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Grand Angle

Islam : Vincent Van Quickenborne s’est-il rallié à Al Adl Wal Ihsane en Belgique ?

Taxé de «népotisme» par l’EMB pour avoir voulu précédemment placer une connaissance au sein des instances de gestion du culte musulman, le ministre belge de la Justice Vincent Van Quickenborne se serait entouré cette fois-ci de membres d’organisations cultuelles dont certains sont proches d’Al Adl Wal Ihsane. Un Conseil musulman de Belgique est désormais domicilié à la même adresse que l’Exécutif des musulmans de Belgique.

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Vincent Van Quickenborne, ministre belge de la Justice. / Ph. Belga
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L’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) a récemment pointé la «création téléguidée» d’une instance de gestion du culte, dite «Conseil musulman de Belgique», qualifiant cette démarche de «coup de force du ministre de la Justice» à l’encontre de l’EMB. Par son arrêté royal du 29 septembre 2022, Vincent Van Quickenborne a retiré la reconnaissance de l’EMB en tant que représentant cultuel, le bureau de l’instance restant responsable de la gestion des affaires courantes. Depuis 2021, le ministre a été épinglé pour favoriser la montée en puissance de nouveaux responsables, quoique non représentants. Parmi eux, certains sont désormais proches des cercles rigoristes en Belgique, notamment d’Al Adl Wal Ihsane dans le pays. Des sympathisants de l’instance marocaine seraient d’ailleurs représentés au sein de la structure nouvellement créée.

«Aujourd’hui, le ministre poursuit sa ‘croisade’ contre les représentants du culte musulman», faisant même fi de l’arrêté royal, fustige pour sa part l’EMB. En effet, la nouvelle Association sans but lucratif (ASBL) a les mêmes attributions statutaires que l’EMB, même que le siège social est situé à la même adresse. «Un nouvel arrêté royal reconnaissant cette ASBL comme nouvel organe dirigeant temporaire du culte musulman serait en préparation, voire déjà signé, au mépris du principe de séparation de l’Eglise (la Mosquée en l’occurrence) et de l’Etat, de la liberté de culte et de son autonomie», a fait savoir l’EMB auprès de Yabiladi.

Dans un communiqué du bureau signé par le président Mehmet Üstün, l’EMB déplore une «attitude incompréhensible» et «inacceptable» du ministre de la Justice envers le culte musulman, en s’indignant face à ce qui constitue «une ingérence intolérable dans la liberté de culte, telle que reconnue par la Constitution belge». «Comment pourrions-nous accepter qu’un ministre crée précipitamment, sans aucune consultation préalable avec l’organe officiel de représentation de la communauté musulmane, une ASBL composée de quatre ‘représentants’ désignés par lui, chargée de gérer les affaires d'un culte au nom de toute une communauté, sans que celle-ci ait son mot à dire ?», s’est interrogé l’exécutif.

En finir avec la constitution actuelle de la gestion du culte

Ce revers de la part du ministre de la Justice intervient dans un contexte où la commission élargie de l’EMB travaille sur le processus de renouvellement de l’institution, dont les élections auront lieu le 16 septembre prochain. Depuis 2021, des membres d’organisations cultuelles ont par ailleurs été pointés pour avoir participé à fomenter des plaintes visant l’EMB et dont ils ont été déboutés. Dans le cadre du feuilleton judiciaire, certains parmi eux, connus pour être proches des milieux rigoristes, ont notamment été soupçonnés de bénéficier d’un appui financier saoudien.

En septembre dernier, l’EMB a qualifié certaines actions du ministre de népotisme et de manœuvres politiques, par anticipation des prochaines échéances électorales en Belgique. Aux couleurs politiques de l’Open VLD, Van Quickenborne tente notamment de s’assurer une base électorale dans le milieu nationaliste flamand, à travers des facilitateur de la régionalisation de la gestion du culte, qui est jusque-là une prérogative d’ordre fédéral.

Article modifié le 13/06/2023 à 10h52

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