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Interview

Sahara : «Les tensions entre le Maroc et l’Algérie imposent à De Mistura de jouer le funambule»

Depuis sa prise de ses fonctions, le 1er novembre 2021, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, effectue sa première tournée dans la région. Sur le contexte de cette visite et les chances de sa réussite, Bahi Larbi Ennass, un ancien haut officier dans les rangs de l’armée du Polisario de 1982 à 1992, et président du «Centre de paix, des études politiques et stratégiques», basé à Laayoune, livre à Yabiladi son analyse.

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Staffan de Mistura, envoyé spécial du SG de l’ONU au Sahara occidental / Ph. UN
Temps de lecture: 2'

Comment évaluez-vous les conditions dans lesquelles se déroule la tournée de Staffan de Mistura dans la région ?

Les conditions sont marquées par une extrême discrétion. C’est la première fois qu’un envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental effectue une visite dans la région, sans qu'on est connaissance de son agenda, avec qui il se réunira et qui il rencontrera dans les quatre étapes de sa tournée.

Il est clair que De Mistura fait face à un grand problème. D’un côté l’Algérie et le Polisario qui appellent à des négociations directes et de l’autre le Maroc qui plaide pour la poursuite du cadre des négociations des «tables rondes», avec la participation d’Alger, Rabat, Nouakchott et le Polisario. Ce sont ces positions contradictoires qui dictent à De Mistura cette prudence.

Et à votre avis, pourquoi ?

Révéler le programme de la tournée, une simple formalité comme par le passé, aura des interprétations politiques alors que le contexte est à la confrontation directe entre le Maroc et l’Algérie. Rappelons que depuis le 24 août 2021, les deux pays voisins ont rompu leurs relations diplomatiques. A cela s’ajoute le retrait par le Polisario de l’accord du cessez-le-feu de 1991, acté le 13 novembre 2020.

Autant d’éléments qui compliquent davantage la mission de De Mistura et le forcent à la prudence et à la discrétion, sachant qu’il fait l’objet de pressions de la part des parties. Dans ces conditions, l’envoyé des Nations unies tient à n’accorder de cadeau à aucune des parties.

Dans ces conditions, quelles sont les chances de la réussite de la mission de l’envoyé spécial de l’ONU notamment pour convaincre les parties à reprendre les pourparlers ?

Il ne faut pas s’attendre à une réalisation majeure lors de sa première tournée. De Mistura effectue une visite de prospection, au cours de laquelle il doit faire connaissance personnellement avec les principaux protagonistes du conflit et c’est à l’aune de ses contacts avec les parties qu’il présentera dans les mois à venir sa feuille de route.

Ne croyez-vous pas que l’annonce de la tournée donne des raisons d’espoir en une reprise du dialogue ?

Dans une certaine mesure, la programmation de la tournée en elle-même et dans le contexte actuel, est un «succès» compte tenu du blocage depuis la démission de Horst Köhler. Certes un «succès» fragile mais qui a besoin d’être alimenté par des mesures visant à renforcer la confiance des parties en le processus des pourparlers que mène, depuis des années les Nations unies. Dans le cas contraire, la tournée se résumera à un dialogue de sourds et à des effets d’annonces qui n’apporteront rien à la population de la région.

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