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Grand Angle

Maroc-Israël : Les partis de gauche en ordre dispersé

Militant pour la libération de la Palestine avant même qu’elle ne soit érigée en cause nationale, les formations de gauche ont eu des positions nuancées quant à la récente normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Alors que la FGD et la Voie démocratique ont rejeté cette officialisation, l’USFP botte en touche.

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Photo d'illustration / DR.
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Depuis l’annonce de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, les partis politiques marocains ont exprimé des positions en phase avec la décision royale, hormis quelques exceptions. Soutien historique de la cause palestinienne parmi les formations de gauche, l’Union socialiste des forces populaires (USFP) a mis l’accent sur la reconnaissance de la souveraineté nationale sur le Sahara occidental par les Etats-Unis, tout en soulignant en second lieu son soutien continu à la Palestine. Elle a soigneusement évité de se prononcer pour ou contre la normalisation entre Rabat et Tel Aviv.

Sans citer cette décision rendue officielle, le bureau politique de l’USFP a salué «l’accent mis par Sa Majesté le Roi sur l’unité de la paix et le parachèvement de la liberté au sujet des questions justes dans le monde arabe et islamique, en plus de la question palestinienne avec Al Qods comme capitale». «C’est la position qui révèle toujours le lien permanent entre les deux causes [du Sahara et de la Palestine, ndlr], pour ce qui est des sentiments et des positions nationales du Maroc», a indiqué la formation.

Dans sa déclaration, l’USFP prône une «solution à deux Etats, à travers la négociation pacifique et l’approbation des pactes garantissant le droit du peuple palestinien héroïque à établir un Etat indépendant ayant pour capitale Al-Qods Al-Sharif». Il estime que «la dialectique de lier la paix et la terre dans le monde d’aujourd’hui exige la victoire du droit des peuples à parachever leur liberté, à consolider leur souveraineté».

Pour rappel, c'est sous le gouvernement d’alternance de Abderrahmane Youssoufi que le Maroc a décidé la fermeture du bureau de liaison israélien à Rabat et la rupture des liens diplomatiques avec Tel Aviv, au lendemain du déclenchement de la deuxième Intifada en octobre 2000.

Le PPS rappelle à Israël ses obligations

Pour sa part, le bureau politique du Parti du progrès et du socialisme (PPS) a salué la reconnaissance de souveraineté marocaine sur le Sahara par Washington, tout en affirmant son soutien à la cause palestinienne. «La question palestinienne restera pour le Maroc, en tant que roi, gouvernement et peuple, au rang de la question du Sahara marocain», a indiqué la formation.

Le PPS a affirmé continuer de «soutenir sans réserve les luttes du peuple palestinien pour établir ses droits nationaux légitimes, sur la base de négociations politiques fructueuses, une solution à deux Etats, avec la nécessité de préserver le statut spécial de la ville sainte de Jérusalem» et de conserver les frontières de 1967. Dans ce sens, il «renouvelle sa condamnation franche et ferme de toutes les politiques agressives et racistes menées par Israël depuis des décennies à l’égard du peuple palestinien en difficulté».

Le PPS affirme que les démarches d’ouverture envers Israël «exigent de ce dernier qu’il mette fin aux politiques d’abus, d’oppression et de meurtre contre le peuple palestinien résistant, qu’il se détourne de son obstination, de sa tyrannie, de son arrogance et de ses violations condamnées, qu’il mette fin à son occupation du Golan et qu’il abandonne les politiques de colonisation et d’annexion». La formation appelle Tel Aviv à initier «une véritable approche politique pacifique» qui devra «conduire à la reconnaissance de tous les droits nationaux légitimes du peuple palestinien». Si «de nouvelles relations doivent être construites et développées», elles devront se faire, selon elle, «sur ces bases nécessaires, qui obligent inévitablement Israël à se transformer en un Etat normal qui respecte la légitimité internationale et adhère au droit international».

La Voie démocratique et les partis de la FGD refusent toute normalisation

Pour le Parti de la Voie démocratique, cette officialisation des relations constitue une «trahison» à l’égard de la cause palestinienne et de l’édification d’«un Etat palestinien démocratique, laïc et indépendant, où vivent ensemble toutes les identités et toutes les religions». Par ailleurs, la structure dénonce une «tentative d’imposer une hégémonie sur les peuples de la région arabe et maghrébine, mettant à mal leur lutte» pour leurs droits.

Constituée du Conseil national ittihadi (CNI), du Parti de l’avant-garde démocratique et socialiste ainsi que du Parti socialiste unifié (PSU), la Fédération de gauche démocratique (FGD) a contesté la décision de normalisation officielle. Dans un communiqué, elle a refusé un «chantage» sur la question de la souveraineté marocaine du Sahara.

Quelques heures après l’annonce faite par le président américain Donald Trump, la fédération a exprimé son «grand étonnement», réitérant son refus de toute «normalisation des liens diplomatiques avec l’entité sioniste» et rappelant sa position à l’égard du «Deal du siècle». Dans ce sens, elle a plaidé pour «la construction d’un Etat palestinien indépendant avec Al-Qods pour capitale, le retour des déplacés, la libération des prisonniers et la reconnaissance des droits historiques».

Dans leur déclaration collective, les partis de la FGD ont par ailleurs souligné les «violations des lois et des dispositions internationales par l’entité sioniste, qui continue d’imposer une politique de fait accompli, par la construction des colonies et du mur de la honte raciste». Cette position rejoint celle des associations propalestiniennes au Maroc, qui ont fustigé un «chantage» autour des questions de souveraineté nationale.

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