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Grand Angle

Essaouira : La réhabilitation du cimetière chrétien, incarnation de la tolérance et de coexistence

Des volontaires marocains et européens résidant à Essaouira ont lancé cette semaine une initiative pour réhabiliter un cimetière chrétien dans la ville, en s'appuyant sur leur propre financement. Une incarnation de l’esprit de tolérance et de coexistence selon les initiateurs de cette action.

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Depuis la semaine dernière, des bénévoles participent à la réhabilitation du cimetière chrétien d'Essaouira, répondant ainsi à un appel lancé sur les réseaux sociaux. / DR
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Incarnant l'esprit de tolérance et de coexistence entre les religions, un groupe de personnes de différents âges et croyances a lancé une initiative humanitaire pour nettoyer et réhabiliter le cimetière chrétien d'Essaouira. Usé par le temps et fortement dégradé car datant de plus de trois siècles, le cimetière était devenu un lieu plein de déchets, et une destination de choix pour les sans-abri et les animaux errants.

«Nous sommes allés au cimetière le 31 août pour enterrer la femme d'un ami, et nous avons découvert qu’il devenu un dépotoir, ce qui m'a beaucoup frappé», nous déclare ce jeudi Said Barka, écrivain, poète et artiste installé à Essaouira, à l’origine de cette initiative.

Le Marocain a alors décidé de prendre des photos documentant l'état du cimetière, de les publier sur les réseaux sociaux et de lancer un appel à rétablir la considération de cet espace historique. Après une grande interaction avec les photos du cimetière, il a donc pris l'initiative, accompagné de ses amis marocains et européens résidant dans la ville pour réhabiliter le cimetière et l’embellir.

«Tout comme une personne a le droit de vivre dans la dignité, elle a également le droit d'être enterrée après sa mort dans un lieu qui préserve sa dignité, quelles que soient ses croyances», fait-il savoir.

Une mobilisation sur les réseaux sociaux pour réhabiliter le cimetière

Bien que seuls cinq bénévoles aient participé au lancement de cette initiative, le lundi 14 septembre, leur nombre a rapidement augmenté pour atteindre 17 en trois jours, grâce aux réseaux sociaux. «En plus de ces bénévoles, nous avons invité quatre jeunes hommes à nous aider moyennant des frais», ajoute Said Barka.

En se basant sur leurs propres fonds ainsi que sur des dons, les bénévoles ont acheté le matériel nécessaire pour démarrer les travaux qui prendront fin ce vendredi. Pour l’écrivain et artiste, cette action a plusieurs dimensions.

«Cette initiative incarne les valeurs de coexistence et de tolérance pour lesquelles la ville d’Essaouira était connue dans le passé, car elle inclut des musulmans, des chrétiens et des juifs. Ils travaillant tous pour un seul objectif.»

Said Barka

En plus de nettoyer le cimetière des ordures, des bénévoles travaillent aussi sur la signalisation des sentiers et comptent planter des fleurs afin de débarrasser le lieu de sa détresse et rétablir son image d’antan.

A rappeler que l’état lamentable du cimetière chrétien d’Essaouira avait poussé certains acteurs à créer une association en septembre 2019. Baptisée ARECCE et dirigée par un ressortissant français, l’ONG avait lancé un appel au don l’année dernière pour la réhabilitation du lieu.

Il est à noter que la construction de la ville d'Essaouira dans sa forme actuelle remonte à l’époque du sultan alaouite Mohamed Ben Abdellah, où Mogador était devenue un grand centre industriel et commercial, et l'un des ports les plus importants de la région, ce qui en avait fait d’elle un lieu de coexistence entre les trois religions monothéistes. La ville abrite jusqu’à nos jours des cimetières chrétien et juif aux côtés des cimetières islamiques.

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