Drôle de façon de faire valoir ses positions ! A Bordeaux, un étudiant d’origine marocaine, âgé de 18 ans, a violemment passé à tabac son professeur à l’issue d’un cours qui évoquait le système politique du Maroc, a indiqué la direction de l’établissement à l’AFP, ce jeudi.
D’après la police, l’élève du lycée Tregey, à Bordeaux, a agressé son enseignant dans l’après-midi de mardi en lui assénant des claques et des coups, avant d’être interpellé par les forces de l’ordre.
Récit des faits
A l’origine de cette agression, une discussion sur le «modèle politique du pays d'origine de l'élève, le Maroc» aurait dégénéré après que l’enseignant ait refusé d’approfondir le débat avec l’élève et l’ait menacé de prévenir son père, rapporte le proviseur du collège, Dominique Marguerita. Selon une source proche de l'enquête, que cite l’organe de presse français, «ils auraient été en désaccord sur certaines personnalités du monde arabe», «mais il ne semble pas qu'il y ait eu de provocation» en revanche de la part de l'enseignant.
Furieux de ne pouvoir s’exprimer davantage sur le sujet, l'élève s'en serait dans un premier temps pris au mobilier de la salle de classe en renversant une table. Le professeur aurait alors fait évacuer la classe et conduit l’élève chez le conseiller principal d’éducation (CPE).
C’est en sortant du bureau du CPE, et après avoir appris que ses parents venaient d’être mis au courant de l’incident, que l’élève aurait frappé le professeur, lui assénant une pluie de claques, un coup de poing et un coup de tête. Une jeune surveillante, qui tentait de s’interposer, a quant à elle reçu un coup dans l'épaule et a évité de justesse un panneau d'affichage lancé dans sa direction par l'élève furieux.
Interpellé dans la cour, le jeune a été placé en garde à vue. Il doit faire l'objet d'une comparution dans les prochains jours devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour «violences sur personne chargée d'une mission de service public et dégradations», rapporte l’AFP.
La politisation de l’affaire : l’extrême-droite a flairé le bon coup
Il s’agit de la deuxième agression subie par un professeur depuis la rentrée scolaire en France. Mardi également, une enseignante d’histoire et géographie du Lycée Jules-Verne de Bruxellores, près de Poitiers, a été giflée par la mère d'un élève qui n’était pas d’accord avec la remarque inscrite sur le carnet de correspondance de son fils, rappelle le Télégramme. Le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, avait qualifié, mercredi, «d’inacceptables» ces deux agressions et «fermement» condamné ce recours à la violence. Il n’est du reste pas le seul politique à avoir rebondi sur cette affaire.
A Paris, le Front National a également condamné ce jeudi le passage à tabac du professeur bordelais «après un cours sur les religions», selon les mots de Florian Philippot, vice-président du parti d'extrême droite (cité par l’AFP). Curieux que la religion soit mêlée à cette affaire puisque le proviseur du lycée Tregey, M. Marguerita, a affirmé ce matin-même qu’il s’agissait d’une «situation pédagogique banale n'ayant rien à voir avec la religion». «Ce n'est pas une question de laïcité ou d'islam» a-t-il martelé. Plus étrange encore, la réaction d'une partie de la presse française qui tirait dès ce matin de façon à peine voilée – laïcité oblige – contre l’Islam : «France – Professeur tabassé par un élève musulman », «Bordeaux: Un enseignant roué de coups par un élève après un cours sur l'islam», «Cours sur l'islam : le prof battu, une surveillante agressée » ; pouvait-on ainsi lire au détour des unes électroniques de la presse hexagonale, et ce, malgré la connaissance exacte du contenu du cours.
Il semblerait donc qu’aux impératifs déontologiques de la profession de journaliste s’imposent désormais les diktats de la politique du chiffre. La formule est simple, ses effets diablement efficaces : tant que l’épouvantail musulman continue de faire peur, il continue de faire vendre. Les organes de presse, qui cherchent à cultiver cette peur, ne sont évidemment pas à une falsification des faits près pour arriver à cette fin.