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Grand Angle

Polisario : L’Algérie derrière la fronde menée par le fils de Mohamed Abdelaziz ?

Prétextant d’une intervention musclée des milices du Polisario contre sa tribu, le fils de Mohamed Abdelaziz mobilise la gendarmerie, pour défendre les siens. Une action menée sous le regard de l’Algérie.  

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Lahbib Mohamed Abdelaziz, fils de l'ex-secrétaire général du Front Polisario. / DR
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Des éléments de la gendarmerie du Polisario organisent, ce lundi, une protestation dans les camps de Tindouf. «Ils ont annoncé observer une grève pour dénoncer, officiellement, les conditions dans lesquelles ils exercent leurs fonctions», confie dans des déclarations à Yabiladi une source marocaine proche du dossier.

Il y a quelques années, une trentaine de gendarmes avaient organisé un sit-in devant le siège du «ministère de la Défense» à Rabouni pour dénoncer l’état de délabrement d’une école de l’armée où ils devaient passer une période de stage.

«Néanmoins, la nouvelle protestation est motivée par des considérations tribales et s’inscrit plutôt dans la guerre larvée pour le pouvoir au sommet du Polisario qui est en train de se jouer depuis le 16e congrès» tenu en janvier dernier, explique-t-elle.

La main de l’Algérie ?

«Cette grève est la réponse de Lahbib Mohamed Abdelaziz, fils de l’ancien chef du Polisario (1976-2016), à l’intervention musclée effectuée la semaine dernière, par des milices du Polisario, contre la tribu des Rguibates Fokra, à laquelle il appartient, pour disperser une dispute entre les siens et les membres d’une autre faction dans les camps de Tindouf», explique notre source.

Désapprouvant l’usage de la matraque contre ses proches, Labhib Mohamed Abdelaziz a mobilisé des éléments de la gendarmerie, placés sous son commandement. Pour rappel, en 2013, son père l’avait nommé à la tête d’un escadron de la gendarmerie, après avoir effectué des stages militaires en Algérie. 

La grève permet aussi à Lahbib Mohamed Abdelaziz de manifester son influence et se positionner comme un potentiel successeur de Brahim Ghali, dont la gestion des affaires ne recueille pas l’adhésion des principales têtes d’affiche du mouvement séparatiste, notamment après la formation de son «gouvernement», conduit par Bouchraya Beyoun. Une composition ouvertement critiquée par un média du Polisario.  

Au lendemain du 16e congrès du Front, en janvier 2023, Lahbib avait intégré la liste des 27 membres du secrétariat général du Polisario et ensuite le très influent comité de défense, relevant de la même instance. Ses chances de succéder à Brahim Ghali, sont sérieuses. Outre sa jeunesse, il est Algérien de part sa mère, Khadija Hamdi, ancienne «ministre de la Culture» sous le long règne de son époux et fille de l'ex-maire de Tindouf. Il est aussi originaire de la tribu des Rguibates de l’Est qui piaffe d’impatience de revenir au pouvoir.

Pour mener à bien son projet, Lahbib Mohamed Abdelaziz peut compter sur le soutien de la «ministre de l’Intérieur», Meryem Salek H’Mada, Algérienne également.

«La grève des gendarmes était prévisible. Les Rguibates-Fokra n'attendaient que l’occasion pour passer à l’action. Ils se considèrent comme les véritables maitres du Polisario et les héritiers de Mohamed Abdelaziz. De retour dans les camps de Tindouf, en septembre 2021, après des mois d'hospitalisation en Espagne et en Algérie, Brahim Ghali avait tenté de les rassurer en leur accordant des aides financières et promis des postes de responsabilité à leurs enfants», explique sous couvert d’anonymat un ancien membre du Front qui a regagné le Maroc.

Au lendemain du «décès» du fondateur du Polisario, Mustapha El Ouali, le 9 juin 1976 dans des conditions non-encore élucidées, l’Algérie avait imposé Mohamed Abdelaziz (originaire des Rguibates de l'Est) à la tête du Front, au grand dam de certaines tribus issues du Sahara occidental.

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