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Grand Angle

Ibn Battuta à Al-Qods : Comment le prince des voyageurs musulmans a décrit la mosquée Al-Aqsa

Dans son ouvrage de référence «Les Voyages», le célèbre voyageur marocain Ibn Battuta a consacré une partie importante du volume «Tuhfat an-nuzzar fi ghara’ib al-amsar wa ’aja’ib asfar» à son séjour en Palestine. Il décrit la mosquée Al-Aqsa à Al-Qods, mais aussi la basilique de la Résurrection, considérée comme un repère pour les chrétiens du monde.

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Abu ʿAbd Allah Muḥammad Ibn ʿAbd Allah al-Lawātī aṭ-Ṭanjī al-Maghribi, connu sous le nom d’Ibn Battuta (1304 – 1377), est considéré comme l’un des voyageurs arabo-musulmans les plus célèbres de tous les temps, ce qui lui a valu d’être communément appelé «le prince des voyageurs musulmans». C’est à l’âge de 27 ans que le natif de la ville de Tanger s’est investi dans son long voyage qui l’a amené aux quatre coins du monde. La Palestine a fait partie des régions qu’il a visitées et décrites, dans le volume «Tuhfat an-nuzzar fi ghara’ib al-amsar wa ’aja’ib asfar» de l’ouvrage «Les Voyages».

Sur son chemin vers Al-Qods / Jérusalem, il a visite la cité de Joseph, «laquelle abrite de grands bâtiments et une mosquée». «J’ai également visité Bethléem, le lieu de naissance de Jésus, que la paix soit sur lui. Elle conserve les traces du tronc de palmier et de nombreux bâtiments. Les chrétiens vénèrent beaucoup ce lieu et honorent ceux qui y affluent», a-t-il écrit.

Dans la Ville Sainte, les remparts détruits ont attiré son attention, d’autant que beaucoup des cités de cette époque sont connues pour leurs fortifications, qui les protègent de toute invasion extérieure. «Puis, nous sommes arrivés à Bayt al-Maqdis, troisième des lieux nobles après les deux mosquées saintes (…) dans une grande ville réputées pour ses rochers sculptés. Le roi juste et vertueux, Salâh Ad-Dîn Al-Ayyûbî, a démoli une partie de sa muraille après l’avoir conquise», écrit Ibn Battuta.

En expulsant les croisés, à la suite de la célèbre bataille de Hattin en 1187, le sultan Saladin (1169 – 1193) a en effet décidé de démolir les remparts de la ville, au cas où les croisés y reviennent pour l’occuper à nouveau et songent à se retrancher intra-muros. Par la suite, le sultan mamelouk Rukn al-Din Baybars (1260 – 1277) a achevé la démolition de toute la muraille. Ibn Battuta a également évoqué la présence d’un petit canal dans la ville, facilitant la vie quotidienne.



La mosquée Al-Qibli et le Dôme du Rocher

Le voyageur marocain a admiré notamment la mosquée Al-Qibli, indissociable d’Al-Aqsa. «C’est l’une des mosquées les plus merveilleuses, les plus splendides et les plus belles du monde. On dit qu’il n’y aurait pas de mosquée sur terre qui serait plus grande que celle-ci. De l’est à l’ouest, sa longueur est de 752 coudées royales. Sa largeur depuis la Qiblah jusqu’au fond est de 435 coudées», se rappelle Ibn Battuta dans son ouvrage.

Cette description renseigne aussi sur les nombreuses portes donnant l’accès au lieu saint. «Sur la façade, je ne connais qu’un seul portail, celui par lequel l’imam entre. L’espace est vaste et non couvert, à l’exception de la mosquée Al-Aqsa, qui est drapée minutieusement de dorures et de teintures raffinées. D’autres endroits dans la mosquée sont recouverts également», a-t-il écrit.

Plus loin, Ibn Battuta énumère des détails de la mosquée du Dôme du Rocher avec admiration. De sa description, il ressort que la version actuelle de cet édifice bâtiment est inchangée par rapport à celle de l’époque. «Parmi les monuments les plus parfaits et les plus étranges en termes d’architecture et de beauté, cette mosquée est de loin la plus achevée. Elle repose sur une crête au milieu de l’esplanade. On l’atteint par des marches en marbre soigneusement astiquées et elle comporte quatre accès. La zone qui l’entoure est également pavée de marbre. De même, son intérieur et son extérieur sont embellis de diverses finitions raffinées. La plupart des temps, elles sont recouvertes d’or. Elles scintillent de lumière et brillent de mille éclats, éblouissant le regard de ceux qui les contemplent dans toute leur élégance», note le voyageur.

«Au milieu se trouve le noble dôme du rocher. C’est de là que le Prophète, que Dieu le bénisse et lui accorde la paix, est monté vers le ciel. C’est un rocher solide, situé en hauteur. En dessous se trouve une grotte de la taille d’une petite maison. On y descend par des marches, pour y trouver une forme de mihrab. L’une des deux fenêtres sur le rocher est bordée d’un fer magnifiquement travaillé et la seconde est en bois. Dans le dôme, un grand bouclier de fer est suspendu. On suggère que c’est celui de Hamza bin Abdul Muttalib.»

Ibn Battuta

Le voyageur tangérois n’a pas manqué de documenter son passage par divers monuments de la ville d’Al-Qods, y compris dans la région connue sous le nom de «Vallée de Géhenne», qui occupe une place importante dans la religion chrétienne. Elle est aussi le «chef-lieu de Raba’a al-Badawiya, dont la tombe se trouve sur place, différente de Raba’a al-Adawiya».

Ibn Battuta a également consacré une partie de ses descriptions à la basilique de la Résurrection. Les catholiques et les orthodoxes situent la tombe de Jésus-Christ dans cette église du Saint-Sépulcre, qui accueille de nombreux pèlerins d’Europe.

«Au fond de la vallée susmentionnée se trouve une église vénérée par les chrétiens, considérant selon eux que la tombe de Marie, que la paix soit sur elle, s’y trouve. Une autre église connue sont pèlerinage est celle qui abriterait, selon eux, la sépulture de Jésus, que la paix soit sur lui. Quiconque s’y rend est soumis à un impôt connu des musulmans, ainsi qu’à des traitements dégradants, avant de rallier le lieu.»

Ibn Battuta

Les raisons de cet usage remontent aux croisades, durant lesquelles les dirigeants croisés ont fait subir des traitements dégradants aux musulmans, avant la libération d’Al-Qods par Saladin Al-Ayyubi.

Ce séjour a par ailleurs été l’occasion pour Ibn Battuta de rencontrer des érudits connus de la ville sainte, notamment Shams al-Din Muhammad bin Salem al-Ghazi, Imad al-Din al-Nabulsi, Shihab al-Din al-Tabari et Abu Abdullah ibn Musabeth al-Gharnati, entre autres. Après quoi, le voyageur a quitté Al-Qods pour se diriger vers d’autres cités palestiniennes, comme Askalan et Akka, avant de se rendre au Liban actuel et de là en Syrie.

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