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Grand Angle

Elections : Le MUR a-t-il joué un rôle dans la débâcle du PJD ?

Les élections du 8 septembre ont révélé au grand jour le «divorce» entre le PJD et sa matrice idéologique, le Mouvement Unicité et réforme. Visiblement, le réservoir traditionnel des islamistes de la Lampe a pris ses distances.

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Le secrétaire général du Parti de la justice et du développement et ancien chef du gouvernement, Saadeddine El Othmani. / DR
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Contrairement aux islamistes algériens et mauritaniens, le Mouvement Unicité et réforme n’a toujours pas commenté la débâcle du PJD aux élections du mercredi 8 septembre. Un mutisme qui soulève des interrogations, à tel point que certaines voix attribuent la déroute des «frères» de Saadeddine El Othmani à une défection du MUR.

«Comme Benkirane, le Mouvement n’a pas invité, via communiqué, ses membres à soutenir les listes des candidats islamistes. Il n’y a pas eu de décision organisationnelle prise en ce sens par la direction. Visiblement, le MUR a donné le choix à ses adhérents, environ 20 000, de voter pour le parti qu’ils estiment répondre le mieux à leurs préoccupations», constate dans des déclarations à Yabiladi Jawad Chafadi, le président de l'Observatoire marocain de la partcipation politique.

Ce «divorce», indique-t-il, a été précédé par trois moments phares attestant d’une certaine «distanciation» entre le parti de la Lampe et le mouvement. «L’adoption en 2019 de la loi-cadre sur la réforme du système d'éducation, de formation et de recherche scientifique a constitué la première fracture entre les deux parties. Le MUR s’est farouchement opposé à ce qu’il qualifie de "francisation de l’enseignement"», souligne Chafadi.

Il évoque aussi le rétablissement des relations avec Israël, l'année dernière, à l'occasion duquel le Mouvement a condamné la normalisation signée par Saadeddine El Othmani et même pris part à des manifestations contre cet accord. «Et en 2021, l’approbation de la loi sur la légalisation de la culture du cannabis a accentué davantage cette fracture. Des lignes rouges pour le MUR qu’El Othmani a franchies», explique-t-il.

«Le Rendez-vous Démocratique» enterré ?

Sur ces trois questions qui heurtent profondément les valeurs et le référentiel du MUR, l’organisation islamiste a clairement signifié son opposition par la publication de communiqués, souligne notre interlocuteur. Et de constater qu'à l’exception de la normalisation avec Israël, Abdelilah Benkirane a adopté les mêmes positions que les «frères» d’Abderrahim Chikhi.

Driss El Ganbouri, spécialiste en mouvements islamistes, avance d’autres éléments pour expliquer la débâcle. «La faible mobilisation du Mouvement Unicité et réforme a probablement joué un rôle dans la défaite du PJD. Avant même le scrutin du 8 septembre, des membres du MUR ont manifesté leurs intentions de ne pas se rendre aux urnes. Néanmoins, il y a d'autres facteurs qui ont contribué à cette déroute», analyse-t-il.

«A cet égard, il y a lieu de citer que le parti n’a même pas pu convaincre ses propres militants de se présenter aux communales et régionales, perdant plus de 8 000 candidats par rapport aux élections du 4 septembre de 2015. Par ailleurs les résultats, en juin, de l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM, le bras syndicale du PJD) auraient dû interpellé la direction du PJD sur l’érosion de sa popularité, notamment dans les rangs des enseignants», explique-t-il.

Pour mémoire, à la veille des législatives de novembre 2011, le PJD, dirigé alors par Abdelilah Benkirane, le MUR, présidé par Mohamed El Hamdaoui, et l’UNTM de Mohamed Yatim, avaient conclu une alliance baptisée «Le Rendez-vous démocratique». Une structure qui a permis aux trois parties de coordonner leurs positions en vue de ce scrutin et qui a fonctionné durant dix années. Ce "Rendez-vous" n'a donc pas eu lieu en 2021. 

Article modifié le 13/09/2021 à 15h24

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