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Grand Angle

Histoire : La crainte espagnole d’un réarmement du Maroc remonte jusqu’à Franco

La modernisation de l’armée marocaine préoccupe l’Espagne y compris au plus haut sommet de l'Etat. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Preuve en est une lettre de Franco destinée au président des Etats-Unis, Lyndon Johnson en 1967.

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A chaque annonce d’une nouvelle commande des Forces armés royales (FAR), c’est le branle-bas de combat en Espagne. Partis politiques, de l'opposition comme de la majorité, médias et parfois même le gouvernement, mettent leurs profondes divergences de côté, pour alerter de la menace sur leur sécurité en provenance du voisin du sud. Cette agitation est une constante de la politique espagnole.

En témoigne cette lettre de Franco datant de février 1967, déclassifiée par le Département américain d’Etat, et adressée au président des Etats-Unis, Lyndon Johnson, rapporte ECD. Le général y exprime sa «préoccupation» de la détermination du Maroc à poursuivre la modernisation de son armée. Aussi, il demande ouvertement à l’administration Johnson de cesser de vendre des armes au royaume ou d’apporter une assistance militaire aux FAR.

Dans sa missive, Franco a estimé que le Maroc a besoin d’une «aide économique» plutôt que «des armes», ajoutant que son voisin du sud en possède déjà suffisamment pour se défendre. Et d’assurer au président que la «sécurité du Maroc n’est menacée» par aucun pays. Cette assurance s'effrite en revanche quand il s'agit de la sécurité de l'Espagne. Franco affirme que Rabat représente une «menace» pour Madrid, notamment sur sa présence au Sahara occidental. Et de rappeler que son pays «a subi des agressions de la part de bandes armées» par le Maroc à Sidi Ifni.

En 1967, Hassan II se préoccupait surtout de l’Algérie

En effectuant sa deuxième visite d’Etat à Washington, après celle de 1963, Hassan II avait pourtant d’autres préoccupations que de déclarer une guerre à l'Espagne. L’acquisition de nouveau matériel militaire de son principal allié, était la raison de ce déplacement, d’autant que les nouvelles en provenance d'Alger faisaient état de l’arrivée massive d'équipements soviétiques dont des chars.

Des experts venus de Moscou apportaient aussi une assistance technique aux Algériens pour les aider à construire des aérodromes à Béchar et Hassi Beida, tout près des frontières marocaines. En 1964, Hassan II avait d'ailleurs partagé ses inquiétudes sur ce sujet avec l’ambassadeur des Etats-Unis à Rabat. En 1967, le monarque voulait un engagement clair des Américains pour lui livrer les armes dont il avait besoin pour faire face à la «menace» de l'Algérie, fortement soutenue alors par l’Union soviétique et l’Egypte du président Nasser.

Au terme de deux jours de négociations, les 9 et 10 février 1967, dont une réunion avec le président Johnson, le monarque a obtenu le renforcement de l’armée de l’air par une escadrille d’avion F-5 et l’octroi d’un crédit, de 14 millions de dollars, pour l’achat d’équipement dont des chars.

Tout au long de son plaidoyer, le roi Hassan II n’a jamais évoqué une éventuelle menace de l’Espagne sur le Maroc. Et il en est de même pour son ambassadeur aux Etats-Unis, Ahmed Osman, lors de la présentation, en mai 1967, de ses lettres de créance au président Lyndon Johnson.

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