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Grand Angle

Maroc : La faune marine de Bouznika menacée par les rejets temporaires d’eau non traitée

Il y a une dizaine de jours, au sud de la zone de Dahomey (Bouznika), un épisode de rejet de substances toxiques a causé la mort de plusieurs variétés d’espèces marines. Au moment des faits, l’eau a pris une couleur inhabituelle, avec une odeur nauséabonde.

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Photo d'illustration / DR.
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Une anguille, un poulpe, un oiseau et plusieurs poissons échoués sur la côte, un peu plus loin de l’embouchure d’Oued Laghbar, c’est le spectacle de désolation décrit et pris en photo par des passants dans la zone sud de Dahomey, il y a une dizaine de jours. Contacté par Yabiladi, l’un d’eux, habitué au sport de nature dans les environs, décrit également «d’autres poissons qui agonisaient encore dans l’eau», qui avait une couleur inhabituelle verte argentée. Dans toute la zone, une odeur dans l’air est également différente de celle des autres jours. Sans pouvoir la définir, le riverain décrit seulement «une odeur chimique».

A quelques kilomètres de là se situe la Station d’épuration des eaux usées (STEP) de la ville de Bouznika avant leur rejet en mer. Ce jour-là et les jours précédents, aucune fuite ou incident n’ont été signalés. Plus à proximité, un complexe hôtelier est doté de son propre système de traitement et de réutilisation de l’eau, qui ne serait donc pas déversée en mer non plus. Aussi, la zone industrielle, bien loin du lieu, possède sa propre station d’épuration des eaux. Dans les environs, les habitations semblent également reliées au système d’assainissement de la ville. En cas de rejet d’eau usée ou toxique, il reste difficile d’en indiquer la provenance depuis cette zone en particulier.

Des rejets toxiques ou d’eaux usées en amont

L’Agence du bassin hydraulique du Bouregreg et la Chaouia ainsi que l’Offices national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) ont tout de suite été alertés. Des informations obtenues par Yabiladi ont indiqué qu’une commission s’est rendue sur les lieux, dans les deux heures ayant suivi le signalement. Les premières analyses d’échantillons d’eau et d’espèces mortes n’auraient cependant donné aucun résultat.

Ce mardi, l’Institut national de recherche halieutique (INRH) a indiqué, dans un communiqué, que pour l’heure, l’hypothèse probable de la mort de la faune serait un rejet d’eaux usées non traitées en amont de l’oued. Des analyses approfondies sont encore en cours pour confirmer ou infirmer cette piste, indique l’institut, qui dit encourager les initiatives de signalements de la part de particuliers, en cas de constat d’une situation anormale touchant à l’environnement marin.

Hormis les habitations et l’activité touristique proches du lieu, et en dehors des espaces forestiers de la commune de Bouznika et de la province de Benslimane, la quasi-totalité de l’Oued Laghbar en amont est longée par une importante activité agricole, jusqu’à la source. Des éléments obtenus par Yabiladi suggèrent ainsi une hypothèse de plus, celle d’un éventuel rejet en provenance de l’une des exploitations agricoles utilisant des intrants chimiques. En fonction des cultures produites, les substances utilisées comme fertilisants peuvent être identifiées.

Au vu du caractère ponctuel de cet épisode, il s’agirait dans ce cas-là, selon nos sources, d’un usage à outrance, ce jour-là, de l’un des pesticides qui aurait été déversé dans l’eau, volontairement ou accidentellement, ou dont les substances auraient fuité vers l’oued. Ce scénario reste également une hypothèse, mais faute de résultats probants des premières analyses au niveau de l’Agence du bassin hydraulique, il est encore difficile à ce stade d’envisager une enquête judiciaire, au cas où il s’agirait de l’acte d’un ou de plusieurs individus.

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