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Grand Angle

L’Algérie enjoint à la Libye de dissoudre une organisation amazighe libyenne

Après la Tunisie et la Mauritanie, l’Algérie est accusée d’ingérences dans les affaires intérieures d'un autre pays maghrébin. Alger a demandé aux autorités de Tripoli de dissoudre le Conseil supérieur des Amazighs de la Libye.

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Des Amazighs manifestant en Libye en 2011. / Ph. Karlos Zurutuza - MEE
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Les Amazighs de la Libye sont vent debout contre les «ingérences algériennes dans les affaires intérieures» de leur pays. A l’origine de cette colère, une injonction des autorités algériennes transmise par son ambassadeur à Tripoli au gouvernement, que dirige Abdulhamid Dabaiba, de dissoudre le Conseil Supérieur des Amazighs de la Libye.

«Nous avons soulevé avec la ministre des Affaires étrangères, Mme Najla Mangoush, ces nouvelles ingérences de l’Algérie dans les affaires intérieures de la Libye. Elles traduisent, malheureusement, une ligne politique adoptée depuis des années par le pouvoir en place à Alger à l’endroit des Amazighs libyens», affirme dans des déclarations à Yabiladi Walid Grada, vice-président du Conseil supérieur des Amazighs de Libye (CSAL).

Le responsable a nié toute «coordination» entre son instance avec le Mouvement d’autonomie de la Kabylie, de Ferhat M’Henni, classé organisation terroriste par le gouvernement algérien en mai 2021. «La situation instable de la Libye ne nous permet pas d’ouvrir un front avec l’Algérie ou avec d’autres Etats de la région. Nous essayons d’avoir les meilleures relations avec tous nos voisins y compris avec l’Algérie», a-t-il précisé.

Walid Draga a souligné que le nombre des Amazighs en Libye est estimé à 700 000 personnes. «Nous sommes présents dans tous les rouages de l’Etat libyen, et ce depuis sa proclamation en 1951», s’est-il félicité.

Des ingérences constatées en Tunisie et en Mauritanie

Cette nouvelle ingérence a été condamnée par le Parti Libou. La formation politique libyenne a exprimé, dans un communiqué, «son rejet de ce comportement qui sort du cadre diplomatique, et du respect des valeurs de fraternité et de bon voisinage». Libou a révélé que le gouvernement libyen fait pression sur le Conseil supérieur des Amazighs de la Libye pour «blanchir l’Algérie».

La même condamnation a été adoptée par l'Assemblée Mondiale Amazighe (AMA). «Cette ingérence algérienne dans les affaires intérieures de la Libye ne nous surprend pas. Le pouvoir algérien avait, pour rappel, détenus et puis procédé à l'expulsion vers le Maroc en 2008 d'une cinquantaine d’activistes marocains, venus participer à un congrès amazigh organisé alors à Tizi-Ouzou. En 2021, Alger avait décrété le MAK organisation terroriste», a déploré, dans des déclarations à Yabiladi, le Marocain Rachid Raha, président de l'AMA. «Cette politique hostile aux Amazighs se manifeste également avec les revendications autonomistes des Touaregs au Mali et en Algérie aussi», a-t-il ajouté.

Force est de constater que ce n’est pas la première fois que l’Algérie s’immisce dans les affaires intérieures d’un pays maghrébin. Pour mémoire, Alger avait réagi, en décembre 2020, aux déclarations d’anciens responsables tunisiens dénonçant sa politique anti-Maroc, suivie depuis des décennies. Son ambassadeur en Tunisie, Azzouz Baalal, avait exigé du gouvernement tunisien de museler les voix qui dénoncent la sa politique.

«Les excellentes relations avec l'Algérie ne peuvent être perturbées par des positions officieuses, qui n’engagent en rien la Tunisie et ne représentent que leurs auteurs», avait déclaré le diplomate. Une allusion de sa part au réquisitoire dressé par l’ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmed Ounis, contre la responsabilité du pouvoir algérien dans l’avortement du projet de la construction maghrébine. 

La Mauritanie n’a pas échappé à cette ingérence. L’ambassadeur algérien avait formulé la même injonction au gouvernement de Nouakchott. Dans le viseur de l’Algérie, certains médias qui ne partagent pas son soutien au Polisario.

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