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Grand Angle

France : Une étude confirme la surmortalité Covid-19 chez les immigrés

Des chercheurs ont dévoilé leur étude, mercredi, confirmant que les populations immigrées ont été les plus touchées par la mortalité liée à la pandémie de la Covid-19, particulièrement lors de la première vague en 2020. Ces statistiques confirment les constats passés interrogeant le facteur socio-économique.

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Photo d'illustration / Ph. Pascal Bastien - Libération
Temps de lecture: 3'

Lors de la première vague de la Covid-19, au printemps 2020, une mortalité sans précédent a été enregistrée chez les populations immigrées. Inhabituellement plus importante que celle des personnes nées en France, elle a concerné surtout la tranche des adultes en activité professionnelle. L’Institut national d’études démographiques (INED), l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), en partenariat avec Santé publique France et l’Institut convergences migrations ont publié, mercredi 8 novembre 2022, les résultats d’une étude à ce sujet, dans la revue Social Science and Medicine. Les données confirment les premiers constats du début de la crise sanitaire, selon lesquels des familles issues des communautés étrangères avaient été décimées par la pandémie, principalement au vu de leur profil socio-économique.

Analysées sur le temps long, ces chiffres montrent en effet un écart plus prononcé chez la tranche d’âge des 40-69 ans, qui s’est multiplié par neuf, en comparaison avec la période hors-pandémie de 2016 à 2019. Les taux de mortalité en excès ont été encore plus conséquent dans les régions du Grand‑Est et d’Ile‑de‑France, connues pour leur forte densité. Ils ont été «huit à neuf fois plus élevés pour les immigrés d’Afrique sub‑Saharienne et trois à quatre fois pour ceux originaires d’Afrique du nord, d’Amérique et d’Asie ou d’Océanie que pour les populations nées en France», a indiqué la même source.

Une population plus exposée aux facteurs de contamination

L’inégalité dans la hausse des décès en ce début de pandémie a ainsi illustré «un bouleversement inédit» pour ces groupes de populations et leur profil de mortalité habituel, selon les chercheurs. Ces derniers expliquent que la vulnérabilité spécifique des populations immigrées face à la première vague pandémique s’est constituée de multiples facteurs accumulés, qui ont exacerbé les «inégalités sociales de santé» déjà installées et accentuées par la crise sanitaire mondiale.

Ces situations ont remis en avant la dimension de l’environnement et des conditions de vie de ces personnes, qui se trouvent souvent dans des foyers ou des communes de résidence particulièrement denses, ou exercent des métiers au sein desquels il a été difficile de mettre en place des mesures strictes de distanciation.

Ces personnes sont en effet plus nombreuses à exercer des emplois considérés «essentiels» lors de la pandémie, et qui n’ont donc pas été concernés par le télétravail. La nature de ces métiers est liée aussi aux déplacements en transports collectifs et à plus de contact avec les autres, augmentant le risque de contamination. Dans un contexte de saturation du système de santé, beaucoup ont eu davantage de difficultés à accéder à des soins ou à une prise en charge au moment opportun. Pour les chercheurs, ces résultats «appellent à porter une attention particulière aux conditions de vie des populations, et à la prévention, l’accès au système de soins et la prise en charge des plus vulnérables», en cas de nouvelle pandémie.

Des inégalités dans l’accès aux soins à revoir

L’étude indique que ces données sont des «preuves d’inégalités considérables, qui soulèvent des questions pressantes tant pour les chercheurs en santé que pour les décideurs en matière de santé publique». «Notre approche globale de l’analyse des profils de mortalité des migrants a fourni des estimations fortes de la mortalité liée à la pandémie de Covid-19, mettant en lumière le poids considérable porté par les communautés migrantes non occidentales en France et leur vulnérabilité spécifique aux âges adultes dans les contexte de cette crise», notent les auteurs.

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