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Grand Angle  

Diaspo #258 : Fattah Abbou enseigne la musique amazighe aux Américains

Aux Etats-Unis, le Marocain Fattah Abbou a fondé un groupe de musique amazighe et donne des concerts dans plusieurs pays. Il enseigne même la musique amazighe aux Américains et espère établir des antennes de son école et élargir son domaine pour inclure le reste des genres musicaux marocains.

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Le Marocain Fattah Abbou. / DR
Temps de lecture: 3'

La vie de Fattah Abbou est associée à la musique amazighe depuis son enfance, lui qui a grandi dans une région connue pour les chants collectifs amazighs. Après son émigration aux Etats-Unis, au début des années 2000, il a emporté avec lui son amour pour la musique amazighe et s’est engagé à l’introduire dans le pays de l’Oncle Sam.

Né en 1973 dans un village près de Chichaoua, il a déménagé avec sa famille à Imintanout, où il a étudié au collège et au lycée. Mais c’est au sein de son village natal, connu pour de nombreux styles musicaux collectifs, tels qu’Ahwach et Taskwin, où est né son amour pour la musique, car sa mère écoutait beaucoup l'art des Rways.

«Alors que j’étais au lycée, mes amis et moi avions fondé un groupe. Lors des mariages et des fêtes, nous chantions Rways et Izenzaren... Mais notre activité musicale se limitait aux vacances d'été car nos parents nous demandaient de nous concentrer sur vos études», confie-t-il à Yabiladi.

Un choc culturel avant de renouer avec la musique

Après cette période, Fattah Abbou s’installe à Marrakech pour poursuivre ses études à l'Université Cadi Ayyad, avec une spécialisation en littérature anglaise. Il commence alors, après l’obtention d’une licence, à penser à immigrer aux États-Unis, à la recherche d'une vie meilleure. En 2000, il arrive en Californie. Toutefois, en raison du choc culturel, il passe un an sans toucher à un instrument de musique.

«Je n'ai pas non plus fait part de mon intérêt et de mon penchant pour la musique amazighe, parce que je souffrais d'un complexe et que je voyais l’héritage de l'autre meilleur que le nôtre. Je pensais que personne ne se soucierait de la musique amazighe.»

Fattah Abbou

Mais un jour, alors qu’il était assis dans un café, quelqu'un commence à jouer du banjo. «Sans m'en rendre compte, je me suis assis à côté de lui. Quand il a fini, je lui ai demandé de jouer quelques minutes et j'ai commencé à jouer de la musique amazighe. Il me suivait avec intérêt et étonnement», se rappelle-t-il.

A quelques mètres des deux hommes, une femme regardait aussi avec intérêt le spectacle. Elle se dirige alors vers le Marocain et lui donne son numéro de téléphone en lui expliquant qu’elle présentait une émission de radio s'intéressant à la musique, elle voulait le reçevoir en interview. Fattah Abbou accepte l'invitation et participe au programme qui fait réagir les auditeurs. Au fil des nombreux appels téléphoniques, plusieurs expriment leur admiration pour son art.

«A cette époque, j'ai appris que cette musique avait de la valeur, que je n'en étais pas conscient et que je devais faire un effort pour la valoriser et la faire connaître», nous explique-t-il.

Américains interprétant des chansons amazighes

Fattah Abbou a monté, par la suite, un groupe musical, accompagné d'Américains, où il chantait pendant qu'ils jouaient. Au bout d'un moment, il a décidé de monter un groupe professionnel, appelé «Aza», qui comprenait à ses côtés un autre Marocain, et quatre Américains. Le groupe enregistre un premier album en 2003, sous le titre «Marican».

Le groupe présente des concerts dans des festivals en Amérique, au Canada et en Europe, ainsi qu'au Maroc. En juillet dernier, Fattah Abbou a participé à un projet musical dans l'État du Nouveau-Mexique. L'idée du projet est d'accueillir des musiciens de différentes cultures. L'édition de cette année est dédiée aux musiques du bassin méditerranéen.

«Les organisateurs m'ont contacté et j'ai accepté de participer au projet appelé ‘’Hajj’’. Bien sûr, le pèlerinage n'a pas de connotations religieuses, mais signifie plutôt voyager et présenter la musique du Liban, d'Egypte, d'Israël, de Turquie, de France et d'Espagne…J'ai représenté l'Afrique du Nord», confie-t-il.

Fattah Abbou s'est illustré lors de trois soirées. «Le chef de projet a adoré nos chansons. Il les a programmées en clôture ce qui est un honneur pour nous. Il y a avait près d'un milliet de spectacteurs, et le concert a été diffusé via des plateformes sur Internet», poursuit l’artiste marocain.

En plus du groupe de chant, Fattah Abbou travaille également sur l'enseignement de la musique amazighe aux Américains. «Depuis 2017, j'ai eu à cœur d'emmener mes élèves au Maroc. Cette année, ils ont interprété des chants amazighs devant des Marocains, à Tiznit et Agadir... Nous avons également rencontré des étudiantes et des élèves», confie l'enfant du pays avec fierté.

Le Marocain a fondé une école de musique et a réservé une partie de sa maison au même objectif ; celui d’enseigner. «Cette année, j’enseigne à une vingtaine d'étudiants. Mon rêve est d'agrandir l'école, d'établir des antennes dans d'autres régions et ne pas se limiter à la musique amazighe, mais plutôt enseigner le reste des genres musicaux marocains», déclare-t-il.

«Je fais ce travail avec amour et conviction. J'ai une connexion forte avec le Maroc, je fais le maximum avec mes moyens pour faire connaître la culture marocaine, et je n'attends rien en retour», conclut-il.

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