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Grand Angle

Cinépsy Maroc traite la dépression par la thérapie du cinéma et des mots

A sa quatrième édition ces vendredi et samedi à la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca, Cinépsy Maroc met en lumière les questions liées à la dépression, dans un congrès régional unique qui combine l’intervention de médecins spécialistes et la projection-débat d’une dizaine de films sur cette thématique.

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Sur deux jours, chaque projection de film est suivie d'un débat avec des médecins psychiatres, neurologues, des professeurs et des phychothérapeutes / Ph. Yabiladi
Temps de lecture: 3'

13 films, longs et courts, français, britanniques et marocains, essentiellement des documentaires mais aussi des fictions, sont projetés et débattus en accès libre, ces 27 et 28 mai à la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca. Dans le cadre de la quatrième édition de Cinépsy Maroc, la thématique abordée d’un point de vue médical, clinique, universitaire et cinématographique à la fois est la dépression.

Par les interventions de professeurs et de médecins spécialistes dans les séances de débats, comme par les séances de projections, l’objectif est d’analyser les différents aspects de la santé mentale en général et de la dépression en particulier, à travers le regard des patients souffrants et leur entourage direct. Il s’agit aussi de questionner la prise en charge clinique de ces cas tout aussi singuliers les uns que les autres, en proposant une vision cinématographique, universelle et intimiste à la fois. Cette démarche permet de dépeindre l’évolution du comportement avec ces troubles, de la part du corps médical, mais aussi de la famille et du patient lui-même, notamment à travers des témoignages et des échanges sur les vécus. Cette approche rend possible ainsi une sensibilisation accessible au large public de tous les âges, sur la question de la santé mentale, tout en élargissant l’horizon de vue des futurs médecins.

Le choix de la thématique pour cette quatrième édition est intervenu dans un contexte local et mondial encore marqué par la crise sanitaire de la Covid-19, qui a eu son lot de répercussions psychiques sur les populations, surtout lors de la période de confinement qui a laissé des stigmates. «C’était pour nous une évidence de parler de la dépression, cette année, vu que les deux ans de pandémie ont impacté beaucoup de personnes autour de nous, nombre de gens ont sombré», a déclaré à Yabiladi Bouchra Benizza, fondatrice du Cinépsy Maroc, psychothérapeute et art-thérapeute au Centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd de Casablanca.

«Les années précédentes, on restait généralement dans la thématique globale de la santé mentale, avec un aspect particulier à débattre chaque jour. Mais cette édition, nous avons décidé de la dédier entièrement à la dépression, au vu du contexte national et mondial sanitaire dans lequel elle se tient.»

Bouchra Benizza, Cinépsy Maroc

Une urgence de parler de la dépression hors-milieu hospitalier

Selon la psychothérapeute, «il y a urgence de parler de ce sujet ; nous sommes entourés de personnes qui souffrent ou qui ont souffert un jour de cette pathologie dont personne n’est à l’abris, même pas les médecins traitants eux-mêmes et les intervenants sociaux qui viennent en aide aux patients». La combinaison des deux approches, universitaire et cinématographique, dénote de l’importance de décloisonner les spécialités pour une meilleure prise en charge portée sur l’espoir de sortir de la dépression.

Pour Bouchra Benizza, le processus de l’art-thérapie «a toute sa place et il est employé dans toutes les configurations thérapeutiques à l’étrangers, depuis au moins 50 ans». Au Maroc, il commence à se frayer un chemin dans le milieu médical, doucement mais sûrement, depuis près de 13 ans. «La première unité d’art-thérapie dans notre pays est mise en place au Centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd à Casablanca», a souligné la responsable.

D’un point de vue thérapeutique et artistique, ce processus est nécessaire. De manière plus générale, le cinéma et l’audiovisuel sont «une façon de montrer des réalités, en combinant les points de vue des experts et les témoignages réels, avec un impact largement différent», insiste Bouchra Benizza. Pour toucher divers publics et s’aligner sur une démarche de sensibilisation faisant savoir que la dépression concerne tous les âges, la question des adolescents et des jeunes adultes fait partie des axes principaux de cette édition.

«L’idée est idéalement de pouvoir circuler, avec le Cinépsy Maroc, à la demande des établissements scolaires, lycées, collèges et universités, pour faire des tables rondes et des projections itinérantes, afin de dynamiser réellement les échanges et les croisements de points de vues, mais aussi de compétences», souligne-t-elle, lançant un appel au corps pédagogique qui est en contact permanent avec les plus jeunes.

Un dynamique régionale entre cinéma et santé mentale 

Initié en France par le psychanalyste et réalisateur Pascal Laethier, Cinépsy est défini par son auteur comme «le site d’un psychanalyste qui aime regarder des films». Il se situe au croisement entre sa pratique clinique et son intérêt pour le septième art. Au fil des années, le concept a évolué, inspirant des professeurs, des médecins et des universitaires au Maroc, qui en ont fait un événement annuel.

«Le psychanalyste s’intéresse aux lapsus, aux rêves, aux non-dits et aux ratages de la parole de son patient autant qu’à ce qu’il dit. De même Cinépsy (qui n’est pas sans rapport avec «ineptie») s’intéresse aux films égarés, écartés, trop vite oubliés ou mal regardés», écrit Pascal Laethier, qui prône «la singularité d’une rencontre avec un film, un réalisateur, un thème ou une partie méconnue de l’histoire du cinéma dans un certain rapport à la psychanalyse».

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