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Grand Angle  

Jalal Hami Eddine, un enseignant non voyant qui illumine la vie de ses étudiants

Jalal Hami Eddine, père de deux enfants, a tracé sa propre voie vers la réussite et sans que sa déficience visuelle ne constitue un obstacle. Pour lui, «le handicap n'est pas le problème, mais le sentir en est un».

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Jalal Hami Eddine est professeur d'anglais, formateur, consultant international certifié en développement personnel et acteur associatif. / DR
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Avec détermination et volonté, Jalal Hami Eddine a su surmonter sa déficience visuelle et s'imposer dans la société, devenant ainsi professeur d'anglais, formateur, consultant international certifié en développement personnel et acteur associatif.

Le jeune marocain a vu le jour à Casablanca en 1980 dans une famille pauvre, composée de six frères, dont trois souffrant de déficience visuelle depuis la naissance. «Je suis le plus jeune et j'ai deux autres frères atteints de cécité qui sont plus âgés que moi et qui m'ont ouvert la voie pour faire face à la situation», a-t-il déclaré à Yabiladi. Malgré cela, son enfance a été remplie de tristesse et de peur de l'inconnu.

Le frère aîné de Jalal passait la plupart de son temps à l'extérieur de la maison, avec le benjamin de cette famille. «J'avais l'habitude de m'asseoir avec mon frère aîné à côté de ses amis quand j'avais quatre ou cinq ans, ce qui m'a permis d'apprendre beaucoup de choses. Je me sentais plus âgé et cela m'a fait gagner une grande confiance en moi», se rappelle-t-il.

Mais ce sentiment a vite changé, après avoir intégré un internat pour les personnes non voyantes à l'âge de six ans. «Je suis entré à l'Institut de l'Organisation alaouite pour la promotion des aveugles au Maroc à Casablanca. Avant d'y entrer, j’avais juste entendu parler que de l'injustice au sein de cette école avant d’y être confronté une fois dedans par l'un des professeurs», se remémore-t-il.

«J'avais un problème avec l’apprentissage via le système Braille, en raison de la taille de mes doigts. J'ai été battu quotidiennement d'une manière violente par l'un des professeurs, provoquant dépression et toute une série de problèmes psychologiques, et même l'enuresie.»

Jalal Hami Eddine

La détermination et la persévérance pour surmonter les obstacles

En raison des violences auxquelles il a été soumis pendant cette période, Jalal a décidé de quitter l'école pendant un an, jusqu'à ce que ses blessures guérissent. Il y est revenu avec sa radio, qui était comme son «amie» et au lieu de jouer avec ses camarades, il préférait écouter les informations, nationales ou internationales. «Je connaissais les nouvelles politiques depuis mon plus jeune âge. La BBC était l'une de mes stations préférées», se rappelle-t-il.

«Un jour, un professeur de la quatrième année nous a demandé de rédiger une dissertation. Mes amis avaient écrit sur la nature et le désert et moi j’ai choisi le rôle des radios arabes dans la libération de la Palestine. Le professeur était impressionné à l'époque», se souvient-il avec fierté.

Le Marocain reste dans la même institution jusqu'au baccalauréat en 1998 pour intégrer ensuite l'Université Hassan II, et sa Faculté des lettres et des sciences humaines à Ain Chok où il obtient une licence en anglais en 2003.

Au cours de ses études à l'université, Jalal Hami Eddine rencontre d'autres difficultés en raison de sa déficience visuelle. «J'étais censé faire des recherches sur Internet, mais je n'en étais pas capable», explique-t-il. Et cette affaire a constitué une barrière jusqu'à ce qu'il décide de la surmonter, en achetant un ordinateur et en essayant d'apprendre à travailler dessus. «Au lieu de voyager comme mes pairs, je m'asseyais pendant des heures devant l'ordinateur. Même s’il tombait en rade à cause de moi», ironise-t-il.

Les choses sont restées ainsi jusqu'à ce qu'il obtienne un programme spécial pour les personnes non voyantes, qu'il télécharge avec l'aide d'un ami. Cela lui permet ainsi d’accéder facilement à d’autres connaissances, lorsque la machine muette devient parlante. Jalal devient même un expert, réparant les machines de ses amis.

Une «académie pour le développement personnel»

Ce Marocain a travaillé bénévolement à ses débuts en tant que professeur d'anglais dans le même institut où il a étudié. «J'étudiais l'anglais le matin et le soir et je me rendais à Rabat pour trouver un emploi stable», nous raconte-t-il.

En 2009, l’un de ses rêves est devenu réalité lorsqu’il visite le siège de la radio qu’il a toujours considérée comme son «amie d’enfance durant l’isolement au pensionnat». «J'ai été choisi pour faire une visite en Grande-Bretagne, qui a été faite par l'intermédiaire de l'institut dans lequel j'étudiais, parce que je parlais anglais», explique-t-il. La BBC réalisera aussi une interview avec lui.

Un mois après son retour, Jalal Hami Eddine obtient un emploi de cadre à l'Académie régionale d'éducation et de formation de Fès, et un an plus tard, il retourne dans sa ville natale pour travailler officiellement comme professeur d'anglais dans la même école où il a fait ses études.

En parallèle, le Marocain travaille en tant que formateur et consultant international certifié en développement personnel et acteur associatif, après avoir obtenu plusieurs certificats qui lui permettent d'exercer ce métier.

«Mon handicap m'a offert la faculté d'écouter les autres, et c'est ce qui a poussé de nombreuses personnes proches à se confier à moi. C'est un peu par hasard que j'ai suivi une formation en développement personnel.»

Jalal Hami Eddine

Jalal Hami Eddine aspire à créer une académie pour le développement personnel car «aider les autres [lui] fait profiter davantage de la vie».

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