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Grand Angle

Maroc : Les organisations pro-palestiniennes dénoncent le chantage des Etats-Unis sur le Sahara

La reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara par les Etats-Unis a été largement saluée, jeudi. Cependant, des organisations marocaines de soutien à la Palestine sont vent debout contre le rétablissement des liens avec Israël.

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Photo d'illustration / DR.
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Depuis jeudi, plusieurs organisations et acteurs politiques marocains ont réagi à l’officialisation des relations diplomatiques entre Rabat et Tel Aviv. Parmi eux, le Groupe d’action national pour la Palestine au Maroc a déploré une évolution «subite et inacceptable». Dans un communiqué rendu public à l’issue d’une réunion urgente de son secrétariat, la structure a pointé du doigt la démarche du président américain Donald Trump qui, en fin de mandat, a obtenu cet accord en retour de sa reconnaissance de la marocanité du Sahara.

Un tour de force diplomatique, que le Groupe rassemblant organisations associatives, estudiantines et politiques pro-palestiniennes a considéré comme non avenu. «Le Sahara marocain a été libéré, construit et développé par le peuple marocain, sans besoin d’une approbation par les sionistes ou les américains pour confirmer cette souveraineté», a souligné le Groupe de soutien, dans une déclaration rappelant que la question palestinienne restera «la cause juste de tous les Marocains».

Refusant une «ruée vers la normalisation (…) au nom du Sahara marocain» et critiquant la position du ministre des Affaires étrangères dans ce sens, l’organisation a estimé que cette souveraineté était de fait et de droit. Il s’agit, selon la structure, du «plus grand préjudice à la cause nationale et le plus grand service rendu aux opposants à notre intégrité territoriale».

Une officialisation «mais pas au détriment» de la Palestine

Connues pour leur soutien à la cause palestinienne, d’autres organisations ont nuancé les effets de cet accord sur la mobilisation nationale pour la Palestine. C’est le cas de l’Association d’amitié maroco-palestinienne, qui a relayé les points de vue d’acteurs politiques marocains affirmant qu’«il ne s’agit pas d’une normalisation complète».

Cité par l’organisation, l’ancien député istiqlalien Adil Benhamza n’adhère pourtant pas entièrement au rejet de l’officialisation des relations avec Tel Aviv. Il souligne par ailleurs que «le Maroc subit, depuis des années, un chantage sur la question de son intégrité territoriale». «Tout pays au monde qui se trouve dans la situation du Maroc cherchera son intérêt national, tout en s’acquittant de ses obligations humanitaires et historiques sur des questions, dont la cause palestinienne est primordiale», a-t-il écrit.

Adil Benhamza estime ainsi que «la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara et l’ouverture d’un consulat dans la ville de Dakhla représentent un gain historique». «Il est vrai que cela ne change pas le statut de la région vis-à-vis du droit international, mais l’adhésion de Washington à la position marocaine aura un impact considérable», a-t-il affirmé, rappelant le poids américain au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.

Par ailleurs, il a considéré que l’accord en échange de la reconnaissance américaine ne serait «pas nouveau dans les relations officielles du Maroc avec Israël». Il évoque des «visites touristiques» d’Israéliens dans le royaume, ou encore «des échanges commerciaux non déclarés dans le domaine agricole». Il estime que «le Maroc a précédemment ouvert un bureau de liaison israélien à Rabat, sans que cela ne constitue une pénétration sioniste».

«Le Maroc officiel, depuis le règne de feu Hassan II, a eu des contacts avec les Israéliens mais en coordination avec l’Organisation de libération de la Palestine. C’est aussi l’un des rares pays à avoir affronté militairement l’entité sioniste, en particulier sur le front du Golan occupé.»

Adil Benhamza

Un accord incarnant la «normalisation avec l’occupation»

De son côté, la branche nationale de Boycott, désinvestissement et sanctions, BDS Maroc, redoute que cette normalisation annonce une perte de terrain en termes de mobilisation officielle de Rabat pour la question palestinienne. Dans le même sens, elle a questionné le positionnement du Maroc, en tant que pays président le Comité Al-Qods.

«Où est le Comité Al-Qods ? Est-il approprié que le Maroc officiel ignore la position des forces vives marocaines et de la rue marocaine, qui soutiennent inconditionnellement la cause palestinienne, que nos citoyens considèrent comme une cause nationale ?»

BDS Maroc

«Au moment où il est devenu plus que jamais nécessaire d’exercer des sanctions internationales contre les auteurs des violations du droit international humanitaire, qui sont des criminels de guerre, comment est-il possible que les officiels du Maroc leur tendent la main ?», écrit l’organisation.

BDS Maroc a surtout axé sa position sur la situation de la Palestine et des Palestiniens, au regard du droit international. «Depuis sa création, le projet sioniste est un projet colonial, de colons. Il continue sans cesse son épuration ethnique en Palestine, pour déplacer les peuples d’origine de leurs terres et installer des occupants venus du monde entier», a rappelé l’organisation.

Dans ce contexte, BDS Maroc dit sa détermination à renforcer la mobilisation de la société civile sur le terrain. Contactée par Yabiladi ce vendredi, la structure a indiqué que de futures actions seront annoncées dans ce sens, avec la coordination de l’ensemble des organisations qui soutiennent la cause palestinienne dans le pays.

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