ce serait la vocation de ce programme.

Nicolas George : Sur les questions climatiques et écologiques, on se dit souvent : «pourquoi je dois faire un effort et pas les autres ?». Ce genre d’émissions permet de se rendre compte que quel que soit l’endroit à travers le monde, les gens sont bien sensibilisés et essayent, à leur niveau, de faire quelque chose, ce qui fait sentir les autres moins seuls dans cette dynamique.

C’est un programme qui dure 19 heures. La cible des téléspectateurs serait aussi large que l’éventail de diffusion ?

Hanane Harrath : Tout le monde est concerné. Nous avons des personnalités expertes, des ministres, des présidents d’institutions constitutionnelles, d’universités et des fondateurs de start-ups. Au Maroc, nous avons parmi nous la ministre marocaine de la Transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) Ahmed Reda Chami, le président de l’Université Mohammed VI polytechnique (UM6P) Hicham El Habti et une créatrice de mobilier urbain durable. Ils sont connaisseurs dans leurs domaines, mais l’objectif est de vulgariser largement, pour que ces interventions soient audibles partout en dehors du Maroc, comme nous sommes sur TV5 MONDE.

Nicolas George : J’espère également que les exemples donnés seront pratiques, pour que ce soit une vitrine du Maroc et ce qui se fait au Maghreb, mais aussi dans toute l’Afrique, de manière à voir comment cela peut inspirer les autres pays des autres régions, d’où les reportages que nous diffusons aussi.

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