77 milles hectares des terres agricoles appartenant à l’Etat sont occupées illégalement par le privé. Le chiffre a été donné, mardi à la Chambre des conseillers, par le ministre délégué auprès du ministre de l'économie et des finances chargé du budget Idriss Azami. Ce membre du PJD est habitué à faire ce genre de révélation. C’est lui, en effet, qui annonçait, il y a quelque mois au parlement, que l’entraineur du onze national ne payait pas de taxes. Cette fois Azami vient de lever le voile sur un dossier brûlant, longtemps mis sous le boisseau par les précédents gouvernements, à cause de son extrême sensibilité.
Devant les membres de la Chambre haute, le ministre Azami Idrissi n’a pas donné ni de détail sur la répartition géographique des 77 milles hectares, de même qu’il a évité de citer quelques noms de personnes ou certaines sociétés qui exploitent illégalement des terres publiques. En revanche, il a présenté les deux mesures phares que compte entreprendre son département afin de «régulariser» cette anomalie : Louer pendant une période de trois ans renouvelables les terres agricoles dont la surface oscille entre 10 et 20 hectares et appliquer la procédure d’évacuation pour les grandes surfaces.
Le chef du département du Budget aura-t-il les coudées assez franches pour mener à bien son plan visant à établir le droit. Il aura notamment à affronter d’un côté le puissant lobby agricole, ayant de solides réseaux dans les hautes sphères de l’Etat, et qui profite, depuis des années, de ces terres sans avoir à rendre de comptes à personne. De l'autre côté il devra déloger des populations qui ont érigé sur les biens publics des douars, tâche qui sera également très difficile. Certes, et contrairement aux premiers, elles n’ont pas de relais dans les rouages du Makhzen mains elles ont pour eux le nombre. Un argument qui a son pesant d'or lors des rendez-vous avec les urnes.
Le précédent de Rebbah
Force est de constater que depuis l’arrivée au gouvernement, les ministres du PJD ont brillé par ce genre de révélations sans être suivies d’aucune mesure concrète visant à corriger les erreurs ou les anomalies qu'ils viennent de rendre public. Bien avant Azami Idrrissi, son «frère», Abdelaziz Rebbah, le ministre des Transports et de l’Equipement, dans la foulée de la publication de la liste des bénéficiaires des agréments de transports routiers, annonçait, au parlement, que 55% des carrières de sables sont exploitées illégalement. Le responsable PJDiste promettait de rétablir le droit et d’ouvrir ce secteur à tous les Marocains désireux d'y investir à condition de répondre aux critères d’un cahier de charges qui sera lancé incessamment. Des mois ont passé sans que ce cahier des charges ne voit le jour.