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Grand Angle

Affaire Samuel Paty : Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui comparaîtront aux assises

Le Parquet national antiterroriste en France a demandé la comparution de huit adultes aux assises, dans le cadre de l’affaire de l’assassinat du professeur Samuel Paty. Brahim Chnina, père marocain de la collégienne ayant accusé la victime d’avoir montré des caricatures du prophète Mohammed pendant le cours d’éducation civique, figure parmi les appelés à la barre. Comme cinq autres élèves, sa fille comparaîtra devant un juge pour enfants.

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Portrait de l'enseignant Samuel Paty / Ph. Panorami - Bestimage - Femme Actuelle
Temps de lecture: 3'

L’assassinat du professeur Samuel Paty, survenu le 16 octobre 2020, ferait bientôt l’objet de deux procès visant 14 personnes au total. Le parquet national antiterroriste (Pnat) a demandé, vendredi, la comparution aux assises de huit majeurs, dont deux accusés de complicité. La comparution au tribunal pour enfants a été demandée au sujet de six collégiens, dont cinq pour le délit d’association de malfaiteurs en vue de préparer des violences aggravées.

L’enseignant de 47 ans a été poignardé puis décapité, près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), par Abdoullakh Anzorov. Réfugié russe tchétchène âgé de 18 ans, celui-ci a été abattu peu après par les policiers. Le terroriste a reproché à la victime d’avoir montré en classe des caricatures du prophète Mohammed, pendant un cours d’éducation civique. Dans un message audio, il a revendiqué son geste en se félicitant d’avoir «vengé le prophète».

Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui seront poursuivis

Citées par l’AFP, 541 pages de réquisitions de deux magistrates du parquet antiterroriste soulignent que cet acte résulte d’un «enchaînement de causalités non exclusives les unes des autres». «Bien qu’exécuté par le seul Abdoullakh Anzorov, ce crime est en effet la résultante d’une succession de comportements pénalement incriminables», écrivent-elles. Le Pnat demande ainsi que soit retenue l’infraction de complicité d’assassinat terroriste pour deux amis de l’assaillant, ce qui les expose à la perpétuité.

Les deux complices désignés sont Azim Epsirkhanov et Naïm Boudaoud. Le premier est soupçonné d’avoir accompagné l’assaillant pour acheter des armes. Le second l’aurait accompagné jusqu’au collège de Conflans-Sainte-Honorine, en étant «pleinement conscient de l’embrigadement idéologique d’inspiration jihadiste» de leur ami, écrivent les magistrates.

Brahim Chnina, père marocain de la collégienne visée par une exclusion pour indiscipline et qui a prétendu avoir assisté au cours, ainsi que militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, ont été mis en examen initialement pour complicité, ce que Sefrioui conteste. Les deux hommes sont les auteurs de plusieurs vidéos mises en ligne sur les réseaux sociaux et attisant la polémique. Convertie à l’islam, Priscilla Mangel, une femme de 34 ans en lien sur Twitter avec l’assaillant, des jours avant l’attentat, a aussi été mise en examen pour la même raison. Pour ces trois personnes, ainsi que pour trois autres adultes, le Pnat a requalifié les faits pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, passible des assises.

La fille de Brahim Chnina comparaîtra devant un juge pour enfants 

Quant aux cinq collégiens comparaissant pour délit, le parquet antiterroriste a considéré qu’en désignant Samuel Paty, leur aide a été «décisive» pour Anzorov, sans qu’ils n’aient pour autant conscience que ce dernier allait assassiner le professeur et que son acte s’inscrivait dans un projet terroriste. Le Pnat retient qu’aucun d’eux n’a vu les armes de l’assaillant.

En revanche, les réquisitions ont souligné que les cinq collégiens avaient compris que le jeune homme voulait «a minima» s’en prendre à l’enseignant. Pour cette raison, le Pnat a retenu le délit d’association de malfaiteurs en vue de préparer des violences aggravées. Ils comparaîtront devant le tribunal pour enfants.

Etant à l’origine de l’accusation contre l’enseignant d’avoir montré les caricatures, la sixième collégienne est la fille de Brahim Chnina. Elle comparaît devant le même tribunal pour dénonciation calomnieuse. En effet, la jeune fille a admis plus tard ne pas avoir assisté au cours et avoir menti, en affirmant que le professeur avait demandé aux élèves musulmans de se signaler et de sortir de la classe lors de ce cours.

Du côté des proches de Samuel Paty, une partie de la famille a porté plainte contre les ministères de l’Intérieur et l’Education nationale, qu’elle accuse de ne pas avoir pris suffisamment en compte l’ampleur du risque signalé précédemment par l’enseignant. Ce dernier avait fait état d’inquiétudes grandissantes, face aux dimensions que prenait la polémique, selon un rapport. Une enquête distincte est ouverte depuis avril 2022.

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