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Grand Angle

Covid-19 : Les prévisions de vaccination au Maroc pourront-elles être tenues ?

Au crépuscule de cette sombre année 2020, la tant attendue campagne de vaccination contre le nouveau coronavirus n’est toujours pas lancée au Maroc. Prévue pour début décembre, le ministère de la Santé avait annoncé un lancement probable pour fin décembre.

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Photo d'illustration / Université d'Oxford - John Cairns
Temps de lecture: 3'

Promise dès le début de ce mois après une longue préparation et beaucoup de communication, la campagne de vaccination contre le nouveau coronavirus au Maroc n’est toujours pas lancée. Le ministère de la Santé avait demandé de la patience aux Marocains en annonçant un début probable vers la fin décembre. Alors que le pays était parmi les premiers à avoir annoncé sa campagne de vaccination en novembre, cette dernière reste tributaire de l’acquisition des lots de vaccin nécessaires, mais surtout de l’autorisation des autorités sanitaires de la Chine et du Royaume-Uni.

En effet, le Maroc est dans l’attente de la date d’autorisation du vaccin chinois Sinopharm, commandé par le pays, pour ensuite être soumis aux procédures d’homologation par les autorités sanitaires marocaines, au même titre que le vaccin britannique. Le second vaccin commandé au Maroc à AstraZeneca, a été autorisé au Royaume-Uni, alors que tous les regards étaient tournés vers Pékin. Pour autant, on ne sait toujours pas si les autorités sanitaires marocaines l’autoriseront rapidement pour débuter la campagne de vaccination sans attendre le vaccin chinois.

Des vaccins qui se font attendre

Le 15 décembre dernier, Khalid Ait Taleb a prévenu que «la quantité disponible actuellement au niveau mondial ne pourra pas couvrir l’ensemble des besoins dans le monde» et que pour obtenir les lots nécessaires à cette campagne, il a donc fallu «initier un processus de négociations et de dialogue» avec les développeurs. Dans le cadre des partenariats scellés entre le Maroc et la Chine, le ministre a souligné que le développeur étatique du vaccin Sinopharm fournira des lots couvrant les besoins de plus de 20 millions de personnes. Une deuxième acquisition du Britannique AstraZeneca permettra de couvrir les besoins de 12 millions d’autres.

Après la mobilisation des professionnels, mais aussi des populations principalement ciblées par cette campagne à travers leur identification, ces ajournements accompagnés d’une absence de communication font planer un risque d’érosion de la confiance de la population dans l’opération vaccinale. Les promesses non tenues et les annonces exagérées ne donnent pas un sentiment de maîtrise. Ainsi, l’annonce d’un rythme de 500 000 personnes vaccinées quotidiennement paraît intenable, au vu des rythmes observés dans les autres pays ayant déjà débuté leur campagne vaccinale.

Sur une dizaine de jours après le lancement de la campagne, les Etats-Unis ont pour l’heure administré 2 130 000 de doses, soit une moyenne d’environ 180 000 quotidiennement.

La Chine a par ailleurs atteint un total d’un million de doses administrées. Depuis le début du mois de décembre, la Russie a pu en administrer près de 700 000, soit une moyenne de 35 000 vaccinations par jour. Depuis l’homologation du vaccin Pfizer par les autorités sanitaires canadiennes, ce dernier a été injecté à 71 725 personnes dans le pays.

Une campagne mondiale qui sera longue

Jusqu’au 30 décembre selon les statistiques mondiales réalisées par la plateforme Our World In Data, le Royaume-Uni totalise quant à lui 800 000 personnes vaccinées depuis le 8 décembre, soit une moyenne de 36 000 par jour. Cependant, la cadence est plus lente dans nombre de pays européens qui viennent tout juste de débuter leur campagne vaccinale. En quatre jours, 78 109 personnes ont été vaccinées en Allemagne, soit une moyenne quotidienne d’environ 19 600. Le Portugal en a enregistré 16 701, bien loin de l’Italie (8 361) et de l’Autriche (6 000).

Au sein de l’Union européenne (UE), des problèmes logistiques ont contraint certains Etats à repousser le début de la vaccination, à l’image de l’Espagne, alors que les Pays-Bas devraient se lancer vers le 8 janvier.

Au Moyen-Orient, le taux de vaccination le plus important est en Israël, qui a vacciné 643 600 personnes et vise à immuniser un quart de sa population d’ici fin janvier, avec comme objectif une fréquence de 150 000 vaccinations par jour. Le nombre reste loin de celui de Bahreïn (56 041), du Koweït (2 500) et d’Oman (1 717).

Dans les conditions de pandémie mondiale, la cadence d’une campagne de vaccination peut ainsi s’avérer moins rapide que les prévisions initiales, compte tenu des capacités logistiques, des précautions sanitaires et des moyens humains. Certes, les vaccins du type Sinopharm ou AstraZeneca n'auront pas le même défi logistique (conservation à -70°C) mais les populations doivent d’ores et déjà s’attendre à un étalement des campagnes de vaccination sur toute l’année 2021, si ce n'est plus. De même pour le Maroc, malgré les promesses d’une campagne massive et rapide annoncée en novembre.

Article modifié le 30/12/2020 à 22h46

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