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Grand Angle

Femme de ménage dans le Maghreb : Vers une reconnaissance de leurs droits ?

Si vous faites un tour dans les salons de coiffure ou chez des copines, vous entendrez sûrement les ladies se plaindre au sujet des femmes de ménage ! Elles n’en trouvent pas une de confiance, elles n’en pas les moyens de s’offrir une, ou le mari ne tolère pas leur présence. Des histoires se suivent, mais ne se ressemblent pas ! Mais voilà, on ne peut pas gérer carrière et maisonnée sans leur aide ! Et c’est un travail comme les autres qui mérite que l’on tienne compte des attentes et critères de ses femmes, fini le temps de la servitude !

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L’esclavage des temps modernes

Au Maroc, on s’élève de plus en plus contre le travail des petites filles à la maison. Et pourtant, il n’est pas rare de voir une petite fille porter tablier et foulard sur la tête, et accomplir des tâches ménagères au dessus de ses forces. Elles sont pourtant employées chez des familles cultivées, qui ont-elles même des enfants du même âge. «Ma mère avait une bonne de 11ans, mais elle n’y voyait pas de mal» raconte Houda. «C’est vrai qu’elle mange à sa faim, ne fait pas de gros travaux, mais sa place est quand même à l’école» ajoute t-elle.

Les associations sensibilisent, et on se tourne de plus en plus vers les jeunes femmes de 18 ans et plus. «L’époque où on les payait 100 ou 200 dhs est révolue !»nous dit Samira. Aujourd’hui, on parle d’un salaire hebdomadaire de 400 à 1000 dhs.  «Si vous voyez la mienne, vous direz que la femme de ménage, c’est moi» rigole Asma. Mais la jeune femme n’a rien contre : «Je suis satisfaite de son travail, si elle veut se faire belle en sortant, c’est son droit, c’est une femme avant tout !». Contrairement à Asma, certaines ladies voient en une jolie femme de ménage une menace pour leur couple ! «C’est que le souci vient du mari, et non de la pauvre fille…».

Et ces jeunes filles posent désormais de  vraies conditions : elles ne s’occupent pas systématiquement des enfants, ont droit à leur week-end. «Mais on n’a plus le choix» soupire Mariam. Et c’est leur droit, non ?

En Tunisie, on parle de quelques milliers de femmes de ménage, voir plus. Comme dans le reste du Maghreb, il est quasiment impossible d’avoir des chiffres exacts. Le métier n’est pas réglementé. L’Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche et le Développement  a mené une enquête: «Les aides ménagères à temps complet : violences et non droits». Selon cette étude,  43% des femmes de ménage en Tunisie n’ont personne dans la famille avec un emploi stable.  17% d’entre elles ont entre 17 et 23 ans. Aucune n’a de couverture sociale, ni de retraites mais elles se casent où elles peuvent.

Le besoin pousse également des Algériennes à frapper à la porte des riches. Ici aussi, pas de droits sociaux, pas de repos. La particularité chez les Algériens, c’est que la plupart sont des femmes entre 40 et 60 ans. Divorcées ou veuves, elles n’ont pas d’autre choix pour subvenir aux besoins de leur famille. «Je leur tire chapeau bas, en plus des conditions de travail difficiles, leurs enfants, souvent des ados, ne tolèrent pas le métier de leur mère» pense Selma.

Une nouvelle tendance : Les agences

Partout dans le monde, des agences vous proposent de trouver la perle rare. Ils reçoivent bien sûr une commission. Au Maroc par exemple, ce n’est plus un métier réservé  aux femmes depuis belle lurette : Vous pouvez opter pour un boy !  «J’ai deux fils ado, ramener une jeune fille serait la jeter dans la gueule du loup» plaisante Rachida. «C’est très inhabituel, mais il faut avouer qu’ils sont plus efficaces» confirme Hadia.

Dans les milieux bourgeois, vous entendrez : «Ma femme de ménage n’est pas marocaine». Dans les pays du Golfe, on peut expliquer cette pratique courante par le manque de main d’œuvre. Ce qui est loin d’être le cas au Maroc. C’est un phénomène de mode. De plus, les femmes ont perdu confiance après des vols répétés, ou même des tentatives de séduction du mari ! «Je payais une marocaine 1800 dhs, elle sortait tous les weekends et prenait ses congés pendant ramadan et les fêtes religieuses. Je paie une sénégalaise 2000 dhs mais je suis plus tranquille, elle est plus sérieuse» Cette jeune femme n’est pas sans cœur : «J’essaie de faire de mon mieux pour qu’elle ne ressente pas le mal du pays, je sais que je ne la paie pas une fortune, mais je suis juste avec elle»

Elles sont nourries et logées, et contrairement aux femmes de ménage locales, elles n’ont  pas d’attache et sont donc disponibles à plein temps. Par ailleurs, beaucoup de sénégalaises souffrent, comme les marocaines d’ailleurs, de violences physiques et psychiques. Mais malheureusement,  les étrangères ont rarement quelqu’un vers qui se tourner.

Les sénégalaises sont demandées parce qu’elles sont relativement moins chères, et accomplissent les lourds travaux. Les philippines, elles jouent plusieurs rôles à la fois : nounou, professeur d’anglais et femme de ménage «Je suis plus tranquille avec ma femme de ménage philippine, elle est discrète, s’occupe bien des enfants et les aide même à faire leurs devoirs !» raconte Ghita.

Peu importe l’âge (tant que c’est plus de 18ans), le sexe ou la nationalité, ces femmes de ménage sont des femmes avant tout, qui, comme nous toutes, cherchent à gagner de l’argent pour vivre et faire vivre leur famille. Elles se battent pour un avenir meilleur et restent des personnes à part entière. Les mentalités évoluent, les personnes prennent conscience des droits qui doivent leur être octroyés mais un long chemin reste à faire pour ses femmes en quête de justice et de reconnaissance.

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