A onze jours du premier tour des présidentielles, Nicolas Sarkozy jette ses dernières cartes dans la bataille. Ce mercredi, le conseil des ministres français a adopté de nouvelles restrictions, renforçant ainsi tout un arsenal pénal, déjà existant, contre les groupes terroristes. Une manœuvre à même de permettre au président sortant de grignoter quelques voix au Front national et de se présenter, ainsi, comme le champion de la lutte antiterroriste. Des voix qui lui seraient d’un grand apport notamment au second tour, d’autant plus que les sondages prédisent une défaite du patron de l’UMP (Union pour un mouvement populaire) face au socialiste François Hollande, à l’image de celui effectué par Harris Interactive qui donne le candidat du PS vainqueur avec 53% des intentions de vote contre 47% pour Sarkozy.
Ce durcissement vis-à-vis du terrorisme s’inscrit dans le sillage de l’affaire Merah. Le 22 mars, jour de la mort de Mohamed Merah, l’auteur des tueries de Toulouse et Montauban, Nicolas Sarkozy, sentant le vent tourné en sa faveur, décide de sauter sur l’occasion et énonce quatre mesures pour «renforcer la prévention et la répression du terrorisme». Elles se déclinent comme suivant : cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende pour la propagation ou l'apologie des idées extrémistes ; répression de la consultation à titre régulier de sites Internet faisant l'apologie du terrorisme comportant des images d'atteintes à la vie (enquêteurs, journalistes et chercheurs sont exemptés) ; dix ans de prison pour toute personne, française ou résidant en France, qui voyagerait à l'étranger pour y suivre des travaux d'endoctrinement conduisant au terrorisme; par exemple des camps d'entrainement et dix ans de prison pour les recruteurs. Toute personne qui chercherait, par une offre, promesse, don, menace, pression, à convaincre quelqu'un de commettre un acte terroriste.
Ces mesures adoptées en conseil des ministres devront attendre. Leur entrée en vigueur demeurent, en effet, suspendues à la tenue des élections législatives de juin prochain. Une preuve, de plus, que l’objectif de cette approbation est purement électoraliste. La presse française rapporte que la gauche a fait savoir qu’elle ne voterait pas ces mesures, présentées selon elle dans la précipitation.