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Grand Angle

Maroc : La végétation locale, un choix urbanistique face aux dérèglements climatiques

Le Mouvement Maroc environnement 2050 se mobilise pour que la végétation locale soit un élément central du paysage urbain, dans un aménagement respectueux du patrimoine écologique de chaque région. La question a fait l’objet d’une pétition, notamment quant à l’usage aléatoire et quasiment généralisé des palmiers washingtonia, dans un contexte de sécheresse sans précédent.

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La corniche de Casablanca a été investie, ces vingt dernières années, par de longs palmiers washingtonia / DR.
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Une demande d’arrêt de la plantation de palmiers washingtonia dans la ville d’Assilah, processus qui a bénéficié d’un marché public, a été adressée au président de la commune par le Mouvement Maroc environnement 2050. «En passant en revue les récents marchés publics dans le domaine de l’aménagement des espaces verts, nous avons découvert à travers le cahier des charges que la Mairie allait planter très prochainement 160 palmiers Washington et 34 palmiers Canaries sur la corniche ainsi que sur une autre avenue principale», lit-on dans la lettre, révélée dans un communiqué de l’association.

Cette récente initiative du mouvement fait partie d’une large campagne contre la plantation aléatoire de palmiers intrus à l’écosystème, coûteux en entretien et en eau, tout en étant peu adaptés aux environnements locaux de chaque région. Il s’agit ainsi d’opter pour les variétés végétales locales dans l’aménagement de la verdure et des espaces verts dans les villes, en fonction des zones naturelles dominantes ici et là.

Des variétés plus absorbantes de carbone et peu gourmandes en eau

En effet, chaque région est déjà dotée de sa flore et de variétés d’arbres spécifiques, plus producteurs en oxygène, plus absorbants de gaz carbonique, plus généreux en ombre et moins demandeurs en eau, selon leur espace original de plantation. Pour la structure, il s’agit de proposer une réponse écologique à l’aménagement du paysage urbain, de manière à maintenir une certaine harmonie de la biodiversité, ainsi que promouvoir le patrimoine naturel qui fait l’identité des villes et des régions marocaines.

Dans cette lettre qui porte la signature de Salima Belemkaddem, présidente de Maroc environnement 2050 et architecte-paysagiste depuis une vingtaine d’années, la structure appelle ainsi à remplacer ces palmiers par des arbres de type local, «qui fourniront à la population un apport écologique nécessaire alors que nous sommes en pleine urgence environnementale», notamment en termes de gestion des ressources hydriques, tout en réhabilitant l’identité du couvert végétal proprr à chaque région. Pour Maroc environnement 2050, il s’agit d’une «exigence nationale, afin d’engager concrètement le développement durable du pays».

Cette récente mobilisation fait suite aussi à une pétition, adressée en juillet dernier à la ministre de l’Aménagement du territoire et de la politique de la ville et celle de la Transition énergétique et du développement durable. Dans son action, la structure exige d’«arrêter immédiatement la plantation de palmiers dans les villes marocaines et d’opter pour des arbres selon les plans paysagers locaux». L’année dernière, le mouvement a déjà alerté sur ce qui est devenu un fléau de plantation aléatoire de palmiers étrangers, pratiquement dans toutes les villes. «Il est temps d’intervenir institutionnellement et en urgence pour sauver nos villes», a-t-il alerté.

Pour une architecture du paysage qui favorise la biodiversité locale

Maroc environnement 2050 rappelle que le pays «occupe la deuxième place en termes de biodiversité au niveau méditerranéen, ce qui est une spécificité qui mérite toute notre attention et notre vif intérêt pour nos fragiles ressources naturelles». «On ne peut traiter le Maroc dans sa préparation du sol avec simplicité, frivolité, négligence et atermoiements, et on ne peut pas le classer comme terre de palmiers sur la majeure partie de son sol», explique l’organisation.

«Le palmier dattier de type Phoenix Canariensis ou ‘palmier beldi’ a un niveau bioclimatique limité à Marrakech au nord et à Figuig à l’est. Notez que la région du Souss est située en dehors de l’espace palmé. C’est un point essentiel qui doit être observé et respecté.»

Du point de vue des droits humains environnementaux, la pétition qualifie la généralisation des plans étrangers de «comportement irresponsable, de crime environnemental et culturel», qui détruit les identités écologiques. Il en est de même à Agadir, terre d’arganier par excellence, remplacé par les washingtonia, ou encore Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, terre de conifères déracinés en masse pour laisser place aussi à la même variété importée.

Corniche de Casablanca / DR.Corniche de Casablanca / DR.

«Casablanca, qui est devenue une pépinière de ce palmier californien dans tous ses quartiers, connaît la difficulté de l’adaptation de cette variété à la zone côtière d’Aïn Diab, laissant place à une bande sans esthétique», expliquent encore les auteurs de la pétition, ajoutant qu’hors de leur territoire naturel, les palmiers ne protègent pas contre l’érosion des sols comme le font les arbres.

Dans ce contexte, Maroc environnement demande aux deux ministères de tutelle de donner l’ordre, dans les différentes régions du territoire, à l’exception de la zone oasienne, d' «arrêter ce développement non professionnel et la plantation aléatoire et irresponsable de palmiers, de façon à promouvoir la plantation d’arbres adaptés à chaque milieu régional selon un schéma paysager durable».

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