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Grand Angle  

Diaspo #298 : Mourade Zeguendi sous les projecteurs du cinéma depuis Bruxelles

A 42 ans, Mourade Zeguendi compte une centaine de rôles à son actif, entre théâtre, films longs, séries et courts-métrages. Souvent dans la peau d’un personnage solaire, le comédien et acteur belgo-marocain est de plus en plus à l’affiche d’opus où il incarne désormais des rôles sombres.

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Mourade Zeguendi
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Issu d’une famille tangéroise installée en Belgique depuis les années 1960, natif de Bruxelles, Mourade Zeguendi a grandi à Saint-Josse avec six autres frères et sœurs. Ce n’est finalement pas dans les nombreuses écoles par lesquelles il est passé qu’il a trouvé sa place, mais plutôt grâce au sport et au théâtre. Pratiquant la boxe et surtout le football, Mourade est marqué d’abord par les coachs grâce à qui il a appris à gagner en confiance. «Entre gamins de quartier, nous allions en salle de sport en hiver. On s’entraînait sur les sacs de frappe, on faisait de la corde et on y trouvait le moyen de nous occuper, tout en se construisant. Dès qu’il faisait beau, on partait en vadrouille à vélo», se souvient-il. Mourade a joué notamment au sein d’un club de mini-foot appelé Oasis, ainsi que l’Etoile marocaine, fondé par des nationaux résidents en Belgique.

«Mon père, Abdelhamid Zeguendi, et mon frère y ont joué aussi. Mon père a déjà été footballeur professionnel au Maroc, où il a évolué au sein de l’Ittihad de Tanger, avant de migrer en Belgique», se rappelle-t-il. Plus jeune, Mourade a travaillé tôt dans la restauration, avant d’enchaîner plusieurs métiers, jusqu’à ce qu’il soit rattrapé par son histoire de famille avec le père des arts. Le défunt dramaturge et metteur en scène Abdelkader El Badaoui étant l’un de ses proches, l’acteur en herbe prendra rapidement goût à la scène. Après un passage en atelier d’écriture et de théâtre amateur dans son quartier, à l’âge de 15 ans, il est rapidement repéré grâce au talent qui le distingue.

«Je pense que je suis arrivé au bon endroit et au bon moment. On m’a permis d’avoir ma chance. J’ai été formé et encadré par des personnes qui m’ont toujours dit que rien n’était impossible et que j’étais capable de tout. J’ai découvert un nouveau monde qui m’a plu, qui m’a changé du quartier et que j’ai beaucoup aimé.»

Mourade Zeguendi

Mourade Zeguendi dans «Les Barons», un film de Nabil Ben Yadir (2009)Mourade Zeguendi dans «Les Barons», un film de Nabil Ben Yadir (2009)

Un rôle principal dès le premier film

Mourad Zeguendi se souvient aussi de Hamid Chakir, le mentor qui lui met le pied à l’étrier, professeur à l’institut des arts de la scène à Bruxelles et premier marocain à avoir évolué dans le théâtre et le cinéma en Belgique. Ainsi, à 17 ans déjà, le jeune acteur décroche un rôle principal dans le tout premier long-métrage où il est retenu, «Bruxelles, mon amour», réalisé par Marc Didden, Pieter Vandekerckhove et Kaat Beels (2001).

«Nous l’avions tourné en 1998, l’année du Mondial de football où Zinedine Zidane est devenu champion du monde et où le comédien Samy Naceri a joué dans ‘Taxi’. Pour notre génération, ils sont devenus des références importantes», nous dit l’artiste. Vu la fibre artistique qui distingue son entourage familial, Mourade Zeguendi a d’ailleurs grandi avec des parents et une fratrie qui l’ont toujours soutenu dans ses choix de carrière. «Il fallait bien qu’il y ait un comédien parmi les frères et sœurs, c’est tombé sur moi !», décare-t-il, sur un ton amusé.

«Je n’ai pas grandi avec des proches qui auraient été réticents à l’idée que leur fils préfère le théâtre à un projet de salariat ou à celui de cadre dans un bureau. Mon père a toujours été mon plus grand fan et mon soutien indéfectible. Mes frères et sœurs aussi. Aujourd’hui, c’est à mon tour de motiver les plus jeunes !», souligne l’acteur.

Enchaînant les succès, Mourade Zeguendi incarne notamment le rôle de Luigi dans «Go Fast», un film d’Olivier Van Hoofstadt (2008). En 2011, il est à l’affiche de «L’Amante du Rif» de la réalisatrice marocaine Narjiss Nejjar. En 2013, il est retenu par le cinéaste américain Sean Gullette dans «Traitors». Entre ces opus à succès, les cinéphiles se rappellent de lui surtout dans «Les Barons» de Nabil Ben Yadir (2009), où il se met dans la peau de Mounir avec brio. Auprès de notre rédaction, lui-même s’en souvient particulièrement comme d’«une véritable aventure ayant marqué un tournant de carrière». Les conditions de tournage ont permis de tisser des liens pratiquement familiaux entre les jeunes acteurs, dont Monir Ait Hamou.

«On ne pouvait pas rêver mieux. Nous ne savions pas comment ce film serait perçu, puis il a eu un succès inattendu, en Belgique et même ailleurs. Il y avait une énergie spéciale dans tout ce que nous avions fait pour ce film. J’ai pu faire la connaissance de Monir Ait Hamou sur ce tournage. C’est devenu mon ami et mon frère. Nous avons travaillé ensemble ensuite, notamment sur sa série ‘Champion’. On ne peut pas ne pas se revoir !»

Mourade Zeguendi

Des rôles de plus en plus sombres à l’écran

Se rappelant d’une anecdote depuis ses débuts dans le cinéma, Mourade Zeguendi nous confie par ailleurs avoir déjà affirmé à ses copains de quartier qu’il obtiendrait un rôle avec Samy Naceri, «si une suite du film Taxi est envisagée». «Des années plus tard, j’ai joué effectivement dans Taxi 4 qui est sorti en 2007, avec Samy Naceri», nous a-t-il fièrement déclaré. Aujourd’hui encore, cette collaboration marque l’acteur marocain à plus d’un titre, puisqu’elle a permis de faire naître une complicité durable entre les deux artistes. Les affinités cinématographiques se greffant à une amitié de premier plan, Mourade joue désormais dans le film «Jackpot entre potes» (2022) de Julian, fils de Naceri.

Mourade Zeguendi et Samy Naceri se retrouvent aussi dans le film «Atoman», avec Anouar Moatassim à la réalisation. «Nous sommes devenus très proches, nous nous sommes côtoyés au-delà du cinéma et notre amitié a bien mûri avec le temps», nous confie le comédien. Depuis ses toutes premières apparitions qui ont mis en lumière son talent atypique devant la caméra comme sur scène, Mourade a eu une centaine de rôles entre le théâtre, le cinéma, mais aussi les séries, dont «Melting Pot Café» de Vijfhoek et Duts, «Undercover» de Cécilia Verheyden et Pieter Van Hees, ou encore des courts-métrages comme «Le Choix d’aimer» de Mohsine El Badaoui et «Les Voisins» de Göksel Cekic.

Au fur et à mesure des interprétations, l’acteur opère une autre évolution en optant pour des rôles qui le font sortir de sa zone de confort, ou qui contrastent avec ce qu’il est réellement. «J’ai beaucoup maîtrisé les personnages plutôt solaires, qui me ressemblent quelque part. Mais puisque j’aime la difficulté, j’apprécie de plus en plus d’être dans la peau d’un torturé, qui peut à la fois faire pleurer et rire, être attachant et angoissant, que l’on ne peut pas uniquement aimer ou détester…». Autant dire que Mourade Zeguendi s’en prend à de nouveaux challenges artistiques, auxquels il prend goût d’emblée en appréciant de creuser son sillon «dans le côté obscur de ce que peut faire un acteur».

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