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Grand Angle

Covid-19 : Les effets indésirables et les erreurs de vaccination au Maroc

Dans trois études scientifiques récentes, des chercheurs marocains se sont penchés sur les événements indésirables consécutifs à la vaccination, affirmant que ces événements restent «significativement plus élevés chez les participants précédemment infectés» et que plusieurs peuvent survenir pour le même cas.

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Photo d'illustration. / DR
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Près de dix mois après le lancement de la campagne nationale de vaccination, le ministère de la Santé a reconnu, en novembre dernier, que plus de 35 000 déclarations sur les effets secondaires du vaccin anti-Covid ont été enregistrées. Dans un live sur Facebook, Rachida Soulaymani-Bencheikh, directrice du Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc a affirmé que 99,5% de ces cas étaient cependant légers, tandis que 10 cas de coagulation du sang ont été confirmés, bien qu’«aucun lien direct entre l’apparition de ces coagulations du sang et l’administration du vaccin n’a été établi».

Depuis le début de la campagne de vaccination, plusieurs Marocains ont fait appel aux réseaux sociaux pour dénoncer des complications survenues après l’administration de doses du vaccin. Beaucoup de ces cas n’ont pas été confirmés ou démentis par les autorités sanitaires du pays. Depuis quelques semaines pourtant, des études scientifiques réalisées au Maroc confirment des événements indésirables consécutifs à la vaccination.

Ainsi, la revue scientifique Drug Safety a publié trois articles sur ce sujet. Le premier, sur les évènements indésirables consécutifs à la vaccination avec le vaccin anti-Covid19 au Maroc, indique déjà que sur plus de 8 millions de vaccins, 15 187 cas ont été signalés. Ses données, portant sur les «événements indésirables après vaccination» ont été collectées depuis le 28 janvier 2021 via les systèmes nationaux de surveillance. Ces événements, y compris les événements indésirables graves, ont été ainsi classés et analysés en fonction de la classe de système d'organes, des critères de gravité, des caractéristiques du patient, du résultat, de la désignation du rapporteur et de la marque du vaccin anti-Covid19.

Plusieurs événements indésirables après vaccination

Les résultats indiquent que dans plus de 8 millions de vaccins administrés, 15 187 événements indésirables post-vaccination ont été signalés, soit 1,92 pour 1 000 vaccinations. De plus, 181 cas ont été classés en tant qu’événements indésirables graves. Il s’agit, en effet, de «154 cas avec le vaccin AstraZeneca (ce qui représente 1,4 % sur les 10 930 cas AZ déclarés) et 25 cas avec le vaccin Sinopharm (ce qui représente 0,6 % des 3 859 cas déclarés avec ce vaccin).

L’étude ajoute «le critère de gravité était l'hospitalisation dans 62,5% des cas», précisant que les cas classés comme sévères ont signalé, en moyenne, «3 événements indésirables après vaccination». Il s’agit principalement d’affections neurologiques (44,1%) et de troubles généraux (28,9%). «Le taux de déclaration des événements indésirables après vaccination était élevé. Les réactions systémiques légères représentaient la majorité des événements indésirables signalés, et les événements mortels étaient rares», conclut-elle.

La deuxième étude analyse, de son côté, les effets indésirables du vaccin d’AstraZeneca observés au CHU de Fès. Il s’agit d’une enquête transversale réalisée entre février et avril 2021 auprès des professionnels de la santé, par le biais d’un questionnaire. Ainsi, sur les quarante participants inclus, 69,4% étaient des femmes, âgées en moyenne de 35,37 ± 32,31 (26-62) ans, 11,7% souffraient de maladies chroniques et 17,4 % recevaient des traitements médicaux.

Dans l'ensemble, 65,6% des participants ont signalé au moins un effet indésirable. Il s’agit de douleurs au niveau du site d’injection (61,8%), frissons (45,1%), fatigue (42,4%), douleurs musculaires (38,8%), maux de tête (34,3 %), nausées (25,4 %) et sentiment de malaise (21,3%). La grande majorité de ces effets indésirables (86,8 %) s'est résolue en 1 à 3 jours. De plus, 62,1% des participants disent avoir reçu un traitement symptomatique.

Des événements «significativement plus élevés chez les participants précédemment infectés»

L’étude souligne que les moins de 35 ans était le groupe d'âge le moins touché, mais insiste sur le fait que «la fréquence des événements indésirables était significativement plus élevée chez les participants précédemment infectés». «Les maladies chroniques et les traitements médicaux n'étaient pas associés à un risque accru d'incidence et de fréquence des effets indésirables», précisent ses rédacteurs qui préconisent d’autres études indépendantes pour évaluer l'innocuité du vaccin AstraZeneca et pour déterminer si le sexe ou une infection antérieure pourrait être associé aux effets indésirables du vaccin.

La troisième étude, une analyse prospective des erreurs de vaccination, est basée pour sa part sur des données collectées à l'aide du formulaire de déclaration des événements indésirables après vaccination et des permanences téléphoniques mises en place dans le cadre de la campagne nationale de vaccination Covid-19 lancée au Maroc le 28 janvier 2021. Ses résultats révèlent qu’au 11 juin 2021, le nombre total d’erreurs de vaccination était de 56, avec une incidence de 4 cas par million de doses de vaccin administrées.

Tous les erreurs de vaccination ont été signalés par des professionnels de la santé (PS). Ils sont survenus au stade de l’administration (n = 51) et au stade de la préparation (n = 5). L’administration du mauvais vaccin était le principal type d’erreur de vaccination (n = 26), suivi du calendrier inapproprié d'administration du vaccin (n = 20). De plus, «deux malades ont présenté un préjudice et deux vaccinateurs ont développé une réaction indésirable ophtalmique».

Les enquêtes menées ont révélé que les problèmes d'organisation étaient la principale cause des erreurs de vaccination, en particulier sur les sites de vaccination qui étaient contraints d'utiliser les deux vaccins disponibles. «Des mesures réactives, mises en œuvre en collaboration avec le Comité national de vaccination, ont souligné l'importance de rechercher des contre-indications ou des raisons qui affecteraient l'aptitude des patients à la vaccination , et d'appliquer les meilleures pratiques pour la gestion des séances de vaccination», rappelle l’étude qui note que «la bonne planification des actions proactives de minimisation des risques est essentielle pour réduire la probabilité d’erreurs de vaccination». De plus, «les vulnérabilités du processus de vaccination identifiées doivent être traitées pour prévenir les dommages et maintenir la confiance de la population dans la campagne nationale Covid-19», conclut-elle.

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