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Grand Angle

Prix des tests PCR : Le Conseil de la concurrence pointe la responsabilité du ministère de la Santé

S’il accuse le ministère de la Santé d’avoir créé une «pénurie artificielle au niveau de l'offre» et de «dysfonctionnements au niveau du marché des tests Covid-19», le Conseil de la concurrence donne sa bénédiction à la réglementation des prix de ces tests. Il tacle aussi les autorités sanitaires sur leur décision s’agissant des tests salivaires rapides.

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Photo d'illustration. / Stéphane Guiochon - Maxppp
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Saisi par pour ministre de l’Economie, des finances et de la réforme de l’administration, le Conseil de la concurrence a rendu son avis concernant la réglementation des prix des tests de dépistage du Covid-19. Ainsi, le Conseil dirigé par Ahmed Rahhou indique qu’il «n’a pas d’objections à ce que des mesures temporaires n'excédant pas six mois soient prises par l'administration, afin de réglementer les prix des tests de dépistage du Covid-19». «La demande du gouvernement de réglementer temporairement les prix des tests de dépistage du Covid-19 demeure justifiée dans le contexte peu concurrentiel actuel du marché», ajoute-t-il.

L’instruction du conseil a «démontré que l'accès au marché des tests de dépistage du Covid-19 a connu plusieurs évolutions», indique l’avis qui rappelle les étapes ayant conduit le ministère de la Santé à permettre à des laboratoires privées de réaliser ce type de tests. Mais pour le Conseil, «la demande croissante sur les tests de dépistage, due à l'augmentation constante des cas enregistrés des personnes atteintes par le Covid-19, ne s'est pas accompagnée d'un élargissement suffisant et soutenu de l’offre sur le marché concerné». 

Une «pénurie artificielle au niveau de l'offre» créée par les autorités sanitaires

Dans ce sens, l’institution pointe «des restrictions réglementaires rigoureuses requises pour accéder au réseau des laboratoires Covid-19 autorisés» et qui n’ont «pas permis de mobiliser toutes les capacités et potentialités disponibles dont disposent le secteur privé des laboratoires d’analyses biomédicales». Et bien que le nombre de laboratoires autorisés par le ministère de la Santé ait augmenté par la suite, «cette situation a conduit à la création d'une pénurie artificielle au niveau de l'offre, alors que la demande des tests n’a cessé d’augmenter», engendrant des «dysfonctionnements au niveau du marché des tests Covid-19», estiment les rédacteurs de l’avis.

Le rapport pointe, par ailleurs, les «perturbations et difficultés administratives» ayant entravé le remboursement par l’Agence Nationale d’Assurance Maladie, et les caisses de prévoyance et de protection sociale (CNOPS et CNSS) des dépenses relatives aux tests de Covid-19, bien qu’un accord ait été trouvé, à cause de «la non-application de la tarification nationale de référence convenue»

«Tous ces facteurs ont, d’une part, porter atteinte au pouvoir d’achat des consommateurs à cause des prix élevés qu’ils ont supporté par rapport aux prix qui auraient pu résulter d’une concurrence effective sur le marché, ainsi que les surcoûts supportés par les entreprises et qui affecte leur compétitivité, obligées de plus en plus à effectuer des dépistages massifs périodiquement.»

Avis du Conseil de la concurrence

D’un autre côté, ces facteurs ont «permis aux laboratoires déjà installés de réaliser des surmarges», poursuit la même source, qui regrette que «le caractère élevé de ces prix a privé une grande partie des citoyens d'accéder à ces services».

Le Conseil donne raison aux pharmaciens sur les tests rapides

Dans son avis, l’institution dirigée par Ahmed Rahhou considère que la décision du gouvernement de prendre des mesures temporaires afin de réglementer les prix des tests Covid-19 doit prendre en considération certains éléments. Elle estime ainsi que «la fixation du niveau des prix des tests de dépistage du Covid-19 par le gouvernement après consultation de la commission interministérielle des prix, doit garantir un niveau raisonnable de marge incitatif pour encourager l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché, et permettre ainsi de concurrencer les laboratoires privés déjà opérant sur ce dernier, et ce en vue de créer une nouvelle dynamique et pression concurrentielle efficace».

De plus, la décision doit «veiller à ce que le niveau de prix fixé ne donne pas un avantage concurrentiel aux acteurs déjà actifs sur le marché, du fait que leur présence antérieure sur le marché leur a permis de réduire le coût à travers l’amortissement déjà effectué des équipements acquis».

Le Conseil considère aussi que la lutte contre cette pandémie nécessite l’adoption d’une «approche proactive et préventive privilégiant l’ouverture du marché à de nouveaux entrants en allégeant les conditions d’accès». Cela «permettra une meilleure accessibilité des citoyens aux tests en les mettant à leur disposition à un prix approprié qui s’adapte à leur pouvoir d’achat», estime-t-on.

L’institution profite, par ailleurs, pour rendre un avis sur les tests antigéniques. «Bien que jugés moins efficaces au niveau de la détection des virus, ils restent une alternative importante en raison de leurs bas prix, permettant ainsi d’identifier les cas infectés à un stade précoce, ainsi que d'assurer l'accès au plus grand nombre possible de citoyens dont le pouvoir d'achat ne leur permet pas de faire des tests RT-PCR», tranche-t-elle. Dans ce sens, le Conseil recommande «d’étudier sérieusement la possibilité d’élargir l'éventail des options possibles afin d’effectuer les tests rapides en permettant à tous les professionnels de santé de réaliser les tests antigéniques et en facilitant l'accès des citoyens aux autotests en guise de prévention et de limitation de la propagation du virus, tout en prenant les dispositions nécessaires pour assurer leur bon usage».

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