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Grand Angle  

Espagne : Le meurtre de Younes «parce que Marocain», secoue associations et partis

La mort de Younes Blal, visé dimanche soir par des tirs à Murcie, a secoué la communauté marocaine en Espagne, mais aussi des organisations de la société civile espagnole et des responsables politiques locaux. Exigeant de qualifier les faits de xénophobes et racistes, ils ont pointé du doigt la banalisation du discours de l’extrême droite.

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Manifestation mardi 15 juin à Murcie, après le meurtre de Younes Blal / DR.
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La Fondation CEPAIM pour la coexistence et la cohésion sociale en Espagne a appelé à faire front contre les propos haineux susceptibles de servir de références aux crimes xénophobes. Des expressions qui ne doivent plus être banalisées, selon l’organisation, qui a comparé la mort du Marocain Younel Blal à Mazarrón au cas de George Floyd, aux Etats-Unis.

«Le racisme tue» et «l’histoire se répète», a indiqué la fondation, citée par les médias ibériques à la suite du meurtre du jeune marocain, dimanche dernier, sous les coups de fusil d’un soldat retraité. Pour CEPAIM, qui a réagi dès mardi sur ses réseaux sociaux et son site Internet, les faits «semblent avoir une seule motivation, la haine irrationnelle entendue tant de fois et qui a été dans la plupart des cas banalisée, envers les personnes d’autres origines culturelles ou ethniques». «La douloureuse réalité, c’est qu’aujourd’hui, Younes est mort, simplement parce qu’il était d’origine marocaine», ajoute-t-elle.

L’organisation a notamment pointé du doigt des propos véhiculés dans le milieu politique espagnol, stigmatisants des personnes en situation de vulnérabilité, des mineurs en situation de détresse, des immigrés et des réfugiés, «provoquant une peur de leurs différences et générant racisme, xénophobie et discrimination».

Dans ce registre, la Fondation a insisté que «tant que nous continuerons à banaliser les propos et les actes qui déshumanisent la population migrante ou réfugiée ou qui la discriminent en raison de son origine culturelle ou ethnique», les stéréotypes et la désinformation qui en découlent feront que «ces événements peuvent se reproduire dans n’importe quelle ville espagnole, représentant la pire des nombreuses conséquences négatives de la xénophobie et du racisme».

«Ne parier que sur le respect des droits humains, promouvoir la valeur positive de la diversité culturelle et générer des espaces qui nous permettent de vivre ensemble, où nous pouvons nous rapprocher les uns des autres, connaître notre richesse en tant que société et faire nôtre la diversité et la lutte contre les inégalités, nous fera parvenir à une société qui ne permette en aucun cas le racisme, la xénophobie et la discrimination circuler librement dans nos rues.»

Fondation CEPAIM

Des partis d’extrême droite espagnole pointés du doigt

Sur la même ligne, le parti Podemos a dénoncé le meurtre du Marocain de 39 ans en pointant du doigt plus explicitement des formations d’extrême droite. Ainsi, les dirigeants régionaux de Podemos à Murcie ont affirmé que «ces meurtres racistes ne surviennent pas par hasard». Dans ce sens, ils ont reproché à Vox d«alimenter le terrorisme d’extrême droite».

Devant l’Assemblée régionale de Murcie, mercredi, la porte-parole adjointe de Podemos, María Marín, a indiqué que «l’extrême droite xénophobe et son discours de haine» est «derrière ce climat» de racisme meurtrier. Elle a proposé alors la création d’un Mouvement Black Lives Matter en Espagne, insistant sur le fait que le problème dans la région «a un nom : cela s’appelle racisme et ultra-droite».

Ces déclarations soutiennent également la position tenue, mardi, par l’Association des travailleurs immigrés marocains en Espagne (ATIM). L’ONG a dénoncé un assassinat «ignoble, raciste et xénophobe», disant avoir «appris ce drame avec douleur, stupéfaction et indignation» et dénonce ses «motifs racistes et islamophobes». La structure a déploré «l’instrumentalisation et la manipulation» de la fusillade contre le Maroc et les Marocains par «certains groupes d’extrême droite espagnole sur les réseaux sociaux».

«Ce dernier épisode de brutalité raciste est alimenté par la campagne systématique menée par les principaux médias et réseaux sociaux en Espagne depuis le début de la crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc.»

ATIM


Le drame s’est produit dans la nuit de dimanche dernier à El Muelle, sur le Paseo Marítimo de Mazarrón. L’auteur présumé du crime, un homme de 52 ans originaire de la région, aurait eu avant cela une altercation avec la victime. Au cours des échanges, l’ancien soldat a proféré des commentaires xénophobes, selon lesquels «tous les Maures devraient être tués». Après cette rixe, l’accusé est rentré chez lui puis est revenu armé, pour tirer à bout portant sur Younes.

La victime a été touchée par trois coups de feu à la poitrine, avant que l’assaillant ne prenne la fuite en braquant son arme sur des agents. Il a été rapidement arrêté, tandis que le Marocain a été transporté à l’hôpital dans un état très grave, avant de succomber à ses blessures. Mercredi, le tribunal d’instruction numéro 1 de Totana a ordonné le placement en détention du tireur.

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