Affaire du Ramadan de Gennevelliers : Alain Lipietz (EELV) parle de surenchère islamophobe

Il fait d’ailleurs un parallèle entre la «première affaire du foulard» qui avait «enclenché la première déchirure de la gauche française» en 1990. Pour lui ce premier acte était «le camouflage du racisme anti-musulmans en défense de la laïcité et du féminisme !». Plusieurs autres assauts politiques ou populistes contre les musulmans et l’islam suivront durant les deux dernières décennies.

Le membre du parti des Verts ne comprend pas comment «Une partie du camp du progrès humain avait alors renoncé à défendre l’article 18 de la Déclaration Universelle des René Cassin et Stéphane Hessel : ‘’Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites. ’’»

Fidèle à sa position, il fustige au même titre la décision de la mairie communiste de Gennevilliers qui a mis fin au contrat avec 4 animateurs «coupables» d’avoir jeûné. Tout en soulignant que le jeûne du ramadan n’est pas une pratique ostentatoire, Alain Lipietz ne comprend pas les justifications du maire concernant la sécurité des enfants. «Je désapprouverais un musulman qui refuserait de boire dans le combat contre un incendie de forêt (…) mais ce n’est pas le cas ici.»

Quand un maire communiste donne des idées aux capitalistes

Il pointe ainsi le danger qu’aurait fait planer cette logique. Car si on accepte l’interdiction du ramadan au risque de «réduire le rendement du salarié», demain on pourrait voir fleurir ce type de clause abusive dans le secteur privé. «L’argument de la baisse de rendement autoriserait l’employeur à licencier les pratiquants, non seulement chez les travailleurs du BTP mais aussi bien sûr chez les employés de banque, chez les infirmières et autres professions qui demandent surtout de l’attention. On ne serait pas loin des listes d’interdiction professionnelle classiques des États pratiquant la discrimination religieuse.»

Et de continuer sur cette voie avec une pointe d’ironie : «Va-t-on interdire certaines professions aux femmes parce qu’elles ont des règles ? On l’a fait jadis, ce fut une victoire sociale de faire reculer cette discrimination. Va-t-on interdire professionnellement les musulmans pratiquants, pour le même prétexte ?»

Alain Lipietz enfonce enfin le clou sur ce règlement a priori a priori. «On ne sanctionne pas ici une personne qui, suite à une faute de service, invoque comme circonstance atténuante la pratique du ramadan (ce qui serait disputable en prud’homme), mais on interdit à des salariés qui sont déjà en situation précaire (et probablement en sous-effectif) de ne pas mettre au service de l’employeur un régime qui leur permettrait de se surpasser !»

A ce rythme, «… on pourrait interdire professionnellement les végétariens… On pourrait aussi interdire aux salariés de sortir le soir, de faire du jogging hors des heures de travail, de faire l’amour la nuit, de suivre un régime pour garder la ligne, etc.»

Vu sous cet angle, le maire communiste de Gennevilliers risque de finir seul. Lâché par tout le monde, sauf le Front National qui lui a apporté un soutien chaleureux, il ne lui restait plus qu'à effectuer un rapide rétropédalage.