Chaque guerre commence par un médiamensonge et le but est de tromper et d’endormir l’opinion publique. Ici, on a commencé par nous dire : Kadhafi bombarde son peuple. Dans ce cas-là, évidemmen...Suite t, il faut faire quelque chose. Mais c’étaient des informations entièrement fabriquées par Al Jazeera d’abord, Al Arabia, ensuite.
Il faut quand même remarquer qu’Al Jazeera, c’est la télé du Qatar et que l’émir du Qatar est partie prenante dans la guerre. Il est dans l’alliance de l’OTAN. Le Qatar avait investi en Libye mais il n’était pas très satisfait. Il voulait, en fait, faire main basse sur le gaz de la Libye. Le Qatar a comme ambition de devenir un géant mondial du gaz, de tenir tête à la Russie et, évidemment, sur ce point, il est soutenu par les Etats-Unis et la France.
En plus, la Libye de Kadhafi avait le projet de créer un grand pôle industriel et financier au Proche-Orient, le Qatar a le même projet, donc, en rivalité. Le Qatar veut absolument être la grande puissance arabe sur le plan économique et financier. Ce qui nous fait dire que c’est une guerre économique dans son chef. Alors, comme Al Jazeera est la propriété de l’émir du Qatar, il est clair que ce dernier l’a mise au pas. Al Jazeera qui avait joué un rôle très noble et très courageux sur la Palestine ou l’Irak, est devenue une télé-soldat et une télé de l’OTAN.
Plusieurs sources ont avancé que certaines images diffusées par Al Jazeera étaient tournées dans un décor fabriqué au Qatar représentant la place verte, Al Azizia, etc. Avez-vous des informations à ce sujet ?
Oui, j’ai entendu ça, je n’ai pas pu vérifier. Mais, apparemment, d’après les premiers indices, il y aurait même une confirmation du chef du CNT comme quoi effectivement on aurait mis en scène de fausses images de libération pour démoraliser les troupes, et cela va dans le même sens (Note d'IN: voir la vidéo où il l'avoue). On n’a pas arrêté d’annoncer que Kadhafi était mort ou son fils, ou qu’il était en fuite. Le ministre britannique des Affaires étrangères avait dit qu’il était venu au Vénézuela. Ce genre d’info, c’est classique dans toutes les guerres.
Ce sont des infos absolument fausses visant à démoraliser l’adversaire et à tromper l’opinion internationale. Faire croire que tout est fini. Il faut donc vérifier à propos de ces images. On va le faire avec notre équipe. Mais aussi, chaque guerre apporte son lot de nouveautés dans la désinformation. Et la nouveauté, c’est qu’effectivement on met carrément des images en scène en studio. Je voudrais juste compléter ce que je disais au début, la campagne de l’OTAN repose sur l’idée : -que Kadhafi a bombardé son peuple.
Les satellites russes ont montré que rien ne s’est produit de ce genre. Tous les témoins ont dit que c’était faux; -on a dit que Kadhafi employait des mercenaires. On dit aussi que Kadhafi avait ordonné à ses soldats de violer en masse et qu’il leur avait fourni des containers de viagra pour ça. C’est aussi un classique de la désinformation dans toutes les guerres : diaboliser l’armée qui vous résiste, la couvrir de calomnies sur des crimes sexuels. Cela avait servi en Bosnie aussi. En fait, il faut dire que toute la campagne de l’OTAN a consisté à tromper l’opinion publique pour avoir un prétexte pour bombarder, parce qu’en fait, on ne voulait pas protéger les civils, on voulait abattre le gouvernement libyen, voler le pétrole, voler les ressources financières.
La plupart des médias « officiels » prétendent que ce sont les insurgés qui ont renversé Kadhafi alors que l’OTAN n’assurait qu’une couverture aérienne. D’autres sources, par contre, avancent que des forces spéciales, françaises et britanniques, ont débarqué à Tripoli. Quelle version des faits pouvez-vous nous confirmer, vous qui avez déjà été sur le terrain ?
En fait les insurgés ou les rebelles, ne représentent pas une force populaire significative, qui aurait permis de renverser le gouvernement libyen. C’est toute la différence avec les révoltes tunisienne et égyptienne où le peuple était unanime pour se débarrasser de tyrans détestés, et ici, il y a une insurrection très minoritaire qui, si elle n’avait pas été mise en place, armée et soutenue par les bombardements de l’OTAN, n’aurait jamais pu s’emparer du pouvoir et, en fait, aurait déjà été éliminée par les forces libyennes depuis longtemps. Je parle sur le plan militaire.
Ce sont effectivement les bombardements de l’OTAN qui ont fait la décision, et les forces spéciales françaises, britanniques et d’autres qui encadraient les troupes, les dirigeaient, leur fournissaient les renseignements et, selon des témoignages, faisaient partie du sale travail d’élimination de résistants et de personnalités.
Donc, apparemment, les forces françaises et britanniques étaient présentes au sol ?
C’est ce que j’ai écrit dans mon texte « Comprendre la guerre d’avril ». Les services secrets italiens, étant donné que l’Italie est dans une grande rivalité commerciale en Libye avec la France et qu’ils étaient furieux de l’intervention de Sarkozy, n’ont pas hésité à balancer le fait que les services secrets français étaient actifs sur le terrain avant la résolution de l’ONU et qu’ils ont continué en violation de la résolution 1973.
Certains avancent que ces « rebelles » étaient pour la plupart des mercenaires saoudiens, qataris et même des narcotrafiquants colombiens. Qu’en est-il réellement ?
Effectivement, on a beaucoup d’indications qu’il y a une privatisation de la guerre par les Etats-Unis. Obama et notamment son entourage, Brezinski et les stratèges de ce genre, ont tiré les leçons de la période Bush. Les Etats-Unis ne sont plus capables, ils n’ont jamais gagné une guerre - à part celle contre la minuscule île de Grenade -, donc ils n’ont jamais gagné une guerre sur le terrain. Alors, la méthode Obama a consisté à sous-traiter la guerre. Il y a une sorte de privatisation.
On envoie des brigades qataries, on confie aux Emirats Arabes Unis le soin de mettre sur pied une armée privée, des mercenaires, en fait, qui ont été sur le terrain en Libye et qui ont été formés par des instructeurs des Etats-Unis et d’autres pays occidentaux. C’est cette privatisation de la guerre qui permet à Obama de dire que l’armée des Etats-Unis se retire d’Iraq mais en fait, on fait de la soustraitance. Concernant les narcotrafiquants, oui, j’ai eu aussi des informations, mais je n’ai pas été le témoin direct, que des cadres et des mercenaires colombiens étaient d’une part dans la formation de l’armée des Emirats dont je viens de parler et aussi sur le terrain.
Il faut savoir en fait qu’il y a une collaboration très étroite entre les forces israéliennes, les forces colombiennes en Colombie et dans d’autres pays. Donc, on retrouve là une sorte d’internationale de mercenaires et de sous-traitance de la guerre.
Vous avez rencontré des personnes qu’on présentait comme des mercenaires, c’est d’ailleurs ce que vous racontez dans votre prochain livre. Qui sont-elles en réalité ?
Il s’agit de l’un des pires médiamensonges des médias occidentaux pour justifier cette guerre. On nous a dit depuis le début que Kadhafi était tellement isolé qu’en fait il n’avait que des mercenaires pour le soutenir. Et puis, on nous a présenté des Noirs qui étaient tués dans l’est de la Libye dans un premier temps et on nous a dit que la population était en colère contre ces mercenaires et ils avaient été tués comme ça.
En réalité, il est connu de tous les connaisseurs de la Libye que dans la région de Benghazi, il existe depuis longtemps un racisme anti-noir et aussi un racisme contre les Libyens à la peau plus foncée, c’est-à-dire les Libyens du Sud. Et ce racisme s’est donc tourné, d’une part, contre les Libyens à la peau noire et, d’autre part, contre des Africains qui vivaient en Libye depuis longtemps et qui avaient soit la nationalité libyenne, soit des papiers, une maison, etc. Telle est la structure de l’économie libyenne.
Il y a énormément d’immigrés dans les hôtels, les restaurants, les services de nettoyage et d’entretien. Une très grande partie du travail manuel est effectuée par des gens d’Afrique noire qui étaient d’ailleurs très contents parce qu’en Libye, ils avaient une bonne situation et qu’ils obtenaient facilement des papiers, une maison, une voiture, un bon salaire, ce qui est en contraste total avec la situation dans leur pays d’origine où ils souffrent de la misère et des persécutions très souvent, et la situation en Europe où on les pourchasse ou on les enferme dans des sortes de prisons pour immigrés.
Ils étaient très reconnaissants à Kadhafi parce que justement il a toujours lutté contre le racisme anti-noir. Ce qui est scandaleux de la part des médias occidentaux, c’est qu’on a donné une confirmation de cette théorie, de ces rebelles racistes, comme quoi ces Africains étaient des mercenaires, il faut qu’on les tue. Et en réalité, de cette façon-là, on a soutenu des gens qui pratiquent le nettoyage ethnique. L’ironie du sort, c’est que c’est le premier président noir des Etats-Unis qui a soutenu les mouvements qui pratiquent le nettoyage ethnique contre les Noirs.
Personnellement j’ai rencontré des Africains qui étaient venus à Bab El Azizia, le palais présidentiel. Et ils étaient venus spontanément former une sorte de bouclier humain. Ils aimaient Kadhafi, ils étaient contents de ce qu’il avait fait pour eux. Et ils sont venus quand l’OTAN a commencé à bombarder son palais. Moi, j’ai discuté avec ces gens, c’étaient des hommes de tous âges, des enfants, des femmes. Je m’excuse, quand on est des mercenaires on ne met pas ces femmes et ces enfants face aux bombardements et à ces opérations de guerre, donc, c’est ridicule.
J’ai été extrêmement choqué de voir des gens avec qui j’avais parlé et qui étaient vraiment très chaleureux, très motivés, les mains liées dans le dos et qui ont été torturés et massacrés comme des animaux et laissés là, sur le sol. Il faut le dire, l’Occident soutient, arme et excuse des gens qui sont des terroristes et des racistes, cela doit être dit.
Lors du siège de Tripoli, le journaliste Thierry Meyssan avance un chiffre de 1 300 morts et 5 000 blessés, tous des civils. Avez-vous des informations précises à ce propos ?
Là, je n’ai rien de plus à vous dire sur les chiffres. Comme vous le savez, les chiffres, c’est toujours quelque chose de très difficile à estimer et je n’ai pas de compétence pour donner un chiffre. Il y a une étude qui a été faite récemment et qui avance que l’OTAN aurait largué 30.000 bombes. Si on fait une estimation pas très élevée, qui est de deux morts par bombe, on arrive à un chiffre de 60.000 morts.
Cette désinformation a-t-elle eu un impact en Europe ou, au contraire, l’opinion est-elle assez informée sur la réalité des événements, notamment par le biais des médias alternatifs ?
Malheureusement, oui. La désinformation a eu un impact absolument catastrophique sur l’opinion publique européenne. Il n’y a eu pratiquement aucune manifestation, sauf très petites. Malheureusement, même le mouvement antiguerre, les progressistes en Europe pensent que, cette fois-ci, Obama et Sarkozy ont mené une bonne guerre. Et j’ajouterai que, malheureusement, une très grande partie des personnes d’origines arabe et musulmane qui vivent en Europe pensent la même chose à cause du rôle d’Al Jazeera comme je viens de le dire. Donc, effectivement, sur le plan de la bataille de l’information, actuellement la situation est assez catastrophique, le mensonge l’a emporté largement.
En Irak, la guerre a été déclenchée pour des motifs fallacieux (armes de destruction massive, relation Saddam -Al Qaïda...). Plus tard, la vérité est apparue au grand jour et l’opinion s’est aperçue qu’elle avait été trompée. A propos de la Libye, comment l’OTAN va-t-elle gérer la situation médiatique de l’après-Kadhafi ?
Effectivement, on a une répétition des médiamensonges sur l’Iraq et, comme je viens de le dire, c’est que l’opinion européenne avait été, en tout cas après un certain temps, très sceptique et même très avertie sur le médiamensonge sur les armes de destruction massive et, ici, il faut bien le dire que ça a marché. Si vous allez dans la rue et que vous demandez à n’importe qui, vous aurez neuf personnes sur dix qui vont vous dire : oui, il a bombardé sa population.
Maintenant, comment l’OTAN va-t-elle gérer la situation médiatique de l’après-Kadhafi ? Le problème c’est qu’il faut d’abord qu’on impose un débat où le public a le droit de savoir, de vérifier la qualité des informations qui lui ont été données. Et là, la tâche de groupe comme Investig'Action qui anime notre site. On a diffusé beaucoup d’articles et on va continuer. On vient de sortir le petit livre dont je vous parlais Libye, OTAN et médiamensongeset qui paraîtra dans une semaine.
Il est très important que l’opinion se rende compte qu’elle a été manipulée et qu’à cause de cela, il y a des dizaines de milliers de Libyens qui sont morts et que le pays va connaître le même enfer que l’Iraq. Donc, c’est la première bataille à mener. J’espère qu’une partie des journalistes honnêtes des grands médias vont se rendre compte, quand même, qu’à chaque guerre, on les piège et qu’il y a un devoir de dire au public : oui, on a été manipulés. C’est un devoir, parce que l’OTAN annonce clairement qu’ils vont s’en prendre à la Syrie, à l’Iran, au Venezuela, je pense aussi que l’Algérie est aussi dans le collimateur.
Donc, les médiamensonges, ça a des conséquences terribles et c’est notre devoir d’imposer un débat sur cela. Evidemment, l’OTAN a intérêt à ce qu’il n’y ait pas un débat et à ce qu’on passe aux affaires suivantes, et c’est toute la question. Est-ce qu’on va arriver à imposer un débat et que l’opinion publique sache qu’elle a été trompée ?
En mars 2007, le général américain Wesley Clark avait déclaré dans une interview qu’un mémo, qui lui avait été montré au Pentagone en 2001, expliquait comment l’administration américaine envisageait de prendre le contrôle de sept pays en cinq ans : l’Irak, la Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan et l’Iran. Quels seraient les enjeux et les objectifs d’une telle campagne ?
Le général Wesley Clark, il faut le rappeler, ce n’est pas n’importe qui. C’est l’homme qui a bombardé, très sauvagement d’ailleurs, la Yougoslavie en 1999. Donc ce n’est pas un gauchiste ou un théoricien du complot. C’est un homme de l’appareil qui sait de quoi il parle.
Et donc, quand il dit que sept pays en plus de l’Afghanistan allaient être envahis ou contrôlés par les Etats-Unis, cela confirme l’analyse que nous faisions en 2000-2001 de la politique des Etats-Unis et des gens autour de Bush, le fameux Project for the New American Century qui, effectivement, était une politique de contrôle total du Moyen-Orient et du monde musulman ; comme nous l’expliquons d’ailleurs dans le livre que nous allons publié dans un mois et qui s’intitule Comprendre le monde musulman avec des entretien avec Mohamed Hassan qui analyse les rapports stratégiques entre les Etats-Unis, l’Europe et le monde arabe et musulman, le Moyen-Orient, l’Afrique et aussi l’Asie.
En fait, cette prise de contrôle de ces pays, ça fait partie d’une campagne de recolonisation du monde. Les Etats-Unis, étant une économie en crise, le système capitaliste international est en crise de façon générale avec une baisse du taux de profits, avec, pour les Etats-Unis, la délocalisation de leurs usines, de leur industrie et le fait qu’il y a de moins en moins de valeur qui est créée aux Etats-Unis mêmes ; c’est donc une économie parasite qui vit sur le dos des pays du Sud.
Les Etats-Unis ont un grand problème : leur pouvoir économique est en baisse constante, leur économie en crise, leur Etat en faillite, leur dollar ne vaut plus rien, et la seule façon d’enrayer ce déclin et de rester le numéro un, c’est l’atout militaire, c’est de prendre le contrôle de pays tout simplement pour les coloniser comme on faisait dans le temps pour piller leur richesses.
C’est ce qui va arriver avec la Libye, pour le pétrole, l’eau, les réserves financières très importantes et, en plus, là, on a détruit le plus possible pour pouvoir reconstruire le plus possible ; comme vous voyez déjà maintenant toutes ces entreprises du bâtiment et autres qui se précipitent comme des vautours pour tirer de plus gros profits de tout ce qu’ils ont détruit. Donc, je pense que cette campagne de contrôle de tous ces pays, qui ne va pas s’arrêter après la Libye, et il faut y insister, c’est une campagne de recolonisation du monde.
L'intervention de la France en Libye est un « investissement sur l'avenir », a déclaré récemment le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé dans un entretien au quotidien Le Parisien. Cela suppose qu’après la chute de Kadhafi, beaucoup de prétendants seront en course pour accaparer les richesses libyennes. Qui dirigera d’après vous ce nouveau concert, les Européens ou les Américains ?
Quand je parlais de bataille entre vautours, c’est effectivement une bataille économique pour les contrats et, à peine Tripoli a-t-elle été envahie, que déjà dans la presse française, italienne et autres, on trouvait des informations sur le fait qu’ils se battaient comme des chiffonniers pour savoir qui allait prendre la plus grosse part du butin.
Alors, on se partage la Libye comme les puissances coloniales se partageaient l’Afrique à la Conférence de Berlin en 1884-1885. C’est-à-dire que les plus forts prennent les gros morceaux, les moins forts les petits morceaux et ceux qui ont choisi le mauvais cheval ou sont arrivés trop tard ne reçoivent rien. La France dit : nous on a été en pointe, on prend 35 %. Elle confirme par là que c’était bien une guerre économique, une guerre pour le fric.
L’attaque de la Libye comporte plusieurs enjeux (politiques, économiques, stratégiques), cela ne constitue-t-il pas une première étape pour un contrôle de l’Afrique vu que le premier souci américain est d’abord d’installer cette fameuse Africom ?
Comme je l’ai indiqué dans le texte « Comprendre la guerre en Libye », au début du livre dont j’ai parlé plus haut. La guerre contre la Libye a effectivement plusieurs enjeux, à l’instar de toutes les guerres menées par les Etats-Unis, parce qu’une guerre c’est un gros investissement, un risque, et l’on ne mène pas une guerre de cette envergure pour un seul petit objectif.
Les objectifs de la guerre contre la Libye sont le pétrole, ses réserves financières très importantes et, justement, il s’agit de casser le rôle de la Libye comme financier alternatif de l’Afrique. La Libye, comme l’Algérie d’ailleurs, d’après ce qu’on m’a expliqué, joue un rôle de financier alternatif pour une série de pays africains qui sont soumis à des chantages de la part des multinationales de l’Europe et des Etats-Unis qui prennent les matières premières au prix le plus bas, qui refusent d’investir pour qu’une vraie économie de transformation et de service se développe en Afrique, et, en fait, le financement alternatif aidait l’Afrique à reconquérir son indépendance, à voler de ses propres ailes.
C’est clair que c’est une guerre contre l’Afrique et, justement depuis que la bataille économique pour les ressources mondiales fait rage, les Etats-Unis s’intéressent au contrôle militaire. Considérant que tout leur appartient, les Etats-Unis divisent la planète en séries de zones, ils organisent leurs armées et leurs opérations sur toutes ces zones.
Il n’ y avait pas de base pour l’Afrique, car elle était jugée moins intéressante que d’autres, mais, depuis quelques années, les Etats-Unis savent qu’on est en train de trouver de plus en plus de pétrole en Afrique, qu’on est en train de se battre pour les matières premières et les minerais et autres de l’Afrique, qu’il s’agit d’empêcher la Chine d’avoir des relations économiques normales avec les pays africains, se fournir en matière première et en énergie, alors, ils ont décidé de militariser le problème et d’installer une force militaire pour empêcher ces pays d’avoir un développement autonome et empêcher la Chine d’avoir des relations commerciales avec les pays africains.
Africom, c’est donc le grand projet, et ce qu’il faut remarquer, c’est que cinq pays en Afrique ont, à ma connaissance, refusé de s’intégrer dans l’OTAN ou de collaborer avec elle, et ils sont tous attaqués déjà ou sont menacés par les Etats-Unis. Il s’agit de la Libye, du Soudan, du Zimbabwe, de l’Erythrée et de la Côte d’Ivoire. Tous sous sanction, agressés ou bientôt agressés.
La France a pris l’initiative de détourner la résolution 1973 de son but initial. Comment expliquez-vous ce mutisme de l’ONU par rapport à cette agression caractérisée ?
La France a effectivement détourné la résolution 1973 de son texte et cette résolution a été en quelque sorte extorquée à l’ONU par des manœuvres et des mensonges et, ensuite, elle n’a absolument pas été respectée de sorte que cette guerre ne respecte pas le droit.
Cette résolution imposait - un cessez-le feu, or l’OTAN a attaqué pendant six mois - un embargo sur les armes : l’OTAN a livré les armes à un camp - une zone d’exclusion aérienne : l’OTAN a utilisé l’espace aérien pour ce camp - une interdiction d’intervenir au sol : les puissances de l’OTAN ont même déployé des agents, des soldats et des services de renseignement au sol.
C’est une guerre qui est illégale par rapport à la charte de l’ONU et qui, en plus, ne respecte même pas la résolution qui avait été arrachée. L’explication de cela, c’est que l’ONU ne représente rien pour le moment, elle n’est pas une organisation démocratique, elle est aux mains des Etats-Unis et contrôlée par les Etats-Unis. D’ailleurs, il suffit de voir que lorsque le monde vote contre un crime d’Israël, les Etats-Unis imposent leur veto et c’est terminé, il n’y a pas de résolution. Il est clair que les peuples ont besoin d’autre chose que l’ONU.
Comment voyez-vous l’après-Kadhafi ? Ne va-t-on pas assister à un nouvel Irak avec, notamment, une division du pays et une guerre fratricide entre différentes tribus ?
Ecoutez, vous parlez de l’après-Kadhafi, et je serai très prudent. Sur place, j’ai constaté que Kadhafi avait beaucoup de partisans, il y avait des gens qui ne l’aimaient pas aussi. Même ces gens qui ne l’aimaient pas sur le plan de la question démocratique ou de la corruption..., ils n’étaient pas pour autant pour une invasion de l’OTAN.
Il va se passer en Libye ce qui s’est passé en Irak : -les marionnettes de l’OTAN vont s’entredéchirer pour s’assurer le pouvoir et le fric, on a déjà vu le numéro 1 du CNT faire assassiner le numéro 2, donc ça promet - il y a un tel gâteau avec le pétrole et les réserves financières.
Evidemment, toutes les tribus que Kadhafi a réussi à unifier et à pacifier vont de nouveau s’affronter. D’autant plus que c’est une politique classique des grandes puissances coloniales de « diviser pour régner », qu’on utilise comme clients certaines tribus contre d’autres.
Les Etats-Unis, les Français, les Italiens et autres vont avoir chacun leurs pions, leurs tribus, et tous ceux-là vont s’entredéchirer. Je ne serais pas étonné qu’effectivement il y ait des formes de guerre civile qui se déclenchent entre les « démocrates libérateurs » et je ne serais pas surpris non plus qu’on assiste à des attentats.
Au fond, les Etats-Unis et la France ont besoin d’un bon prétexte pour maintenir des troupes au sol. Comme en Iraq, on sait que, derrière les attentats, il y a souvent les services secrets des Etats-Unis. Je pense que la gauche européenne, arabe et internationale doit absolument prendre conscience que son silence et sa complicité vont plonger les Libyens en enfer.
Ce n’est pas la question de culpabiliser les gens, mais de prendre ses responsabilités et de se dire qu’il est temps de ne pas se faire manipuler. Il est temps qu’on mette en place des instruments de contrôle de l’information dès le début. Les médiamensonges tuent et nous avons tous, où que nous soyons, une responsabilité de démasquer ces médiamensonges.
Je veux dire, si vous voyez Al Jazeera ou la CNN ou TF1, qui est en train de répéter que tel chef d’Etat commettait l’atrocité et qu’il faut intervenir, vous savez que cela veut dire qu’on va bombarder, qu’on va voler les richesses et, donc, vous avez un devoir moral de vous battre contre le mensonge dès la première seconde où il sort. Cela est absolument fondamental et tout le monde doit prendre ses responsabilités. L’OTAN a déjà annoncé qu’ils étaient très contents de ce qu’ils avaient réussi. Obama, ses conseillers, Sarkozy, qui parade comme un coq..., tout le monde est en train de nous dire qu’on va recommencer et qu’on va trouver la bonne recette et que ça marchera mieux qu’en Iraq et qu’on va faire le coup de la Libye ailleurs.
Il est temps pour les progressistes et tous ceux qui veulent absolument défendre la paix et le droit des peuples à décider eux-mêmes de leur sort de mener la bataille de l’information et, dès qu’un médiamensonge sort, il faut se dire : c’est ma responsabilité de le dénoncer à la minute même où il sort. Et là, je ne pense pas uniquement aux journalistes honnêtes. Pour la plupart, le système des médias ne leur donne pas assez de liberté, mais je pense également à M. tout le monde notamment ; avec internet, on a la possibilité et le devoir de combattre les médiamensonges, c’est très important.
Message à vous, gens de médias.
C'est vous qui faites (ou défaites) la conscience du monde.
Le 4e pouvoir, ce chien de garde si essentiel pour la santé de la démocratie et la protection des cito...Suite yens.
Dans quel monde vivons-nous ?
Nous nous réjouissons, avec votre aide, devant des cadavres sanglants.
Ces cadavres d'Êtres Humains que vous déshumanisez consciemment ou inconsciemment, mais totalement efficacement.
Vous approuvez et même faites la promotion de l'inhumanité.
Je suis sévère dans mon jugement.
Aie-je le droit de m'indigner ?
Quel étrange monde que celui dans lequel nous vivons !
"Notre" monde se réjouit de la mort.
Hier nous avions des images de deux corps ensanglantés
et les réjouissances parcouraient les gouvernements occidentaux qui se gargarisent régulièrement aux «droits humains».
La Libye était sous le joug d'un dictateur dit on!
La Grande Jamahiriya arabe libyenne n'était pas une démocratie selon nos règles, mais ce Pays que l'on surnommait la Suisse de l'Afrique avait un bilan plus que respectable, on pourrait dire «enviable» (surtout pour le continent africain).
Voilà ce que les citoyens du Pays dudit dictateur avait droit:
1-L’électricité à usage domestique était gratuite !
2 - L’eau à usage domestique était gratuite !
3- Le prix d’un litre d’essence était de 0,08 EUROS !
4- Les banques libyennes accordaient des prêts sans intérêts !
5- Les citoyens n’avaient pas d’impôts à payer, et la TVA n’existait pas !
6- La Libye était le dernier pays dans la liste des pays endettés! La dette publique était à 3,3% du PIB ! En France, elle est à 84,5% ! Aux US, 88,9% ! Aux Japon à 225,8% !
7- Le prix pour l’achat d’une voiture (Chevrolet, Toyota, Nissan, Mitsubishi, Peugeot, Renault...) était au prix d’usine (voitures importées du Japon, Corée du Sud, Chine, États unis...) !
8- Pour chaque étudiant voulant faire ses études à l’étranger, le « gouvernement » attribuait une bourse de 1 627,11 Euros par mois !
9- Tout étudiant diplômé recevait le salaire moyen de la profession du cursus choisi s’il ne trouvait pas d’emploi !
10- Lorsqu’un couple se mariait, l’ État » payait le premier appartement ou maison (150 mètres carrés) !
11- Chaque famille libyenne, sur présentation du livret de famille, recevait une aide de 300 EUROS par mois !
12- Pour tout employé dans la fonction publique, en cas de mobilité nécessaire à travers la Libye, l’État fournissait une voiture et une maison gratuitement. Et quelque temps après, ces biens appartenaient à l'employé.
Voilà les méfaits de cette dite dictature.
Une dictature...
Al-Jazeera, la chaîne d’information qatariote qui s’est imposée en 15 ans dans le monde arabe comme une source originale d’information, s’est soudainement engagée dans une vaste opération ...Suite d’intoxication visant à renverser les régimes libyen et syrien par tous les moyens. Ce revirement, démontre Thierry Meyssan, n’est pas le fruit de la conjoncture, mais a été préparé de longue date par des personnalités qui ont su cacher leurs intérêts personnels au grand public. Révélations…
La chaîne qatariote Al-Jazeera a annoncé la démission de son directeur général, Wadah Khanfar, et son remplacement par un membre de la famille royale, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, le 20 septembre 2011.
Cheikh Hamad est un cadre de Qatargas. Il a travaillé pendant un an à Paris-La Défense au siège de Total. Il présidait par le passé le Conseil d’administration d’Al-Jazeera.
Cette nouvelle est présentée dans la presse atlantiste de trois manières différentes : soit comme une démission forcée et une reprise en main de la chaîne par l’État, soit comme une vengeance de l’Autorité palestinienne après la diffusion des Palestinian Papers, soit enfin comme une conséquence des fuites de Wikileaks exposant certaines des connexions de M. Khanfar avec les États-Unis.
Si toutes ces interprétations peuvent contenir une part de vérité elles masquent la raison principale : le rôle du Qatar dans la guerre contre la Libye. Ici, un retour en arrière est nécessaire.
L’origine d’Al-Jazeera : une volonté de dialogue
Al-Jazeera a été conçu par deux personnalités franco-israéliennes, les frères David et Jean Frydman, après l’assassinat de Yitzhak Rabin, dont ils étaient proches. Selon David Frydman [1], l’objectif était de créer un média où des Israéliens et des Arabes pourraient débattre librement, échanger des arguments, et apprendre à se connaître, alors que ceci était interdit par la situation de guerre et bloquait toute perspective de paix.
Pour créer la chaîne, les frères Frydman bénéficièrent d’un concours de circonstances : la compagnie saoudienne Orbit avait conclu un accord avec la BBC pour créer un journal télévisé en arabe. Mais les exigences politiques de la monarchie absolue saoudienne se révélèrent vite incompatibles avec la liberté de travail des journalistes britanniques. L’accord fut résilié et la majorité des journalistes arabisants de la BBC se retrouvèrent au chômage. Ils furent donc récupérés pour fonder Al-Jazeera.
Les frères Frydman tenaient à ce que leur télévision soit perçue comme une chaîne arabe. Ils parvinrent à convaincre le nouvel émir de Qatar, Hamid bin Khalifa al-Thani, qui, avec l’aide de Londres et de Washington, venait de renverser son père —accusé de sentiments pro-Iraniens—. Cheikh Hamad bin-Khalifa comprit rapidement les avantages qu’il pouvait tirer à se trouver au centre des discussions israélo-arabes, qui duraient depuis un demi-siècle déjà et s’annonçaient encore longues. Au passage, il autorisa l’ouverture à Doha d’un bureau du ministère israélien du Commerce, à défaut de pouvoir ouvrir une ambassade. Surtout, il vit l’intérêt pour le Qatar de concurrencer les riches médias saoudiens pan-arabes et de disposer d’un média qui critique tout le monde, sauf lui.
Le montage financier initial prévoyait à la fois une mise de fonds des frères Frydman et un prêt de l’émir de 150 millions de dollars sur 5 ans. C’est le boycott des annonceurs organisé par l’Arabie saoudite et l’absence de revenus significatifs de la publicité qui a conduit à modifier le schéma initial. En définitive, l’émir est devenu le bailleur de fonds de la chaîne et donc son commanditaire.
Des journalistes exemplaires
Durant des années, l’audience d’Al-Jazeera a été tirée par son pluralisme interne. La chaîne s’enorgueillissait de laisser dire une chose et son contraire. Sa prétention n’était pas de dire la vérité, mais de la faire surgir du débat. Son émission phare, le talk show de l’iconoclaste Faisal al-Qassem, intitulé « L’Opinion contraire », se régalait à bousculer les préjugés. Chacun pouvait trouver des motifs de se réjouir de certains programmes et d’en déplorer d’autres. Peu importe, ce bouillonnement interne a eu raison du monolithisme de ses concurrents et a bouleversé le paysage audio-visuel arabe.
Le rôle héroïque des reporters d’Al-Jazeera en Afghanistan et durant la troisième guerre du Golfe, en 2003, et leur travail exemplaire contrastant avec la propagande des chaînes satellitaires pro-US, transforma l’image de la chaîne d’une station polémique en média de référence. Ses journalistes payèrent au prix fort leur courage : George W. Bush hésita à bombarder les studio de Doha, mais fit assassiner Tareq Ayyoub [2], arrêter Tayseer Alouni [3] et incarcérer Sami el-Hajj à Guantanamo [4].
La réorganisation de 2005
Cependant les meilleures choses ont une fin. En 2004-05, après le décès de David Frydman, l’émir décida de réorganiser complètement Al-Jazeera et de créer de nouveaux canaux, dont Al-Jazeera English, alors que le marché mondial se transformait et que tous les grands États se dotaient de chaînes d’information satellitaires. Il s’agissait clairement d’abandonner l’effervescence et les provocations du début, de capitaliser une audience atteignant désormais les 50 millions de téléspectateurs, pour se positionner comme un acteur du monde globalisé.
Cheikh Hamad bin-Khalifa fit appel à un cabinet international qui lui avait dispensé une formation personnelle en communication. JTrack s’était spécialisé dans l’entraînement des leaders arabes et d’Asie du Sud-Est pour leur apprendre à parler le langage de Davos : comment donner aux Occidentaux l’image qu’ils ont envie de voir. Du Maroc à Singapour, JTrack a ainsi formé la plupart des responsables politiques soutenus par les États-Unis et Israël —souvent de simples fantoches héréditaires— pour en faire des personnalités médiatiquement respectables. L’important n’est pas qu’ils aient quelque chose à dire, mais qu’ils sachent manier la langue de bois globale.
Toutefois, le Pdg de JTrack, ayant été appelé à de hautes fonctions gouvernementales en Afrique du Nord, il dût se retirer avant d’avoir achevé la transformation du Al-Jazeera Group. Il confia la suite des opérations à un ancien journaliste de Voice of America qui travaillait depuis plusieurs années déjà pour la chaîne qatariote et appartenait à la même confrérie musulmane que lui : Wadah Khanfar.
À la fois professionnellement compétent et politiquement sûr, M. Khanfar s’attacha à donner une couleur idéologique à Al-Jazeera. Tout en donnant la parole à Mohamed Hassanein Heikal, l’ancien porte-parole de Nasser, il fit de cheikh Yusuf al-Qaradawi —qui avait été déchu de sa nationalité égyptienne par Nasser— le « conseiller spirituel » de la chaîne.
Le virage de 2011
C’est avec les révolutions en Afrique du Nord et dans la péninsule arabique que Wadah Khanfar a brutalement modifié la ligne éditoriale de sa rédaction. Le Groupe a joué un rôle central dans l’accréditation du mythe du « printemps arabe » : les peuples, avides de vivre à l’occidentale, se seraient soulevés pour renverser des dictateurs et adopter des démocraties parlementaires. Rien ne distinguerait les événements de Tunisie et d’Égypte, de ceux de Libye et de Syrie. Quant aux mouvements du Yémen et de Bahreïn, ils n’intéresseraient pas les téléspectateurs.
En réalité, les Anglo-Saxons se sont efforcés de surfer sur des révoltes populaires pour rejouer le vieil air du « printemps arabe » qu’ils avaient organisé dans les années 1920 pour s’emparer des anciennes provinces ottomanes et y installer des démocraties parlementaires fantoches sous contrôle mandataire. Al-Jazeera a donc accompagné les révoltes tunisienne et égyptienne pour écarter la tentation révolutionnaire et légitimer de nouveaux gouvernements favorables aux États-Unis et à Israël. En Égypte, il s’est même agi d’une véritable récupération au profit d’une seule composante de la contestation : les Frères musulmans, représentés par le prêcheur star de la chaîne… cheikh Yusuf al-Qaradawi.
Indignés par cette nouvelle ligne éditoriale et par le recours de plus en plus fréquent au mensonge [5], certains journalistes comme Ghassan Ben Jedo claquent la porte.
Qui tire les ficelles de l’info ?
Quoi qu’il en soit, il faut attendre l’épisode libyen pour que les masques tombent. En effet, le patron de JTrack et mentor de Wadah Kanfhar n’est autre que Mahmoud Jibril (le "J" de "JTrack", c’est "Jibril"). Ce manager aimable, brillant et creux, avait été conseillé à Mouammar Kadhafi par ses nouveaux amis états-uniens pour piloter l’ouverture économique de la Libye après la normalisation de ses relations diplomatiques. Sous le contrôle de Saif el-Islam Kadhafi, il avait été nommé à la fois ministre du Plan et directeur de l’Autorité de développement, devenant de facto le numéro 2 du gouvernement, et ayant autorité sur les autres ministres. Il mena au pas de charge la dérégulation de cette économie socialiste et la privatisation de ses entreprises publiques.
Mahmoud Jibril avec son ami et partenaire en affaires Bernard-Henri Lévy, dans Tripoli conquise.
À travers l’activité de formation de JTrack, Mahmoud Jibril avait noué des relations personnelles avec presque tous les dirigeants arabes et d’Asie du Sud-Est. Il disposait de bureaux à Bahreïn et à Singapour. M. Jibril avait aussi créé des sociétés de négoce, dont une chargée du commerce du bois de Malaisie et d’Australie avec son ami français Bernard-Henri Lévy.
Mahmoud Jibril avait suivi ses premières études universitaires au Caire. Il y avait fait la connaissance de la fille d’un des ministres de Nasser et l’avait épousée. Il avait poursuivi ses études aux États-Unis, où il avait adopté les thèses libertariennes qu’il essaya d’introduire dans l’idéologie anarchiste d’el-Kadhafi. Surtout, M. Jibril avait rejoint la confrérie des Frères musulmans en Libye. C’est à ce titre qu’il avait placé les Frères Wadah Kanfhar et Yusuf al-Qaradawi à Al-Jazeera.
Durant le premier semestre 2011, la chaîne qatariote est devenue l’instrument privilégié de la propagande pro-occidentale : elle a nié autant que possible l’aspect anti-impérialiste et anti-sioniste des révolutions arabes et a choisi dans chaque pays les protagonistes qu’elle soutenait et ceux qu’elle conspuait. Sans surprise, elle a soutenu le roi de Bahreïn —un élève de Mahmoud Jibril— qui faisait tirer sur la foule, tandis que cheikh al-Qaradawi appelait à l’antenne au Jihad contre el-Khadafi et el-Assad, accusés mensongèrement de massacrer leur propre peuple.
M. Jibril étant devenu le Premier ministre du gouvernement rebelle libyen, le sommet de la mauvaise foi aura été atteint avec la construction dans des studios à Doha de répliques de la Place verte et de Bab el-Azizia où furent tournées de fausses images de l’entrée des « rebelles » pro-Us dans Tripoli. Que n’ai-je lu comme insultes lorsque j’ai annoncé cette manipulation dans les colonnes de Voltairenet.org ! Pourtant Al-Jazeera et Sky News diffusèrent ces fausses images le second jour de la bataille de Tripoli, semant le désarroi parmi la population libyenne. Ce ne fut en réalité que trois jours plus tard que les « rebelles » —presque exclusivement les Misrata— entrèrent dans Tripoli dévastée par les bombardements de l’OTAN.
Il en va de même avec l’annonce par Al-Jazeera de l’arrestation de Saif el-Islam Kadhafi et de la confirmation de cette capture par le procureur de la Cour pénale internationale Luis Moreno-Ocampo. Je fus le premier, sur les ondes de Russia Today, à démentir cette intoxication. Et là encore, je fus l’objet de quolibets dans certains journaux jusqu’à ce que Saif el-Islam vienne réveiller en personne les journalistes enfermés au Rixos et les conduise sur la vraie place Bal el-Azizia.
Interrogé sur ces mensonges par le canal arabe de France24, le président du Conseil national de transition (CNT), Mustafa Abdul Jalil revendiqua une ruse de guerre et se réjouit d’avoir ainsi accéléré la chute de la Jamahiriya.
Quel avenir pour Al-Jazeera ?
Le détournement d’Al-Jazeera en instrument de propagande pour la recolonisation de la Libye ne s’est pas fait à l’insu de l’émir de Qatar, mais sous sa houlette. C’est le Conseil de coopération du Golfe qui, le premier, a appelé une intervention armée en Libye. Le Qatar a été le premier membre arabe du Groupe de contact. Il a acheminé des armes pour les « rebelles » libyens, puis a envoyé son armée au sol, notamment lors de la bataille de Tripoli. En échange, il a obtenu le privilège de contrôler tout le commerce des hydrocarbures effectué au nom du Conseil national de transition.
Il est encore trop pour savoir si la démission de Wadah Khanfar marque la fin de sa mission au Qatar, ou si elle annonce une volonté de la chaîne de retrouver la crédibilité qu’elle avait mis 15 ans à gagner et 6 mois à perdre.
par Thierry Meyssan
Au terme du G8 de Marseille, la néo-directrice du FMI, la française Christine Lagarde, a fait une annonce solennelle : « Le Fonds Monétaire International reconnaît le Conseil de transition comme ...Suite gouvernement de la Libye et est prêt, en envoyant au plus tôt son staff sur le terrain, à lui fournir assistance technique, conseil politique et soutien financier pour reconstruire l’économie et commencer les réformes ».
Aucun doute, sur la base de l’expérience consolidée du Fmi, que les réformes signifieront ouvrir grand les portes aux multinationales, privatiser les propriétés publiques et endetter l’économie. A commencer par le secteur pétrolier, dans lequel le FMI aidera le nouveau gouvernement à « rétablir la production pour générer un revenu et re-stabiliser un système de paiements ». Les réserves pétrolières libyennes -les plus grandes de l’Afrique, précieuses pour leur qualité élevée et leur bas coût d’extraction- et celles du gaz naturel sont déjà au centre d’une âpre compétition entre les « amis de la Libye ». L’Eni a signé le 29 août un mémorandum avec le Cnt de Benghazi, dans le but de rester le premier opérateur international d’hydrocarbures en Libye. Mais son primat est l’objet de quelques embûches dressées par la France : le Cnt s’est engagé le 3 avril à lui concéder 35% du pétrole libyen. Et sont aussi dans la compétition les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et quelques autres. Leurs multinationales obtiendront les licences d’exploitation à des conditions beaucoup plus favorables que celles pratiquées jusqu’à maintenant, qui laissaient jusqu’à 90% du brut extrait à la compagnie nationale libyenne. Et il n’est pas exclu que celle-ci aussi ne finisse entre leurs mains, à travers une privatisation imposée par le FMI.
En plus de l’or noir, les multinationales européennes et étasuniennes visent l’or blanc libyen : l’immense réserve d’eau fossile de la nappe nubienne (estimée à 150mille km3), qui s’étend sous la Libye, l’Egypte, le Soudan et le Tchad. Les possibilités de développement qu’elle offre ont été démontrées par la Libye, qui a construit un réseau d’aqueducs de 4mille Kms de long (qui a coûté 25 milliards de dollars) pour transporter l’eau, extraite en profondeur par 1.300 puits dans le désert, jusqu’aux villes côtières (Benghazi ayant été une des premières servies) et à l’oasis de Khufrah, en fertilisant les terres désertiques. Ce n’est pas un hasard si, en juillet, l’OTAN a bombardé l’aqueduc et détruit la fabrique, près de Brega, qui produisait les conduites nécessaires aux réparations. C’est sur ces réserves hydriques, en perspective plus précieuses encore que les pétrolifères, que veulent mettre la main -à travers les privatisations promues par le FMI- les multinationales de l’eau, surtout françaises (Suez, Veolia et autres) qui contrôlent presque la moitié du marché mondial de l’eau privatisée. Et pour réparer l’aqueduc et les infrastructures, les multinationales étasuniennes comme Kellogg Brown & Root, spécialisées dans la reconstruction de ce que les bombes USA/OTAN détruisent, sont prêtes à s’en occuper : en Irak et Afghanistan elles ont reçu en deux années des contrats d’un montant d’environ 10 milliards de dollars.
Pour les approvisionnements des nouvelles forces armées libyennes en armements, après que l’OTAN ait détruit la plus grande partie de ceux qui existaient, ce sont surtout les industries guerrières étasuniennes, britanniques, françaises et italiennes qui s’en occuperont. Les affaires ont le vent en poupe : les exportations britanniques d’armes en Afrique du Nord et Moyen-Orient ont augmenté de 30% dans les premiers mois de l’année, à cause de la demande accrue de la part de régimes comme ceux du Bahrein et de l'Arabie saoudite, engagés à réprimer leurs mouvements populaires.
L’entière « reconstruction », sous la régie du FMI, sera payée avec les fonds souverains libyens (environ 70 milliards de dollars plus d’autres investissements extérieurs pour un total de 150), une fois « décongelés », et avec les nouveaux revenus de l’export pétrolier (environ 30 milliards annuels avant la guerre). Ils seront gérés par la nouvelle « Central Bank of Libya », qui avec l’aide du FMI sera transformée en une filiale de HSBC (Londres), de Goldman Sachs (NEW York) et d’autres banques multinationales d’investissement. Elles pourront de cette façon pénétrer encore plus en Afrique, où ces fonds sont investis dans plus de 25 pays, et miner les organismes financiers indépendants de l’Union africaine -la Banque centrale, la Banque d’investissement et le Fonds monétaire- nés surtout grâce aux investissements libyens. La « saine gestion financière publique », que le FMI s’engage à réaliser, sera garantie par le nouveau ministre des finances et du pétrole Ali Tarhouni, ancien enseignant de la Business School de l’Université de Washington, autrement dit nommé par la Maison Blanche.
Edition de mardi 13 septembre de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20110913/manip2pg/08/manip2pz/309832/
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Comment les médias occidentaux ont-ils couvert les diverses guerres qui ont suivi la première guerre du Golfe ? Peut-on dresser des constats communs ? Existe-t-il des règles incontournables de la �...Suite � propagande de guerre » ? Oui.
1. Cacher les intérêts. Nos gouvernements se battent pour les droits de l’homme, la paix ou quelque autre noble idéal. Ne jamais présenter la guerre comme un conflit entre des intérêts économiques et sociaux opposés.
2. Diaboliser. Pour obtenir le soutien de l’opinion, préparer chaque guerre par un grand médiamensonge spectaculaire. Puis continuer à diaboliser l’adversaire particulièrement en ressassant des images d’atrocités.
3. Pas d’Histoire ! Cacher l’histoire et la géographie de la région. Ce qui rend incompréhensibles les conflits locaux attisés, voire provoqués par les grandes puissances elles-mêmes.
4. Organiser l’amnésie. Eviter tout rappel sérieux des précédentes manipulations médiatiques. Cela rendrait le public trop méfiant.
Règle n° 1. Cacher les intérêts.
La règle la plus fondamentale de la propagande de guerre, c’est de cacher que ces guerres sont menées pour des intérêts économiques bien précis, ceux des multinationales. Qu’il s’agisse de contrôler les matières premières stratégiques ou les routes du pétrole et du gaz, qu’il s’agisse d’ouvrir les marchés et de briser les Etats trop indépendants, qu’il s’agisse de détruire tout pays pouvant représenter une alternative au système, les guerres sont toujours économiques en définitive. Jamais humanitaires. Pourtant, à chaque fois, c’est le contraire qu’on raconte à l’opinion.
La première guerre contre l’Irak a été présentée à l’époque comme une guerre pour faire respecter le droit international. Alors que les véritables objectifs, exprimés dans divers documents – même pas internes – du régime US étaient :
1. Abattre un régime qui appelait les pays arabes à s’unir pour résister à Israël et aux Etats-Unis.
2. Garder le contrôle sur l’ensemble du pétrole du Moyen-Orient.
3. Installer des bases militaires dans une Arabie saoudite déjà réticente. Il est très instructif, et cocasse, de relire aujourd’hui les nobles déclarations faites à l’époque par la presse européenne européenne sur les nobles motivations de la première guerre du Golfe.
De tout cela, zéro bilan.
Les diverses guerres contre la Yougoslavie ont été présentées comme des guerres humanitaires. Alors que, selon leurs propres documents, que chacun pouvait consulter, les puissances occidentales avaient décidé d’abattre une économie trop indépendante face aux multinationales, avec d’importants droits sociaux pour les travailleurs. Le vrai but était de contrôler les routes stratégiques des Balkans (le Danube et les pipe-lines en projet), d’installer des bases militaires (donc de soumettre la forte armée yougoslave) et de coloniser économiquement ce pays. Actuellement, de nombreuses informations sur place confirment une colonisation éhontée par les multinationales dont US Steel, le pillage des richesses du pays, la misère croissante qui s’ensuit pour la population. Mais tout cela reste soigneusement caché à l’opinion internationale. Tout comme les souffrances des populations dans les divers autres pays recolonisés.
L’invasion de l’Afghanistan a été présentée comme une lutte anti-terroriste, puis comme une lutte d’émancipation démocratique et sociale. Alors que, là aussi, des documents US parfaitement consultables révélaient de quoi il s’agissait. 1. Construire un pipe-line stratégique permettant de contrôler l’approvisionnement de tout le sud de l’Asie, continent décisif pour la guerre économique du 21ème siècle. 2. Etablir des bases militaires US au centre de l’Asie. 3. Affaiblir tous les « rivaux » possibles sur ce continent - la Russie, l’Iran et surtout la Chine - et les empêcher de s’allier.
On pourrait analyser pareillement comment on nous cache soigneusement les véritables enjeux économiques et stratégiques des guerres en cours ou à venir : Colombie, Congo, Cuba, Corée... Bref, le tabou fondamental des médias, c’est l’interdiction de montrer que chaque guerre sert toujours des multinationales bien précises. Que la guerre est la conséquence d’un système économique qui impose littéralement aux multinationales de dominer le monde et de le piller pour empêcher ses rivaux de le faire.
Règle N°2. Diaboliser.
Chaque grande guerre commence par un grand médiamensonge qui sert à faire basculer l’opinion pour qu’elle se range derrière ses gouvernants.
- En 1965, les Etats-Unis déclenchent la guerre du Vietnam en inventant de toutes pièces une attaque vietnamienne contre deux de leurs navires (incident « de la baie du Tonkin »).
- Contre Grenade, en 83, ils inventent une menace terroriste (déjà !) qui viserait les USA.
- La première agression contre l’Irak, en 1991, est « justifiée » par un prétendu vol de couveuses dans une maternité de Koweït City. Médiamensonge fabriqué de toutes pièces par la firme US de relations publiques Hill & Knowlton.
- De même, l’intervention de l’Otan en Bosnie (95) sera « justifiée » par des récits truqués de « camps d’extermination » et des bombardements de civils à Sarajevo, attribués aux Serbes. Les enquêtes ultérieures (tenues secrètes) montreront pourtant que les auteurs étaient en fait les propres alliés de l’Otan.
- Début 99, l’attaque contre la Yougoslavie sera « justifiée » par une autre mise en scène : un prétendu « massacre de civils » à Racak (Kosovo). En réalité, un combat entre deux armées, provoqué par les séparatistes de l’UCK. Ceux que les responsables US qualifiaient de « terroristes » au début 98 et de « combattants de la liberté » quelques mois plus tard.
- La guerre contre l’Afghanistan ? Plus fort encore, avec les attentats du 11 septembre. Sur lesquels toute enquête sérieuse et indépendante sera étouffée, pendant que les faucons de l’administration Bush se précipiteront pour faire passer des plans d’agression, préparés depuis longtemps, contre l’Afghanistan, l’Irak et quelques autres.
Chaque grande guerre commence par un médiamensonge de ce type : des images atroces prouvant que l’adversaire est un monstre et que nous devons intervenir pour une « juste cause ».
Pour qu’un tel médiamensonge fonctionne bien, plusieurs conditions sont nécessaires : 1. Des images épouvantables. Truquées si nécessaire. 2. Les marteler plusieurs jours, puis prolonger par des rappels fréquents. 3. Monopoliser les médias, exclure la version de l’autre camp. 4. Ecarter les critiques, en tout cas jusqu’au moment où il sera trop tard. 5. Qualifier de « complices », voire de « révisionnistes » ceux qui mettent en doute ces médiamensonges.
Règle N° 3. Pas d’Histoire !
Dans tous les grands conflits de ces dernières années, les médias occidentaux ont caché à l’opinion les données historiques et géographiques essentielles pour comprendre la situation des régions stratégiques concernées.
En 1990, on nous présente l’occupation du Koweït par l’Irak (qu’il ne s’agit pas ici de justifier ou d’analyser) comme une « invasion étrangère ». On « oublie » de dire que le Koweït avait toujours été une province de l’Irak, qu’il en a été séparé en 1916 seulement par les colonialistes britanniques dans le but explicite d’affaiblir l’Irak et de garder le contrôle de la région, qu’aucun pays arabe n’a jamais reconnu cette « indépendance », et enfin que le Koweït est juste une marionnette permettant aux Etats-Unis de confisquer les revenus du pétrole.
En 1991, en Yougoslavie, on nous présente comme de gentils démocrates « victimes » deux dirigeants extrémistes, racistes et provocateurs, que l’Allemagne a armés avant la guerre : le Croate Franjo Tudjman et le Bosniaque Alia Izetbegovic. En cachant qu’ils renouent avec le plus sinistre passé de la Yougoslavie : le génocide anti-serbe, anti-juif et anti-rom de 41-45. On présente aussi les populations serbes de Bosnie comme des envahisseurs alors qu’elles y vivaient depuis des siècles.
En 1993, on nous présente l’intervention occidentale en Somalie comme « humanitaire » en cachant soigneusement que des sociétés US ont acheté le sous-sol pétrolifère de ce pays. Et que Washington entend contrôler cette région stratégique de la « Corne de l’Afrique » ainsi que les routes de l’Océan Indien.
En 1994, on nous présente le génocide rwandais en faisant silence sur l’histoire de la colonisation belge et française. Laquelle avait délibérément organisé le racisme entre Hutus et Tutsis pour mieux les diviser.
En 1999, on nous présente le Kosovo comme une terre envahie par les Serbes. On nous parle de « 90% d’Albanais, 10% de Serbes ». Passant sous silence la forte diminution du nombre des Serbes lors du génocide commis dans cette province durant la Seconde Guerre mondiale, puis durant l’administration albanaise de la province (années 80). On escamote aussi l’existence au Kosovo de nombreuses minorités (Roms, Juifs, Turcs, Musulmans, Gorans, etc...). Minorités dont « nos amis » de l’UCK avaient programmé le nettoyage ethnique, qu’ils réalisent aujourd’hui sous les yeux et avec la bénédiction de l’Otan.
En 2001, on crie haro sur les talibans, régime certes peu défendable. Mais qui les a amenés au pouvoir ? Qui les a protégés des critiques des organisations des droits de l’homme afin de pouvoir construire avec eux un juteux pipeline transcontinental ? Et surtout, au départ, qui a utilisé le terrorisme de Ben Laden pour renverser le seul gouvernement progressiste qui avait émancipé la paysannerie et les femmes ? Qui a ainsi rétabli la pire terreur fanatique en Afghanistan ? Qui, sinon les Etats-Unis ? De tout ceci, le public ne sera guère informé. Ou trop tard.
La règle est simple. Occulter le passé permet d’empêcher le public de comprendre l’histoire des problèmes locaux. Et permet de diaboliser à sa guise un des protagonistes. Comme par hasard, toujours celui qui résiste aux visées néocoloniales des grandes puissances.
Règle N° 4. Organiser l’amnésie.
Lorsqu’une grande puissance occidentale prépare ou déclenche une guerre, ne serait-ce pas le moment de rappeler les grands médiamensonges des guerres précédentes ? D’apprendre à déchiffrer les informations transmises par des états-majors ô combien intéressés ? Cela s’est-il produit à l’occasion des diverses guerres des années 90 ? Jamais. A chaque fois, la nouvelle guerre devient la « guerre juste », plus blanche encore que les précédentes, et ce n’est pas le moment de semer le doute.
Les débats seront pour plus tard. Ou jamais ? Un cas flagrant : récemment, un super-menteur a été pris la main dans le sac, en flagrant délit de médiamensonge. Alastair Campbell, chef de la « communication » de Tony Blair, a dû démissionner quand la BBC a révélé qu’il avait truqué les informations sur les prétendues armes de destruction massive. Ceci a-t-il provoqué un débat sur les précédents exploits du dit Campbell ? N’aurait-il pas été intéressant d’expliquer que toute notre information sur le Kosovo avait été concoctée par ce même Campbell ? Que cela méritait certainement un bilan et une réévaluation de l’information donnée sur la guerre contre la Yougoslavie ? Il n’en a rien été.
Pour nous rendre compte de l’autre dimension diabolique des médias occidentaux aux mains des grands lobbys et des puissants Etats occidentaux, il n’est que de souvenir du traitement médiatique d...Suite es guerres du golfe (depuis vingt ans) . C’est le Pentagone qui décide de ce qui doit être diffusé ou non.L’armée française a utilisé les mêmes méthodes en Algérie, et il y avait un Service Spécial de l’information des Armées… Israël en a fait de même lors des massacres de Jénine où le courageux Jean Génet a pu restituer des morceaux de vérité sur l’atrocité de la pacification israélienne
Souvenons-nous justement, de ce matraquage des médias et plus précisément du cinéma. Cela a commencé dès les années 60: il fallait donner une assise au niveau des médias, la légitimité de l’Israël biblique. Ce fut, on s’en souvient d’abord, les Dix commandements de Cecil B. de Mille et de la Metro Golwyn Meyer dont les producteurs et réalisateurs sont sionistes. . Avec le temps nous nous apercevons que rien n’était fait par hasard. La machine sioniste était en marche. En fait, l’histoire du racisme latent européen ne date pas d’hier. Souvenons-nous, à titre d’exemple, comment Lawrence d’Arabie interprété magistralement par Peter O Toole, le racé, le civilisé, le blanc aux yeux bleus, avait une aura tandis qu’Antony Queen dans le rôle d’un chef bédouin qui avait un comportement qui frisait celui de la bête avide de rapines, de bonnes chères et de luxure et qui, naturellement, ne connaissait rien à la politique.(12)
Dans le même ordre, le professeur Jack Shaheen (Université Sud-Illinois) analyse dans un documentaire comment Hollywood fait preuve d’imagination pour avilir l’image de l’Arabe. Le projet de société pensé et planifié par les «maîtres du monde» passe par un conditionnement sournois qui utilise l’industrie cinématographique, de longue date, comme arme de propagande. Ce documentaire, totalement inédit, passe à la loupe un des aspects les plus calomnieux de l’histoire du cinéma et que personne n’avait jamais osé contester depuis l’époque du muet jusqu’aux grandes productions hollywoodiennes d’aujourd’hui. Le film relève la longue succession d’images dégradantes qui ont été utilisées pour représenter les Arabes au cinéma. Des bandits bédouins aux jeunes filles soumises, en passant par les cheikhs sinistres et les terroristes armés, ce documentaire jette un éclairage dévastateur sur l’origine de ces portraits stéréotypés et sur leur apparition à des moments clés de l’histoire des États-Unis, démontrant du même coup les lourdes conséquences de cette représentation aujourd’hui.(13)
Jack Shaheen montre comment, au fil des ans, la persistance de ces images a fait en sorte de banaliser les préjugés entretenus à l’égard des Arabes et de la culture arabe. «Depuis des décennies, Hollywood, c’est-à-dire le cinéma et la télévision américains, avilit et déshumanise les Arabes et les musulmans. Voilà pourquoi le drame palestinien reste entier depuis 60 ans, et pourquoi le public a consenti à l’invasion de l’Irak en 2003. Les préjugés contre eux sont antérieurs aux attentats du 11 septembre, bien que ceux-ci aient contribué à les diaboliser encore davantage.» Jack Valenti, longtemps président de la Motion Picture Association of America, disait que Hollywood et Washington ont les mêmes gènes. «Sur le Moyen-Orient, Hollywood a toujours collé aux choix politiques de Washington.» «Mais s’il est si facile de tuer, de torturer, de terroriser les Arabes, c’est que 1200 films recensés par moi les présentent soit comme des monarques lubriques, soit des voleurs, des tueurs et des menteurs, soit des terroristes sans foi ni loi, et souvent sans compétence.»(14)
Que Hollywood soit une arme de propagande massive, ce n’est pas nouveau ; Combien de westerns ont décrit les Amérindiens comme des êtres vils, impitoyables, tueurs et sans morale de gentils pionniers blancs, aucun doute la dessus, et aucun doute sur le fait que «l’Arabe» c’est le nouvel Indien. L’écrivain Alain Soral expliquait, lors d’une émission pourquoi le peuple américain était si profondément pro-israélien, et ressentait si peu de compassion pour les souffrances du peuple palestinien. Des colons fanatisés, des terres confisquées, des peuplades affamées et assoiffées, c’est le nouveau Far West...le Palestinien est juste le nouvel Amérindien avec un keffieh: à éliminer, comme dans les bons vieux westerns de John Wayne! Il n’est pas étonnant d’entendre des jeunes dire: «Je suis arabe et quand je regarde les films américains où il y a des Arabes, je me déteste!!!» (15)
« Comme d’habitude, des acteurs pro-Israël font leur cinéma d’horreur, mais inexorablement la vérité finit par jaillir Ils soutiennent de manière abjecte le massacre et appellent même à l’extermination des Arabes. Tom Cruise ravit la palme du déshonneur. En effet, le play-boy de Hollywood considère, ni plus ni moins, que les Arabes «sont la source du terrorisme et n’épargnent personne». Il souhaite, sauvagement, qu’Israël «les extermine tous». Richard Gere soutient que les Arabes «sont un fardeau pour le monde». Que propose-t-il? A l’image de ses compères, il décrète «qu’il faut les exterminer!». Harrison Ford ne fait pas exception à cette faune d’acteurs au verbe terrifiant. Pour lui, «les Arabes sont plus vils que les animaux», a-t-il affirmé toute honte bue. Et de fanfaronner que «nous les juifs sommes le peuple élu de Dieu» ».
« Heureusement que ces propos partiaux ne sont pas partagés par le Tout-Hollywood. Loin s’en faut. L’élégant Mel Gibson, qui passe pour être la bête noire des Juifs et des sionistes, avec son film sur Jésus, déclare: «Les Sionistes sont la source de la destruction. Je souhaite les combattre.» L’inégalable Al Pacino a liquidé Israël par cette petite phrase: «Si tu vois l’histoire d’Israël, tu sauras qui est terroriste!», assène-t-il, sec. Dustin Hoffmann, quant à lui, a prononcé une sentence sans appel contre Israël. «L’humanité a cessé d’exister à la naissance d’Israël», devait-il lâcher. George Clooney, qui n’a jamais caché son aversion pour Bush, et qui a bruyamment soutenu Obama, estime que «Bush, Sharon, Blair et Rice sont des noms que l’histoire maudira».(16)
« Notre république écrivait Jospeh Pullitzer , et sa presse prendront de l’essor ou s’effondreront ensemble, écrivait Pulitzer. Une presse compétente, désintéressée, dévouée à la chose publique, intelligente, exercée à discerner le bien et ayant le courage de le faire peut préserver la morale publique sans laquelle un gouvernement populaire est une imposture et une parodie. Une presse cynique, mercenaire et démagogue finira par produire une population aussi vile qu’elle-même. Le pouvoir de façonner l’avenir de la République sera entre les mains des journalistes des générations à venir. »
Pour Ignacio Ramonet, si l’on veut une presse libre objective, il faut s’organiser : "Il faut, tout simplement, créer un « cinquième pouvoir ». Un « cinquième pouvoir » qui nous permette d’opposer une force civique citoyenne à la nouvelle coalition des dominants. Un « cinquième pouvoir » dont la fonction serait de dénoncer le superpouvoir des médias, des grands groupes médiatiques, complices et diffuseurs de la globalisation libérale. Les grands groupes ne s’assument pas seulement comme pouvoir médiatique, ils constituent surtout le bras idéologique de la mondialisation, et leur fonction est de contenir les revendications populaires tout en essayant de s’emparer du pouvoir politique » (17)
Le torrent de la mondialisation est en train de tout laminer, les identités, les cultures vulnérables et naturellement les religions de pays qui n’ont pas su développer les anti-corps à même de résister à ce tsunami autrement plus dévastateur. De même l’information tronquée aux antipodes de la déontologie dont parle si bien Pullitzer structure de plus en plus le champ médiatique, il faut beaucoup de discernement et une veille de tous les instants pour déjouer les pièges de la manipulation qui, certaines fois se cachent derrière un vocabulaire anodin. Il faut prendre son parti : l’information donnée ne sera jamais objective, à nous de séparer le bon grain de l’ivraie.
«La France tombera très bas. Plus bas que les autres nations, à cause de son orgueil [...]. Il n’y aura plus rien. Mais dans sa détresse, elle se souviendra de Dieu et criera vers Lui, et c’e...Suite st la Sainte Vierge qui viendra la sauver. La France retrouvera alors sa vocation de Fille aînée de l’Eglise, et elle enverra à nouveau des missionnaires dans le monde entier.»
Marthe Robin en 1936, cité in France réveille-toi, p.178 (éd. L’Icône de Marie).
La France est, dit-on, devenue Fille aînée de l’Eglise par la conversion de Clovis, roi des Francs. Ce ne fut pas un acte de foi mais une décision intéressée de la part d’un sanguinaire conquérant. Clotilde, épouse d’origine Burgonde de Clovis, avec l’aide du bon saint Rémi, évêque de Reims, a fait passer son époux de la religion du faux dieu Odin à celle du vrai Dieu de l’Eglise de Rome. Par cette éclatante conversion, Clovis fut le premier, et à son époque, l’unique roi d’Europe occidentale à défendre la Foi de l’Eglise de Rome contre les ennemis de Dieu. En récompense de cette conversion historique, on l’appela Fils Unique de l’Eglise, et par conséquent la France, «Fille Aînée de l’Eglise de Rome.» (1)
«Quinze siècles plus tard le président français nous rappelle les racines chrétiennes de la France. Lors de son déplacement au Puy-en-Velay, étape du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Nicolas Sarkozy a estimé que la ´´chrétienté a laissé´´ à la France ´´un magnifique héritage de civilisation´´. En tant que ´´président de la République laïque, je peux dire cela´´, a-t-il ajouté. En visite dans ce haut lieu du catholicisme, point de départ historique des pèlerins pour rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle, le président a insisté sur la nécessité pour la France de préserver son héritage. ´´Cet héritage nous oblige, cet héritage, c’est une chance, mais c’est d’abord un devoir, il nous oblige, nous devons le transmettre aux générations et nous devons l’assumer sans complexe et sans fausse pudeur´´, a expliqué le chef de l’État. Pour lui, le ´´premier devoir´´ est de ´´conserver et restaurer´´ cet héritage, une ´´mission´´, a-t-il promis, ´´à laquelle l’État ne peut et ne doit se dérober´´. ´´C’est lui qui nous inscrit dans le temps long d’une histoire multiséculaire. (...) Protéger notre patrimoine, c’est protéger l’histoire de la France, défendre les signes les plus tangibles de notre identité´´, a-t-il dit. Citant Claude Lévi-Strauss, il a fait valoir que l’identité n’était pas une «pathologie». (2)
«Sans identité, il n’y a pas de diversité», a-t-il ajouté. «À l’origine de la diversité, il y a les identités. Ce n’est pas faire preuve de fermeture de croire en son identité. Il ne faut pas opposer identité et diversité. (...) Pour comprendre la diversité, il faut respecter l’identité», a insisté le chef de l’État. Mettant en exergue «l’apport de la chrétienté à notre civilisation», le président Sarkozy a estimé que «le désir de vivre ensemble» devait s’accompagner de «la volonté de faire vivre l’héritage indivis qui nous demande de l’assumer intellectuellement, moralement et politiquement». «Il n’y a aucune raison à ce que nous soyons les seuls dans le monde à ne pas assumer cet héritage» qui «n’oblige personne à partager la foi des milliers de pèlerins». «Personne n’est prisonnier de l’histoire de son pays, mais il est toujours dangereux d’amputer sa mémoire», car «l’ignorance de soi conduit rarement à l’estime de soi». «La France ne doit pas oublier ce qu’elle est et ce qu’elle fut parce que le monde change», a dit encore le chef de l’État.» (2)
Claude Bartolone, député PS a réagi au discours du président de la République qui voudrait mettre en exergue «l’apport de la chrétienté à notre civilisation». «En fragmentant la société, en distinguant les bons Français des autres, en soumettant certains de nos concitoyens à un débat sur l’Islam dont on perçoit déjà les relents nauséabonds, Nicolas Sarkozy remet en cause le socle laïque sur lequel repose notre pays depuis plus d’un siècle (...). Plutôt que de chasser sur les terres du Front national, le président de la République serait bien inspiré de s’adresser à ceux de nos compatriotes qui se demandent, aujourd’hui, où se trouve la porte d’entrée de la République parce qu’ils connaissent le chômage, le mal-logement et les discriminations.»
Marine Le Pen, du Front national a dénoncé une «opération électoraliste» «Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy joue de la mandoline, je ne suis pas sûre que les Français soient sensibles à ce petit air», a-t-elle affirmé, sur Europe 1.
Pour Patrick Devedjian ancien ministre UMP «Quoiqu’en disent ses pères, Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy, le débat sur la laïcité et la place de l’Islam organisé par l’UMP ´´blesse nos compatriotes musulmans qui s’intègrent loyalement à notre pays pour ne montrer du doigt que les extrémistes musulmans´´´´Non seulement c’est injuste, mais c’est désastreux car [nos compatriotes musulmans] sont destinés à vivre durablement avec nous. Ce débat anime surtout les militants du Front national qui croient naïvement que ce sont les autres partis politiques qui sont responsables de l’immigration et de la mondialisation.»(3)
La continuité sur la diabolisation électoraliste de l’Islam
«Après le discours du Puy-en-Velay de Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Education, Luc Chatel, décrète que les mamans musulmanes portant le voile se verront interdire d’accompagner les sorties scolaires. Pour le ministre de l’Education, Luc Chatel, les mères d’élèves accompagnant des sorties scolaires ne doivent pas montrer de signes religieux ostentatoires comme le voile, une position qui tranche avec celle de ses prédécesseurs. Précisons qu’on ne parle pas ici de la burqa mais d’un voile qui laisse le visage découvert - rigoureusement identique donc à celui des religieuses que Nicolas Sarkozy a saluées lors de sa visite à la cathédrale du Puy-en-Velay. Le rapprochement est éloquent. Il est clair que tout cela n’a plus rien à voir avec une prétendue défense de la laïcité. On est bel et bien en présence d’une mise au ban de l’Islam. De l’instauration, sous couvert de républicanisme, d’un catho-laïcisme officiel, doublement discriminatoire (au nom de la tradition chrétienne et au nom d’une laïcité à géométrie variable, dirigée en fait contre une seule religion), qui est la négation même des principes républicains. La laïcité selon Sarkozy, c’est la ‘‘laïcité positive’’ à sens unique. Combes et Barrès réconciliés. Sur le dos des musulmans. Le calcul électoraliste est évident. Sera-t-il payant? On peut en douter. Ce qui n’est pas douteux, c’est la menace qu’une telle politique fait peser sur la capacité des Français de toute religion ou sans religion à vivre ensemble. (4)
Alors que la majorité, divisée sur la pertinence d’un débat risquant à nouveau de stigmatiser l’Islam, Sarkozy appelle sans détour à ‘‘conserver et restaurer’’ cet héritage chrétien, une «mission, a-t-il promis, «à laquelle l’Etat ne peut et ne doit se dérober». En décembre 2007, Sarkozy, se rendant au Vatican et prononçant à Saint-Jean-de-Latran (Rome) un discours sur la place de l’Eglise dans la société, avait affirmé que le christianisme s’inscrivait dans l’ADN du pays. Pour Diatala, le problème est ailleurs et l’Islam sert de repoussoir commode et adaptable à toutes les situations. Ecoutons le (...) Le vrai sujet qui se cache derrière tout ceci concerne les quartiers populaires et les banlieues. Cela s’appelle de l’ostracisme, c’est la détestation des pauvres qui est mise en avant et le racisme. Une liste maccarthyste d’une partie des plus défavorisés et des moins représentés politiquement et médiatiquement. Leur stigmatisation sert de bouclier pour éviter de recevoir les coups d’un peuple entier qui se mettrait en colère demain. Mais si hier les révolutions se faisaient parce que le peuple avait faim, aujourd’hui elles se feront, non pas par manque de vivres dans une société consumériste et productiviste, mais par l’élargissement de la conscience du peuple qui anticipera lui-même cet état de manque pour se réapproprier ses biens et ses droits. Voilà la vraie révolution. L’Islam reste malgré tout un sujet qui est à des années-lumière des réelles inquiétudes et des réels dangers qui menacent l’avenir des Français et de leurs enfants, mais il est devenu une affaire d‘Etat. La démarche est démagogique certes, mais surtout malsaine, perverse. Alors peut-on réduire tous les problèmes de la France, les broyer et en ressortir un bloc compact, ou un pavé islamisé que l’on jette ensuite sur la foule en lui disant: Ce n’est pas nouuuuuuuus! C’est l’Islam le responsable. C‘est de sa faute si tout va mal? En décodé: courage ne fuyons pas, gardons nos privilèges et nos statuts, mais nions nos responsabilités.» (5)
«L’Islam serait donc un danger; admettons. Mais j’aimerais voir un journaliste interroger par exemple Jean-François Copé sur le Coran pour qu’il nous dise si celui-ci est plus violent ou moins violent que la Bible judéo-chrétienne, le Tanak ou le Talmud? Qu’il lui demande si l’extrémisme juif avec ses milices n’est pas également un vrai problème en France? Si certains prêches fondamentalistes et racistes dans nos synagogues ne sont pas inquiétantes pour la sécurité? Si le principe de laïcité que JF Copé défend bec et ongles n’est pas remis en cause ou piétiné quand un grand nombre de personnalités politiques fait allégeance au Crif? Si l’amalgame entre culture et religion musulmanes n’est pas fait pour induire volontairement en erreur? Car la jeunesse issue de l’immigration n’est que très peu pratiquante. La France, Terre d’accueil, a évolué aussi grâce à ce brassage d’identités; se repli ethnocentrique n’est-il pas une porte béante ouverte sur l’extrémisme, un recul, une involution et non une évolution? (...) Chacun sait pourtant que les grands criminels, les grands trafiquants, dealers, fraudeurs et pilleurs ne se trouvent pas dans les banlieues ni dans les mosquées. Mais le projecteur est braqué à ces endroits pour que nos sociétés continuent de s’enfoncer inexorablement dans la corruption et que les coupables ne soient jamais inquiétés. (...) Sans parler du post-colonialisme, la France a bien usé de ces travailleurs issus de l‘immigration. Ils permettent encore de maintenir des salaires bas, de créer un chômage indispensable pour les profits générés par les grandes entreprises, ils servent de boucs-émissaires pour voter des lois de plus en plus sécuritaires et liberticides et à faire croire aux classes intermédiaires qu’elles sont encore privilégiées.» (5)
D’où vient cet acharnement antimusulman, cette islamophobie qui connaît un regain? Il faut, d’après Samuel Vasquez, déconstruire le mot Islamophobie qui est devenu un mot «valise» une éponge, un fourre-tout bien pratique et qui permet de donner corps à tous les amalgames et à toutes les haines. Ecoutons-le: «(...) De Riposte laïque au Bloc Identitaire, les préjugés nourris envers la religion musulmane sont drapés des plus belles toges républicaines, de la défense de l’égalité homme-femme en passant à celle de la laïcité; pour autant, ces subterfuges ne sauraient dissimuler le fond des discours, à savoir une lente mais sûre dégénérescence de la critique de l’Islam vers une stigmatisation de ses pratiquants. Ainsi, l’islamophobie apparaît être un concept suffisamment malléable à tout type d’extrémisme pour qu’il soit justifié de le récuser.» (6)
Le nouveau débat concernant l’Islam, faut-il le préciser, a redémarré en octobre 2010 avec le constat d’Angela Merkel puis en février avec David Cameron et Sarkozy sur l’échec du multiculturalisme «Il est légitime écrit Michel Wieviorka et souhaitable qu’un chef d’Etat s’en prenne au terrorisme, à la violence, agisse pour mettre fin à la domination des groupes et de leurs leaders sur les individus relevant de minorités, à commencer par les femmes. Mais imputer ces maux au multiculturalisme, c’est en faire un bouc émissaire trop commode, ou, au mieux, ne s’intéresser qu’aux dérives des modèles qu’il promeut, et non à ces modèles eux-mêmes. Que signifie l’injonction de l’intégration des immigrés? La critique du multiculturalisme par les droites et les extrêmes droites comporte une dimension qui mérite d’être soulignée: elle va de pair avec l’appel à l’intégration des immigrés. Cet appel est toujours présenté comme une nécessité pour la nation, pour la société dans son ensemble, et jamais du point de vue des immigrés.» (7)
Brassage d’identités
«Nicolas Sarkozy semble renouer, écrivent Samuel Laurent et Alexandre Picquart du Monde, avec les accents de sa campagne de 2007, où il avait déjà joué sur les symboles pour séduire l’électorat catholique, mais aussi les tenants d’une certaine forme de républicanisme. ´´L’héritage de civilisation´´ chrétienne évoqué au Puy était déjà présent dans un discours de campagne prononcé à Metz fin 2006. Sarkozy y invoque deux icônes de la droite nationaliste, Jeanne d’Arc et l’avocat du ´´culte du moi´´, Maurice Barrès, avant de revendiquer ´´deux mille ans d’héritage de civilisation chrétienne´´. On se souvient aussi du premier déplacement du candidat après son investiture, au Mont-Saint-Michel, ou de son discours du Latran, en 2008, sur la ´´laïcité positive´´. En janvier 2010, Sarkozy a de nouveau réutilisé les propos de Lévi-Strauss sur l’identité et la diversité lors d’un colloque organisé par Eric Besson, chargé du débat sur l’identité nationale.» (8)
Résultat des courses : Les sondages donnent Marine Le Pen en tête au premier tour et gagnante au deuxième tour des élections présidentielles. Ce sera une réédition de 2002 ! On l’aura compris, dans la nouvelle configuration qui se dessine de ce futur débat voulu par l’’UMP l’Islam servira encore une fois, de repoussoir pour des considérations électorales et le musulman, même avec une foi incolore, devra continuellement donner des preuves de son rejet de sa foi pour pouvoir survivre. Il arrivera un jour prochain où le racisme antimusulman servira d’exutoire à une mal-vie dont les racines sont ailleurs. Les Européens de confession musulmane se doivent d’être exemplaires et montrer que ce sont des citoyens à part entière qui respectent les lois de la République qui doit montrer sa forte volonté d’intégration en combattant l’intolérance et les discriminations.
Que l’on ne s’y trompe pas! Les ennemis des Français d’en bas ne sont pas les étrangers, les mélanodermes et les musulmans qui, les premiers, servent de variables d’ajustement en temps de crise ou à la veille d’élection. C’est justement, la crise générée par un libéralisme sauvage, une mondialisation-laminoir qui ne fait pas de places aux plus faibles qui rend ces derniers sensibles à la diversion du discours de la haine. Nous ne pouvons qu’appeler à une tolérance de la fille ainée de l’Eglise envers ces Français musulmans scories de l’histoire qui ne demandent qu’à vivre à l’ombre de la laïcité et des lois de la République.
GLOBAL LEADERSHIP CIRCLE
The Coca-Cola Company
Corporate Commercial Bank AD
Deutsche Bank AG
DP Holding SA
EADS North America
Espirito Santo Financial Group
IBM Corporation
Krull Corporation
LexisNex...Suite is
Polish Telecom
PwC
SAAB Technologies
The Scowcroft Group
Stewart & Stevenson
Thomson Reuters
VeriSign
CHAIRMAN’S CIRCLE
Akfel Muhendislik
Areva
BAE Systems, Inc.
Baker & McKenzie
Barclays Capital
The Blackstone Group
BP Petrolleri A.S.
Calik Enerji
Chevron
Coca-Cola Icecek
Ernst & Young
Infosys
Lockheed Martin
MCB Bank Limited
New Media Holding Company
Newsdesk Media Group
Novartis Corporation
Olayan America
Omnicom Group, Inc
Qualcomm
Raytheon International
SAIC
Shumadija Sajam
Textron
Tishman Speyer
Türkerler
PRESIDENT’S CIRCLE
African Rainbow Minerals
BBVA
Bloomberg
The Central Bottling Company
CFM Partners
Citigroup, Inc.
Coca-Cola Enterprises
De Sola Group
DEPA
Edelman
Edison S.p.A.
Enerjisa
ENI S.p.A.
Exxon Mobil
First Eastern Investment Group
Genel Energy International Ltd.
Google
Heidrick & Struggles
Ihlas Holding
Kirkland & Ellis LLP
Kreab Gavin Anderson Worldwide
McGovern & Smith, LLC
McKinsey and Company
Medco
News Corporation
Oil Terminal SA
Portugal Telecom
Risk Engineering Ltd.
Scribe Strategies & Advisors, Inc.
Trans Adriatic Pipeline AG
Trust Corporation
UBS Securities LLC
WPP Group PLC
Zurich Insurance Company
EXECUTIVE CIRCLE
Alcoa Inc.
AT&T
Avon Products, Inc.
The Boeing Company
Booz Allen Hamilton
The CNA Corporation
Corsair Capital LLC
Credit Suisse Bank
DC Capital Partners
Deloitte Services LP
Delta Petrol Urunleri Ticaret A.S.
Dornier Seawings AG
The Dow Chemical Company
Dtek
Duke Energy Corporation
General Dynamics
Georgian Industrial Group Holding Ltd
GM Korea Company
GMAC
Goldman Sachs
Henry Schein, Inc.
IMAX Corporation
Jones Lang LaSalle
JP Transnafta
JPMorgan Chase & Co.
Khaled Juffali Company
KPMG International Cooperative
Lufkin Industries
McLarty Associates
Merck Vaccines
Metalmark Capital
Northrop Grumman Integrated Systems
Rockefeller Financial
S.N.G.N. Romgaz S.A.
SAS
Setgaz
The Shell Company of Turkey Ltd.
U.S. Chamber of Commerce
Zorlu Ener
La guerre est loin d’être terminée; en fait, les rebelles libyens doivent toujours prendre Tripoli, où des sections entières de la ville demeurent en lutte. De plus, d’autres villes comme Sirt...Suite e, Bani Walid et tout l’intérieur de la Libye sont toujours sous le contrôle complet du gouvernement qui a repoussé les rebelles pendant les deux dernières semaines même avec les bombardements meurtriers de l’OTAN et le désir avéré de l’organisation d’affamer la population pour la soumettre. En dépit de tout cela, la médiacratie a chanté la perpétuelle litanie sur les “rebelles victorieux” et se focalisent, quoi que de manière totalement irréaliste, sur la “reconstruction rapide de la Libye”. De manière non surprenante, cette “reconstruction” sera faite selon le modèle de Wall Street et de la city de Londres et non pas selon celui du peuple libyen.
Le conseil Atlantique (NdT: Atlantic Council en anglais, un think-tank américain fondé par la famille Rockefeller), un think-tank financé par quelques fortunes 500 et dont l’existence entière réside dans la réalisation des intérêts collectifs de l’élite de la corporatocratie financière (incluant Shell, BP, Chevron, Exxon et une myriade d’entreprises attachées au complexe militaro-indistriel), a résumé la nature “dirigée” de la reconstruction de la Libye dans un article intitulé de manière très appropriée: “Reconstruire la Libye”. Dans sa phrase d’ouverture, il est reconnu même du bout des lèvres (de la plume) que les combats continuent toujours à Tripoli. De plus, l’article, rédigé par des initiés de Washington, concède également que les rebelles ne représentent “qu’une portion des intérêts de la Cyrénaïque (l’Est de la Libye), intérêts alignés avec les pays de l’OTAN.”
Malgré à la fois une réalité tactique instable des rebelles tout comme leur légitimité inexistante, ajouté à cela la façon désormais connue dont leurs combattants sont commandés par des terroristes notoires tirés des rangs les plus extrêmes d’Al Qaïda, l’article du conseil atlantique pousse le bouchon jusqu’à dire que “l’immense richesses des ressources de la Libye, sa petite population et sa faculté à attirer des investiseemnts étrangers et de l’expertise”, aideront dans la perspective d’une bonne croissance économique. L’article prend une attention toute particulière à conseiller les puissances occidentales sur le comment ne pas paraître engagées dans un “néo-colonialisme” en utilisant intelligemment au cours du développement de ce régime marionnette la politique de la “carotte et du bâton”. L’article suggère également que ceux qui servent le gouvernement de Kadhafi soient utilisés pour bâtir le régime des rebelles afin d’éviter un vide prolongé du pouvoir et l’instabilité qui ne manque jamais d’accompagner ce vide de pouvoir, instabilité qui est déjà prévalente dans le sillage des bombardements de l’OTAN et l’offensive subséquente des rebelles de Benghazi.
Entre la lecture de l’article et la vision de la photo l’accompagnant, montrant les deux super-traîtres libyens Mahmoud Jibril et Moustapha Abdul Jalil accompagnés de leurs sponsors et commanditaires européens, nous avons une vue très précise du véritable néo-colonialisme qui se déroule sous nos yeux. Les rebelles ne sont qu’une horde de mercenaires ultra-violents emmenés par un leadership ultra-servile incapable de prendre une décision simple de manière indépendante sans avoir d’abord à en réferrer à Doha, Paris, Rome ou Washington.
Alors même que les véritables architectes de la guerre de Libye qu’ils ont planifiée depuis des décennies, appellent à une force d’occupation de l’OTAN pour superviser la remise en ordre de la Libye, la médiacratie se désespère de faire un portrait des rebelles comme étant les nouveaux maîtres souverains et indépendants de la Libye. Afin d’y parvenir, la médiacratie a publié des papiers sur le comment les rebelles ont “rejetté” les appels à l’extradition du supposé coupable de l’attentat de Lockerbie Abdelbaset Ali el-Megrahi ainsi que le “rejet” des forces au sol de l’OTAN, alors même que les forces de l’OTAN combattent côte à côte avec les rebelles au moment où nous discutons ces faits. Ces manipulations de relation publique sont aussi inoffensives que les menaces de l’Egyptien Mohammed el-Baradei d’engager une guerre avec Israël, menaces qu’il avait proférées alors même qu’il était assis en tant que membre de l’International Crisis Group aux côtés du président israélien Shimon Pérès. Ces manipulations ne sont faites que pour abuser de la crédulité d’un public mal informé et donner une légitimité tirée par les cheveux à ces régimes marionnettes, alors qu’en fait aucune légitimité n’existe.
Clairement, avec un régime totalement fabriqué, dont le pouvoir politique est totalement aux mains des puissances étrangères qui les animent de derrière le rideau, rien de ce qui peut ressembler à une “libération” n’a été accompli en Libye. Quand nous considérons les chefs commanditaires de cette guerre de Libye et que la “reconstruction” à venir provient des bureaux de think-tanks financés par quelques Fortune 500 comme le CFR, la Brooklyn Institution et l’Atlantic Council déjà mentionné; ainsi toutes ces suspicions sont confirmées.
Une injustice horrible a été commise en Libye à la fois contre son peuple, infligée par ces hordes de rebelles qui suivirent les bombardements meurtriers de l’OTAN, et aussi contre ces jeunes hommes dupés à embrasser la cause de leur “libération” alors que la seule “liberté” à être gagnée est celle des banques étrangères et des multinationales qui vont pouvoir opérer parasitairement et sans conteste dans une autre nation conquise.
Au delà des politiciens marionnettes comme Sarkozy, Obama et Cameron, qui doivent aussi payer le prix pour leurs crimes contre l’humanité, l’Atlantic Council, un moulin à faire de la politique de soutien sans fin à ces crimes flagrants, nous fournit également de manière fort à propos une liste de ces entreprises commanditaires de leurs activités. Ci-dessous sont indiquées les entreprises multinationales qui doivent être boycottées, remplacées localement, et ainsi mises en faillite. Nous avons depuis bien trop longtemps troqué notre liberté et notre indépendance au profit de ces entreprises aux ramifications tentaculaires mondiales et ce pour la promesse creuse de la facilité. En retour nous n’avons rien reçu si ce n’est scandales, vol, et guerre qui ont pompés notre nation à sec financièrememt et aussi au sens littéral. Voici les personnes à blâmer et vous pouvez commencer à leur faire payer le prix de leurs forfaits dès aujourd’hui en les boycottant systématiquement et en les remplaçant tous et chacun d’entr’eux.