Mohamed Erraji : « La personne du Roi est intouchable au Maroc »

Le 3 septembre dernier, les péripéties de Mohamed Erraji le mèneront du modeste hammam où il travaillait à Agadir à une cellule de prison. Le jeune marocain de 29 ans utilisait son temps libre pour alimenter son blog « Le monde d'Erraji », en plus d'un article publié sur le e-journal Hespress.com, où il critiquait la « politique d'assistanat » du Roi Mohamed VI.

« Un Etat qui respecte ses citoyens ne fait pas d'eux des mendiants », ferait partie de l'écrit du jeune bloggeur, rapporté par Publico. La réponse de cet Etat a été foudroyante : Deux ans de prison ferme, à la suite d'un jugement expéditif, pour « manque de respect du à la personne du Roi », avant d'être acquitté quelques semaines plus tard pour vice de procédure. Entretien.

- Publico.es : Avez-vous surestimé le niveau de liberté d'expression dans votre pays ?
- Mohamed Erraji : Je n'ai jamais pensé que cet article pouvait occasionner tant de problèmes. Je n'ai pas l'habitude d'écrire sur des sujets politiques. Oui, il parlait de la monarchie, qui est l'une des lignes rouges. Certains sujets sont considérés comme intouchables : La religion, la Monarchie et l'intégrité territoriale, mais je ne vois pas où est la transgression dans mon article.

- Avez-vous été torturé ?
- Non, j'ai été bien traité. Le premier jour, les policiers m'ont interrogé de dix heures du matin à cinq heures de l'après-midi. Comme je ne suis pas allé au delà des études primaires, ils ne croyaient pas que je pouvais écrire l'article. Ils m'ont apporté un papier pour bien leur prouver que je savais écrire.

- Maintenez-vous vos idées à propos du Monarque ?
- La distribution de certains privilèges ne peut pas être concentrée entre les mains d'une seule personne. Les droits des citoyens doivent être clairs, ce qui n'est pas encore le cas.

- Cependant, vous avez dit que la monarchie donnait une stabilité au Maroc.
- Mohamed VI parle d'en finir avec la corruption, ainsi que d'une indépendance de la justice, mais aujourd'hui, la réalité reste bien loin de cet objectif.

- Etes-vous pessimiste quant à l'évolution de votre pays ?
- S'il elle évolue dans le sens des pratiques décrites dans mon article, oui.


:: Interview de Mohamed Erraji accordée au e-journal Publico.es