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Grand Angle  

«Souvenirs du bled», la nostalgie de la route des vacances estivales

Rakidd a été l’invité de l’émission Faites entrer l’invité, spéciale Marocains du monde, mercredi 20 avril. L’occasion pour le bédéiste franco-marocain de présenter «Souvenirs du bled», son nouveau livre illustré en prévente, en attendant sa sortie en librairie d’ici le mois de juin.

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Constitué de texte et d’images détachables pouvant servir de cartes postales, «Souvenirs du bled» de Rachid Sguini (Rakidd) donne un avant-goût des vacances estivales. Paru aux éditions Lapin, l’ouvrage illustré rappelle avec nostalgie le long périple de deux à trois jours qui a marqué des générations d’enfants marocains en Europe. Un ouvrage qui, hasard du calendrier, sort la même semaine que le rétablissement des liaisons maritimes entre l’Espagne et le Maroc.

Dans ce livre, Rakidd évoque plusieurs souvenirs qui ont marqué ses vacances durant son enfance dans les années 1990, à chaque été de retour dans la région de Khénifra d’où il est originaire. «On avait l’impression de mériter le Maroc, c’était comme un chemin de croix, avec parfois 35 heures de route avant de prendre le bateau depuis l’Espagne», a confié l’illustrateur, invité de l’émission Faites entrer l’invité, spéciale Marocains du monde sur Radio 2M, en partenariat avec Yabiladi. L’auteur a abordé le contraste avec les voyages d’une partie des jeunes générations qui optent pour prendre l’avion s’ils ne font pas le voyage en famille. «Aujourd’hui, les autoroutes sont fluides aussi, c’est un autre Maroc», a-t-il rappelé.

Pour les générations précédentes, ce voyage a constitué une façon de renouer en permanence avec le pays d’origine, mais aussi un moyen de transmission auprès de leurs enfants. «Pour nos parents, c’était aussi une façon de nous rappeler que nous étions marocains comme nos autres concitoyens. C’était très important pour eux de nous transmettre également la langue du pays, que j’ai apprise en grande partie grâce à ces deux mois de vacances par an au Maroc, auprès de mes cousins», se souvient encore Rakidd.

«On se rend compte que cela disparaît un peu avec les nouvelles générations. Je le vois avec les jeunes qui ont 20-23 ans, dont certains vont moins au Maroc, alors que pour d’autres comme moi, on a gardé cette habitude de revenir au pays plusieurs fois par an.»

Rakidd

Des vacances vécues différemment à travers les générations

Dans un pays en évolution, avec un environnement, des modes de vie et des habitudes de plus en plus proches de ce que les jeunes générations de binationaux voient dans leur pays de résidence, les visites se font moins fréquemment. «A l’époque, on était pratiquement dans une autre dimension, coupés de nos pays de résidence», explique l’illustrateur, rappelant le contraste entre le monde rural, souvent lieu des vacances, et la vie quotidienne de la cité ou dans les espaces urbains en Europe.

Ainsi les préparatifs ont été vécus différemment par les enfants, durant les années 1990, puisqu’ils ont été le signe d’un voyage dans l’ailleurs. «J’ai eu la chance de passer ces deux mois dans la région de Khénifra, où on est en contact avec la nature. Je vivais ce moment comme Tom Sawyer !», se rappelle Rakidd, en souvenir des aventures de l’époque.

Aux souvenirs du voyage s’ajoutent ceux du Maroc. Les marques nationales, notamment de yaourts à boire, de biscuits, de chewing-gum ou de boissons gazeuses ont «une saveur différente» dans le pays. «Certaines se vendent aujourd’hui en France, mais ce n’est pas pareil ; c’était le fait d’être au Maroc et d’avoir ces nouvelles façons de faire le goûter qui crée cette nostalgie», souligne Rakidd, dont des images du livre illustrent également ces aspects des vacances durant l’enfance.

Autant dire que l’ouvrage crée un pont entre les générations, depuis la première génération d'émigrés avec leurs enfants ayant vécu cette époque aux nouvelles générations qui vivent leur période estivale différemment. «C’est pour dire que nous avons tous une culture commune qu’on va partager, dont on va se souvenir, car ce que nous avons vécu est important pour nous. C’est une page de l’histoire de l’immigration en France», explique Rakidd. Pour lui, «[les plus jeunes] vont avoir un Maroc différent. Ce sera leur Maroc, fait de leurs souvenirs et ce sera peut-être à eux d’écrire des livres, dans vingt ans sur comment eux aussi ont vécu tout cela».

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