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Grand Angle

Histoire : Polar 3, l'avion allemand d’exploration de l'Antarctique abattu par le Polisario

En février 1985, le Polisario abat un avion appartenant à un institut de recherche allemand, qui revenait d’une mission exploratoire en l'Antarctique, tuant trois personnes. Les séparatistes se justifient alors des «similarités» entre l’appareil abattu et ceux de «reconnaissance» du Maroc.

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Le Polar 2, qui accompagné Polar 3 dans sa mission en Antarctique. / DR
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Avant l’incident de décembre 1988, où le Polisario a ciblé deux avions américains au Sahara, qui se trouvaient dans le cadre d’une mission de lutte contre la propagation des criquets, le mouvement séparatiste avait abattu un autre appareil survolant la province, dans le cadre d’une mission scientifique.

Ainsi, en février 1985, un appareil de de l'Institut Alfred Wegener basé en Allemagne, qui revenait d’une mission de l'Antarctique, est ciblé par les séparatistes. Un drame durant lequel trois scientifiques allemands ainsi que l’équipage de l’appareil ont trouvé la mort.

Nous sommes en 1984. L'Institut fédéral des géosciences et des ressources naturelles vient de lancer GANOVEX-IV, sa quatrième mission d’exploration géologique et physique du pôle sud, qui se déroulée sans navire d'expédition. 

Une mission pour explorer l'Antarctique

«L'objectif principal de la recherche n'était pas la recherche de ressources minérales, mais la question de savoir comment l'ancien continent Gondwana, auquel appartient également l'Antarctique, s'est éclaté. L'accent est mis cette fois sur l'exploration géophysique du sous-sol sous la glace. Le cœur du programme scientifique sera la mesure magnétique d'une zone d'environ 165 000 km2 à partir de l'air», écrit-on sur le blog Antarktis.

Les principaux porteurs de la recherche étaient ceux des avions spéciaux Polar 2 et Polar 3 de type DO 228, un biturbopropulseur construit par l’avionneur allemand Dornier de 1981 à 1998. Les deux avions décollent de Munich le 16 octobre 1984, se rendent à Malaga, puis à Las Palmas, Dakar, Recife (Brésil) et de là à Punta Arenas dans l'Antarctique Chilien. Ils atteignent l’aéroport de McMurdo dans l'Antarctique le 20 novembre de la même année.

GANOVEX-IV, menée alors en étroite coopération avec du National Science Foundation (États-Unis) et de la Division antarctique du Département de la recherche scientifique et industrielle de la Nouvelle Zélande, durera trois mois. 

Polar 2 ayant été endommagé sur le terrain, la majeure partie des recherches sont transportés par Polar 3, précise de son côté l’International Symposium on Antarctic Earth Sciences, dans «Geological Evolution of Antarctica» (Editions Cambridge University Press, 1991).

Polar 3, pris pour un avion de reconnaissance et abattu par le Polisario

Après avoir terminé leur mission, les deux appareils DO 228 empruntent ainsi le même chemin du retour jusqu’à Dakar puis aux Iles Canaries. «Les deux avions ont décollé de Dakar vers 14h45 pour un vol à destination d'Arrecife, aux îles Canaries. Le dernier contact radio avec Polar 3 a eu lieu vers 17h30», rapporte le média spécialisé Aviation-Safety

En fait, alors qu'il survolait le Sahara ce 24 février 1985, à 5 minutes derrière le Polar 2 et à une altitude plus basse, le Polar 3 a été abattu par des éléments armés du Front Polisario, une roquette. «Ils pensaient probablement que l'avion en question était un avion espion marocain», ajoute-t-on.

L'équipage du Polar 3, composé de deux pilotes Herbert Hampel et Richard Möbius et un mécanicien, Joseph Schmidt, sont alors tués. Leurs corps seront récupérés cinq jours plus tard.

Le mouvement séparatiste, dans l’embarras, se défend alors, pointant du doigt des «similarité avec un avion de reconnaissance marocain». Le Front déclare aussi, dans un communiqué, qu’il «n'autorisera aucune violation du territoire, des eaux et de l'espace aérien qui ont été déclarés zones de guerre», arguant n’avoir «attribué aucune autre route à l'avion de recherche ouest-allemand».

Quatre ans plus tard, le mouvement séparatiste récidive, en abattant en 1988 un avion américain et arguant que le Maroc «devait assumer la responsabilité d’envoyer des avions civils au-dessus» de la province.

Trois ans plus tard, un accord de cessez-le-feu est signé le 6 septembre 1991 entre les deux parties sous l'égide de l’ONU.

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