Bloqués à Sète depuis janvier dernier après la saisie conservatoire des bateaux de la Comarit, les marins marocains ont manifesté hier dans le port de Sète. Ils exigent de la Comarit un «bon de débarquement pour congé», avant de déplacer leurs navires comme proposé par les autorités portuaires de Sète. Mais, la compagnie marocaine tarde à réagir, rapporte Midi Libre. En effet, l'italien GNV est sensé reprendre la ligne le 28 mai prochain. Pour qu’il ait de l’espace à quai, il faudrait déplacer les bateaux de la Comarit. Les hommes de mer marocains s’y sont longtemps opposés au risque d’être davantage abandonnés à leur sort. Le port de Sète a donc trouvé un compromis : renoncer au caractère privilégié de sa dette au bénéfice des marins afin de leur assurer le remboursement de leurs arriérés de salaires. Cette mesure est cependant insuffisante pour les équipages du Biladi, Marrakech et Bni Nsar. Déjà Mercredi après-midi, ils lançaient un SOS en brandissant des banderoles et des «cris de colère», depuis le pont arrière du Biladi.
Des bateaux dans un piteux état
Dans son article publié par le Monde, la journaliste française, Florence Aubenas, ayant visité le Bni Nsar décrit la vie à bord comme un «naufrage». 2M aussi a fait le déplacement et a pu visiter les 3 bateaux. La journaliste de deuxième chaîne chérifienne, Lamia Mrini, confirme la détresse présente sur le Bni Nsar. Les marins sur ce ferry «n’ont plus d’espoir». Pour eux, c’est fini. Par contre sur le Biladi et la Marrakech, ils sont plus optimistes. D’ailleurs ils sont les auteurs de la grève qui a eu lieu hier dans le port de Sète.
En dépit de tout, «ils sont courageux, je leur tire le chapeau, félicite Ahmed Fakoul, président de l'association des usagers. Ils ne pensent pas à eux en tant que marins. La plupart ont des familles, des enfants qui étaient scolarisés dans des écoles privées. Mais du jour au lendemain, ils se retrouvent incapables de payer et les enfants sont mis à la porte. Ces marins ne se soucient même pas vraiment de leur nourriture. C’est surtout leurs familles restées au Maroc. C’est la galère pour elles», s’alarme le responsable associatif. Cependant, en dépit de leur détresse, les marins refusent l’assistance alimentaire des associations. «C’est vrai. On est des Marocains. On a une certaine fierté, affirme Ahmed El Fakoul. Certains d’entre eux sont des personnes qui gagnaient bien leur vie par rapport au Maroc, donc ils avaient de bonnes situations, explique-t-il. Pour eux l’alimentaire c’est la moindre des choses. Les marins refusent les aides des associations parce qu’ils considèrent que l’armateur doit prendre ses responsabilités», indique M. Fakoul qui espère que tout rentrera dans l’ordre ce week-end, avant la reprise lundi de la ligne par la GNV.
GNV se passera des salariés de la Comarit
En outre, contrairement à ce qui avait été annoncé par les médias français, Yabiladi avait d’ailleurs fait un article sur ce sujet, il semble que GNV ne prendra pas une partie des salariés de la Comarit, information qui a été confirmée à 2M par le syndicat ITF. C’est également ce qui se dit dans les couloirs de la Comarit. D’après une de nos sources au sein de la compagnie dirigée par Samir Abdelmoula (également député, précise Midi Libre dans son article), GNV ne pourrait pas prendre les salariés marocains parce qu’ «embaucher du personnel navigant marocain sur un navire italien pose de nombreux problèmes au niveau administratif».
Après tout ce temps et tous les déboires que vivent les équipages de la Comarit depuis le début de l’année, l’ITF y voit dorénavant un fait plus grave qu’il ne parait. C’est maintenant un problème politique, explique à Midi Libre Pascal Pouille, inspecteur ITF. Il faut que la France mette sa diplomatie en route».
En visite dans le port de Sète, l’équipe de 2M a réalisé un reportage sur la situation des marins qui sera diffusé jeudi 31 mai dans l’émission «Grand angle».