Le record national des températures vient d’être battu ! Hier, à Marrakech, le mercure est en effet monté à 49,6°C, permettant ainsi à la ville ocre de supplanter les 49,1°C enregistrés par Agadir le 30 juillet 2009 (N.B : un précédent record de 51,7°C avait été établi le 17 août 1940 dans la région du Souss Massa Draa – la région d’Agadir – mais discrédité par la suite en raison du manque de fiabilité des données).
Selon le site de météorologie wunderground.com, le record historique enregistré hier par le Maroc intervient alors que 7 autres nations du monde ont elles aussi connu un pic de chaleur sans précédent cette année. Un argument qui plaide en faveur du réchauffement climatique et qui constitue, surtout, une mise en garde informée contre ses conséquences fâcheuses. A commencer par la sécheresse.
Au Maroc justement, la sécheresse a fait de nombreux dégâts cette année. Pendant plusieurs semaines, entre février et avril, pas une seule goutte de pluie n’est tombée sur le royaume, portant ainsi fortement préjudice à la campagne agricole printanière. Corollaire de l’absence de pluies, les récoltes céréalières du pays ont accusé une baisse de 38% cette année, contraignant ipso facto le gouvernement marocain à augmenter ses importations (2,9 millions de tonnes) et ses prévisions d’importations (près de 6 millions de tonnes selon les experts) de blé tendre. Il va sans dire que pour un pays comme le Maroc, dont le PIB dépend fortement des recettes agricoles, la sécheresse endémique de ce début d’année a donné un sérieux coup de mou aux perspectives de croissance économique. Des effets délétères auxquels il faut ajouter la situation actuelle des barrages.
Le taux de remplissage de certains barrages a diminué de 70%
En plus d’assécher les terres, l’absence de pluies vide aussi les barrages. Entre juillet 2011 et juillet 2012, le taux de remplissage des barrages du royaume est en effet passé de 79,9% à 63,8%, soit une baisse de plus de 15 points des réserves nationales en eau potable. Pire, certains barrages, comme ceux d’Imi El-Kheng (région d’Agadir) ou d’Ibn Batouta (région de Tanger), ont connu une baisse significative de leurs réserves en eau, de l’ordre de 50% à 70%. Une situation critique que les problèmes de gestion en eau du pays ne risquent pas d’améliorer.
«Au Maroc, le problème n’est pas la pénurie en ressource en eau mais bien celui de sa gestion», avait lancé le climatologue marocain Mohammed-Saïd Karrouk dans une interview accordée à Yabiladi la semaine passée. «Il y a des régions au Maroc où il y a trop d’inondations, on jette l’eau inutilement alors qu’elle pourrait servir dans les régions du sud. Durant toute notre histoire, on a manqué d’eau et le pays a développé des techniques pour gérer la rareté mais on n’a pas su développer des techniques pour gérer l’abondance. Dès qu’il y a un retour des précipitations, on ne sait pas quoi faire du surplus d’eau», avait-il alors déploré.
Toujours est-il que si le Maroc ne prend pas les précautions nécessaires pour s’adapter au changement climatique, celui-ci pourrait avoir des conséquences ravageuses sur la santé socio-économique du royaume dans les années à venir. Il pourrait également mettre en péril l’écosystème du pays dans la mesure où l’aridité favorise la propagation des feux de forêts. Pour preuve, en ce moment même, à une trentaine de kilomètre de Tanger dans le Nord du Maroc, la forêt brûle. A l’heure qu’il est, 14 hectares d’essences forestières sont d’ores et déjà partis en fumée.