A plus de quarante jours de siège total, sans eau, sans électricité, sans denrées, sans carburant et avec peu de moyens de communication, la bande de Gaza est toujours en proie aux massacres de l’armée israélienne, qui n’épargnent particulièrement pas les structures hospitalières. Dans une déclaration collective, plusieurs organisations professionnelles du corps médical au Maroc ont dénoncé «des crimes de destruction et d’extermination» visant autant les civils palestiniens qui ont décidé de rester dans les régions les plus assiégées du nord, que ceux qui ont fui vers le sud. Dans ce contexte, les syndicats et les associations de médecins se sont indignés face à «l’absence de toute position rationnelle qui privilégie la logique de la paix sur celle de la guerre».
Dans un communiqué, le Syndicat national des médecins spécialistes du secteur privé, le Syndicat national des médecins du secteur libéral, celui de la médecine générale, ainsi que l’Association nationale des cliniques privées (ANCP) ont dénoncé «les atrocités des crimes de l’armée israélienne qui ont franchi toutes les lignes rouges», menaçant «la stabilité régionale et le processus de paix dans sa globalité».
A ce titre, les organisations ont exprimé leurs «sincères condoléances aux familles des martyrs, des victimes et des blessés palestiniens, au roi Mohammed VI président du Comité Al-Qods et à l’ensemble du peuple marocain, étant donné que la question palestinienne est toujours une question centrale et une priorité tant pour le Maroc officiel que pour la population».
Dans le même sens, la déclaration dénonce «fermement le ciblage des structures de santé par la machine militaire israélienne, qui massacre continuellement les patients sur les lits d’hôpitaux, y compris des nouveau-nés, des enfants, des femmes enceintes, des malades et des blessés, tout en dirigeant aussi cette logistique militaire contre des équipements, le personnel et les stocks de denrées médicales».
Par ailleurs, les organisations initiatrices de cette déclaration insistent sur le fait que «garder le silence face à cette situation» soit une forme de «participation à ces crimes et un soutien à leurs auteurs, à un moment où une action ferme et sérieuse de la part de la communauté internationale et des Nations unies est nécessaire pour intervenir efficacement, arrêter ces massacres et demander des comptes à ceux qui y sont impliqués».
«L’Histoire s’en souviendra dans ses pages les plus sombres»
Par la même occasion, les signataires ont fustigé «l’appel immoral» lancé par plus de 100 médecins israéliens à leur gouvernement, de manière à ce que ce dernier «cible les hôpitaux et les détruise, avec ceux qui s’y trouvent». Ils rappellent que cette déclaration incendiaire s’ajoute à celle du ministre israélien du Patrimoine, ayant précédemment préconisé le bombardement de la bande de Gaza à l’arme nucléaire. Ces positions constituent «des appels odieux à haine, traduisant le manque de sens d’humanité de leurs auteurs», qui n’ont ainsi «aucun lien avec la noble profession de médecine, qui consiste à sauver des vies et à intervenir dans ce sens-là», soulignent-il.
Dans ces circonstances, les médecins ont renouvelé leur pleine solidarité avec leurs collègues et l’ensemble du personnel de santé exerçant dans la bande de Gaza. Dans ce registre, ils ont appelé la communauté internationale à «intervenir en urgence pour empêcher les crimes en cours, les déplacements forcés et les privations intolérables auxquelles le peuple palestinien est exposé». «L’Histoire s’en souviendra dans ses pages les plus sombres», ont-ils encore affirmé.
Aux première heures de mercredi, les forces d’occupation israéliennes ont pris d’assaut le complexe médical Shifa, assiégé par l’armée de terre depuis plusieurs jours, encerclé de snipers et de tanks. Constituant le plus grand établissement de santé dans la bande de Gaza, l’espace abrite des milliers de patients, du personnel médical encore sur place, ainsi que des civils déplacés en raison des opérations aériennes et terrestres en cours. Désormais, les soldats ont mené des opérations en s’introduisant également au sein de la structure.
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation au Moyen-Orient, le 10 novembre, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que depuis le 7 octobre 2023, l’institution avait documenté plus de 250 attaques contre les infrastructures de santé en Palestine, particulièrement dans la bande de Gaza. La moitié des hôpitaux de la bande ont été mis hors service, tandis que d’autres établissements fonctionnent au-delà de leur capacité maximale.
En l’espèce, le responsable a déclaré que le secteur de la santé à Gaza était «à genoux» et qu’il s’efforçait encore de fournir des soins vitaux. Ayant vécu la guerre «à la fois en tant qu’enfant et en tant que parent», Tedros Adhanom Ghebreyesus a ajouté s’identifier à la souffrance et à l’horreur vécues aujourd’hui à Gaza. «Je sais ce que la guerre signifie», a-t-il insisté.