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Grand Angle

Chronique littéraire : Osez parler… Osez vivre

Dans «Osez vivre» (Eddif, 2000), Siham Benchekroun nous invite à écouter les cris d’une femme bafouée et indignée par la maltraitance de son époux, et tend la main aux femmes vivant la même situation pour les amener à s’affranchir de cette violence.

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L'écrivaine Siham Benchekroun. DR
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Dans «Osez vivre», l’écrivain retrace le parcours de son personnage, Nadia, tout en mettant l’accent sur le courage de cette femme exceptionnelle qui réussit à rompre le silence infligé par la tradition marocaine sur l’existence de la femme. Siham Benchekroun nous conduit dans un long péril en compagnie de Nadia pour nous dévoiler les élancements qu’elle endure au sein de sa vie conjugale, qui se solde par un divorce.

Cette contemplation de la vie intime de la femme, à la fois épouse et mère marocaine, vise à donner de l’espoir à ces femmes qui vivent la même condition que l’héroïne, tout en leur prouvant que le changement demeure possible. Pour y accéder, il faut juste de la volonté. C’est là le message que l’auteure veut nous transmettre, à travers son acte d’écriture.

Un «je» pluriel 

L’acte d’écrire a comme point de départ le mal-être du «moi» et pour point d’arrivée la victoire de ce «moi» asservi. Cet acte d’écrire est alors un dépassement de toute la peine antérieure ; une nouvelle occasion qui permet au «je» féminin de se reconstruire. Le «je» incarne ici le point de vue propre à une femme en quête d’elle-même au sein d’une société où la réalisation de soi est inséparable du destin de ses consœurs.

De la sorte, la narratrice n’envisage sa conduite que par rapport à la condition des autres femmes marocaines victimes du patriarcat social. Subséquemment, le «je» est le signifiant d’un message non pas individuel mais collectif. La narratrice qui témoigne dans le texte de son malheur et qui engage un combat pour l’abolir, ne le fait pas uniquement pour elle seule, mais pour les autres femmes également. Ainsi, Siham Benchekroun, par son acte d’écriture, vise la libération collective des autres femmes. Le «je» de la narratrice s’éclipse derrière la communauté de toutes les autres femmes qu’elle représente.

Un combat incessant 

En relatant le parcours personnel de Nadia dans «Oser vivre», son alliance conjugale condamnée à la défaite, en révélant son besoin d’un amour vrai, fût-il adultère ou en s’attaquant manifestement à la société trop injuste à l’égard des femmes, siham Benchekroun mène une nouvelle tentative visant à briser les tabous. La plume devient ainsi une arme de militantisme pour se dire et dire le monde de la femme. L’acte d'écrire et de prendre la parole permet à la femme de quitter les marges de la société, de monter sur le devant de la scène pour s’établir au centre.

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