La polémique autour du film «Innocence of Muslims» n’en finit plus d’enfler. Ce samedi, deux manifestations en Europe ; l’une à Anvers, en Belgique, l’autre à Paris, en France ; ont conduit à un festival d’interpellations de militants musulmans descendus manifester contre le film islamophobe.
Anvers : 230 manifestants interpellés, dont des membres de Sharia4Belgium
Anvers a été le théâtre de la principale manifestation en Europe contre le court-métrage blasphématoire, rapporte le site d’information RTL.fr. Au total, «230 personnes ont été interpellées» dans le quartier à forte population musulmane de Borgerhout, où s'est déroulée la manifestation non autorisée, a indiqué dimanche dans un communiqué le porte-parole de la police anversoise, Fons Bastiaenssens, que cite ici la radio française.
Parmi elles, des membres du groupuscule radical islamistes Sharia4Belgium étaient présents sur les lieux de la manifestation, qu’ils ont refusé de quitter, malgré les injonctions de la police. Toutes les personnes interpellées ont été conduites au poste de police afin d’être identifiées, puis ont été relâchées dans la soirée. La plupart devrait écoper d’une amende, a indiqué la police anversoise. Un procès verbal a également été dressé à l’encontre d’un homme pour port d’arme prohibée, a rapporté la même source.
A Paris, 150 manifestants interpellés
A Paris, c’est devant l’ambassade américaine, sise à proximité du Jardin des Tuileries, que 200 manifestants ont entamé leur marche de protestation samedi, révèle Le Monde. Selon la préfecture de police, la manifestation a débuté vers 16 h 30, «aux alentours de l'ambassade des Etats-Unis», avant que «de petits groupes […] n’éclatent», notamment en direction de la place Beauvau, quartier du ministère de l'Intérieur. A leur arrivée, l’important dispositif policier présent sur place a procédé à de nombreuses interpellations. Au total, quelques 150 personnes ont ainsi été emmenées au poste de police pour vérification d’identité. Un ou deux manifestants ont été placés en garde-à-vue pour outrage et violences sur des fonctionnaires. Quatre policiers auraient également été légèrement blessés au cours des interpellations, a rapporté la police parisienne.
Réaction du CFCM
En entretien sur I-Télé, le recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a jugé «assez grave» que des salafistes «réussissent à mobiliser quelques centaines de personnes» à Paris.
De son côté, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) a pour sa part désapprouvé la manifestation de samedi et appelé «à ne pas associer l’ensemble des musulmans de France à des évènements marginaux comme celui-ci». «La vraie réaction des musulmans de France, c'était vendredi, quand aucun incident n'a été déploré», a-t-il ainsi souligné.
Le Front National en embuscade
Les appels à la nuance du président du CFCM n’ont hélas pas suffit à amadouer les représentants du Front National dont la présidente, Marine Le Pen, s’est exprimée ce matin sur radio RTL : la manifestation non autorisée de samedi montre à quel point «le système de renseignement [français] est extrêmement faible, car nous devrions connaître chacune de ces personnes avant même qu'elles aient mis les pieds sur les grandes avenues de nos capitales» a-t-elle déploré. Dénonçant une collusion d’intérêts entre les investissements qataris dans les banlieues françaises et «la menace islamiste» qui pèse actuellement sur la France, Marine Le Pen a accusé «les salafistes» d'avoir «propagé» le film sur le web. «Nos sociétés occidentales sont à la merci de n’importe quel hurluberlu qui insulterait les musulmans, c’est inadmissible» s’est-elle ainsi indignée.
Comme le souligne le Huffington Post, ces manifestations constituent de fait du «pain béni» pour le Front National qui, après plusieurs mois de disette médiatique, vient de trouver ici un «prétexte idéal» pour se réinviter de ruse dans le débat public.