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Grand Angle

Banque mondiale : Les plages du Maroc menacées par une érosion côtière «coûteuse»

Dans un rapport publié mardi, la Banque mondiale s’est intéressée à l’impact de l'érosion côtière sur les économies des pays MENA et notamment du Maghreb. Alors que le taux annuel de cette érosion varie entre 0,12 et 0,14 mètre pour les côtes du Maroc, l’impact sur le PIB du royaume pourrait atteindre jusqu'à 0,4%.

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La plage de Lagzira au Maroc. / Ph. Sadik Yalcin - Banque mondiale
Temps de lecture: 3'

Alors que le Maghreb reste la deuxième région la plus soumise au monde à l’érosion côtière, l’impact de ce phénomène notamment sur l’économie du Maroc a été mis en avant, cette semaine, par la Banque mondiale. Dans un rapport intitulé «Disparition des côtes : L'érosion côtière et ses coûts au Maghreb», l’institution financière a rappelé les répercussions de l’érosion côtière et son impact sur le tourisme balnéaire et les activités liées au littoral, qui jouent un rôle très important pour le mix économique du royaume.

Citant une analyse détaillée du Centre océanographique national, le rapport explique que les statistiques du nord du Maroc sont divisées en Atlantique/Méditerranée au port de Ksar es-Seghir, expliquant «une différence dans la nature de l'évolution du littoral due aux processus hydrodynamiques à la côte».

Ainsi, l'analyse a montré que les parties faisant face à la Méditerranée ont des côtes sablonneuses plus faibles (75%), alors que le côté atlantique du Maroc démontre une composition sablonneuse presque complète à 96%. La comparaison des parties de littoral subissant des changements montre aussi que davantage de zones s'érodent mais aussi que les changements dans le paysage côtier sont hétérogènes.

Plusieurs points chauds de l’érosion

Le rapport ajoute, dans ce sens, qu’environ 38% de la côte atlantique marocaine est en érosion à un certain degré. Sur la côte méditerranéenne, les classes d'érosion et d'érosion intensive dépassent de 4% les classes d'accrétion respectives. Globalement, cette partie reste «caractérisée par des schémas d'érosion plus équilibrés, mais aussi plus dynamiques, avec seulement environ un quart du littoral qui est resté stable (c'est-à-dire des changements moyens entre ±0,5 mètres par an) au cours des deux dernières décennies».

Le rapport ajoute que l'érosion de la côte méditerranéenne du Maroc est «caractérisée par l'influence des structures humaines», pointant «une accrétion intensive qui se produit dans les provinces de Fahs Anjra et de Tétouan». «Les développements anthropiques tels que le plus grand port d'Afrique du Nord, Tanger-Med, une bande de développement de 1,6km2 de long sur la pointe nord du Maroc, sont susceptibles d'avoir un effet significatif et potentiellement continu sur les taux de changement du littoral», notent ses rédacteurs qui pointent aussi «le cycle hydrologique et les taux de dépôt du flux fluvial dans les estuaires».

Plus loin, le long de la côte méditerranéenne du Maroc, les processus d'érosion deviennent plus dominants. Les plus grandes sections d'érosion se produisent de part et d'autre de la province de Driouch dans le port de la baie d'Al Hocaeima et autour du Port Nador West Med. De plus, le long de la côte extérieure de Nador, une érosion «intensive» se produit. «Le littoral migre vers l'intérieur des terres et les plages rétrécissent insidieusement, ce qui constitue une menace pour leur durabilité», alerte-t-on.

Entre 0,12 et 0,14 mètre par an pour environ 0,4 % du PIB

Dans l’autre zone, «de grandes parties de la côte atlantique du Maroc s'érodent également». Le long du littoral atlantique nord du Maroc, l'érosion est «courante dans les provinces de Larache et d'El Jadida», alors qu’elle est «intensive» dans les régions de Kenitra et de Nouaceur.

Le rapport cite particulièrement le cas de Larache, sur le côté sud-ouest de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma où un mélange de processus morphologiques se produit avec des rapports d'activités considérables d'extraction de sable.

«Des enquêtes sur le taux de changement du littoral le long de la côte de Tétouan à l'aide de photographies aériennes ont montré que les rivages ont reculé en moyenne de 58,4 m sur une période de 60 ans. Avec des limites d'érosion intense allant de -1 à -3 mètres par an, l'érosion semble s'accentuer et dans 60 ans, le littoral devrait reculer de 60 à 180 m supplémentaires», soulignent les experts.

Ceux-ci rappelle que le taux d'érosion côtière annuel moyen de 0,07 mètre est largement dépassé dans le Maghreb, notant que ce taux atteint 0,14 mètre sur la côte méditerranéenne et de 0,12 mètre sur la côte atlantique du Maroc, alors qu’il est de 0,70 mètre par an en Tunisie.

Le rapport rappelle qu’environ deux tiers de la population vit à proximité de la côte au Maroc, alors que plus de 90 % des industries ont leurs activités dans la zone côtière. Ses rédacteurs notent que les estimations montrent que dans les pays du Maghreb, l'érosion côtière entraîne des coûts directs substantiels, allant de 273 millions USD par année en Libye à plus de 1,1 milliard USD par an en Tunisie. Au Maroc, les dommages s'élèvent à environ 0,4 % du PIB.

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