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Grand Angle

Diaspo #170 : Ines Lamallem, la romancière d’une jeunesse en Belgique

A seulement 17 ans, Ines Lamallem compte à son actif un premier roman édité et récompensé. Amoureuse de littérature, la lycéenne belgo-marocaine y parle des jeunes dont elle fait partie et avec qui elle rêve de travailler à l’avenir.

Publié
Ines Lamallem / DR.
Temps de lecture: 3'

Depuis sa plus tendre enfance, elle dévore les livres. Ines Lamallem a su très tôt faire de littérature sa passion, peaufinant son style au fil des années. Ses efforts dans l'écriture ont payé, puisque cette lycéenne de 17 ans vient de publier son premier roman édité, «Santana» (KER Editions), qui a d’ores et déjà conquis les lecteurs adultes comme adolescents. Ce livre a été aussi le coup de cœur des organisateurs et du jury de la Fondation Laure Nobels, qui lui a décerné ce mois-ci le Prix Jeune Public Brabant Wallon.

Ines Lamallem confie à Yabiladi avoir réalisé un «rêve d’enfant», qu’elle n’imaginait cependant pas concrétiser aussi tôt. «A chaque fois que je m’inscris à un concours, je m’imagine qu’il y a d’autres jeunes qui écrivent mieux que moi, les 17-18 ans par exemple. J’avais 15 à 16 ans lorsque j’ai commencé à travailler sur ce roman, donc je ne m’y attendais pas du tout», déclare Ines.

La bibliothèque, une madeleine de Proust

Née à Bruxelles, Ines garde également le tendre souvenir des livres lus par ses proches avec amour et enthousiasme. «Ma maman lit beaucoup de livres en arabe. Quand elle était petite, elle confectionnait des livres elle-même en faisant des collages, en se servant de ficelle ; c’étaient des sortes de journaux intimes. Mon grand-père maternel a aussi une grande bibliothèque chez lui, à Al Hoceïma. Pendant nos vacances passés là-bas, je l’ai souvent vu plongé dans ses livres», se souvient la lycéenne.

Son aisance à l’écrit, Ines la doit aussi en partie à sa sœur, qui l’a familiarisée avec la grammaire, la conjugaison et l’orthographe avant qu’elle n’intègre l’enseignement primaire. «Lorsqu’elle revenait de l’école, elle ouvrait ses manuels pour me faire quelques leçons de ce qu’elle avait appris pendant la journée en classe.»

«J’avais 4 à 6 ans, lorsque ma mère m’emmenait à la bibliothèque les mercredis après-midi avec ma grande sœur et mon petit frère. Ma maman m’a véritablement initiée à la lecture de la sorte. En grandissant un peu, j’ai commencé à écrire des histoires.»

A dix ans, Ines Lamallem commence ainsi à écrire des journaux intimes, puis des histoires et un premier roman publiable dès ses 12-13 ans, mais qui demeurera sous forme de manuscrit. «Je l’ai envoyé à un éditeur français, qui a accepté de le publier. Mais vu que j’étais encore plus jeune, vivant loin à Bruxelles, c’était un peu difficile pour ma mère et moi de nous déplacer en France et effectuer toutes les démarches juridiques et administratives», nous confie-t-elle.

Comme son livre «Santana» qui a fini par voir le jour, ce premier écrit a mis en lumière un aspect de la vie des jeunes de la génération d’Ines, qui s’inspire de son environnement pour écrire des romans, où réalité et fiction se mêlent.

«J’ai toujours écrit sur les jeunes parce que j’en fais partie. J’aime parler de notre quotidien, des questions de drogue, de violence entre les jeunes, de ceux qui font de grands exploits. La vie des jeunes m’intéresse beaucoup.»

Encourager l’entraide entre jeunes

Aujourd’hui, Ines Lamallem est à sa dernière année de lycée. Elle rêve de devenir enseignante de français en secondaire inférieur (13 à 15 ans). «La plupart des jeunes de mon école ont des difficultés d’apprentissage de la langue et c’est souvent le cas à Bruxelles. Certains élèves ont beaucoup de lacunes et c’est dans ces niveaux-là qu’on apprend véritablement les bases de la grammaire, de l’orthographe, de la conjugaison, de la langue. J’aimerais donc enseigner dans ces niveaux-là pour les aider à avoir un meilleur bagage qui les aidera à avoir moins de difficultés au lycée», nous déclare-t-elle avec détermination.

Le roman d’Ines évoque aussi un aspect des difficultés des jeunes. «Santana» est en effet l’histoire d’un jeune garçon, devenu violent au lycée après avoir été traumatisé durant son enfance. Ses camarades d’établissement le craignent et l’évitent, mais Emma tentera de percer le mystère derrière la conduite du jeune garçon, ce qui donnera lieu à une histoire d’amour entre les deux adolescents, mais aussi à beaucoup de violence dont Emma sera victime.

«En Belgique, la plupart des jeunes de ma génération sont très violents les uns envers les autres. Les insultes, le langage vulgaire et les violences physiques sont devenues des choses banales entre nous. J’ai voulu en parler dans mon livre, en représentant la jeunesse comme elle est, tout en parlant des violences que les filles subissent particulièrement.»

Sorti en octobre dernier, l’ouvrage a conquis également les anciens professeurs et instituteurs d’Ines, de même que certains jeunes. «D’autres adultes étaient choqués de voir que les jeunes pouvaient être violents à ce point», nous confie l’auteure du livre.

Ines Lamallem ne se laisse pourtant pas bercer par  le succès et la liesse de la sortie de ce premier roman. «J’ai déjà commencé à écrire le deuxième, qui parlera aussi des jeunes et des trafics de drogue juvéniles. C’est inspiré aussi de ce que je vois autour de moi chez les jeunes», a souligné la jeune écrivaine, qui a exprimé son souhait de renouveler la collaboration avec ses éditeurs actuels.

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