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Des séquelles observées chez des personnes pourtant «guéries» du coronavirus [Tribune]

Malgré la guérison rapide de patients atteints de nouveau coronavirus, des symptômes persistent. Cette situation inquiète les malades, mais aussi les médecins. Présidente de l’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), Dr. Khadija Moussayer insiste sur l’importance de sensibiliser à ce sujet.

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Photo d'illustration / DR.
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Si la plupart des malades atteints de Covid-19 guérissent en quelques semaines, des témoignages et constats médicaux font état de la persistance ou de retour de symptômes sur une longue période (plusieurs mois) chez un certain nombre de patients, y compris de ceux qui n’ont pourtant pas développé la maladie.

On redoute même l’apparition de nouveaux types de maladies dans un petit nombre de cas. L’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) estime nécessaire de sensibiliser à ce phénomène, en faisant le point sur ces troubles, de la fatigue aux atteintes cardiaques en passant par les problèmes psychiques.

Une fatigue et des sensations de douleur persistantes

Certains témoignent de tachycardie, troubles respiratoires, d’une récidive de perte de l’odorat et du goût, de douleurs articulaires ou musculaires, de diarrhées ou de capacités physiques diminuées… et  surtout  d’une fatigue persistante. Ces signes se retrouvent même chez des patients restés asymptomatiques.

Des séquelles lourdes pour les cas graves

Certains  patients  gardent actuellement des séquelles plus sévères aux poumons, cœur (lésions cardiaques), reins, système nerveux …conséquences d’attaques plus destructrices.

Des atteintes cardiologiques chez 78% des contaminés

Fin juillet, une étude allemande d’observation publiée dans la revue Jama Cardiology alertait sur les risques de complication au niveau du cœur. Les médecins de l’hôpital universitaire de Francfort ont fait passer une IRM à 100 patients récemment remis de la Covid-19, et ce deux à trois mois après la contamination. 78% présentaient des résultats anormaux, même pour ceux n’ayant pas développés la maladie.

Les chercheurs ont mis en évidence des inflammations du muscle cardiaque (myocarde) pour 60 patients et/ou du péricarde, l’enveloppe entourant le cœur, pour 22 autres, témoins selon les cas d’une inflammation encore active ou de cicatrices.

Une étude  intéressante et révélatrice sur l’ampleur des dégâts, même si elle mérite d’être complétée par d’autres pour apprécier et confirmer l’étendue précise de ces atteintes.

Une évolution vers une maladie chronique ?

On ne connaît cette maladie que depuis sept mois et il est difficile d’avoir des certitudes sur le devenir des patients.

Les épidémies passées d’autres types de coronavirus que la Covid-19, comme le SRAS (ou syndrome respiratoire aigu sévère), en 2003, et le MERS (Coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient), en 2012, nous donne cependant quelques enseignements utiles par comparaison.

On sait que des patients atteints de ces deux virus ont eu des problèmes pulmonaires 15 ans après ainsi que des troubles musculo-squelettiques. On a relevé des phénomènes de fatigue chronique, jusqu’à quatre ans après l’hospitalisation, ainsi que des troubles psychiques durables (dépression, stress post-traumatique, anxiété…) six mois après la guérison. On risque de rencontrer les mêmes phénomènes avec la Covid-19.

La Covid-19 à l’origine de la venue de maladies auto-immunes ?

Les atteintes de Covid-19 dans les formes sévères donnent lieu à des manifestations auto-immunes, observées dans l’orage «cytokinique» quand le malade tombe dans une détresse respiratoire. Rappelons qu’une maladie auto-immune est une pathologie provoquée par un dysfonctionnement du système immunitaire qui se met à attaquer notre organisme au lieu de le protéger comme c’est son rôle habituel. 

Le problème est de savoir si ces attaques auto-immunes peuvent ensuite évoluer vers une  maladie  auto-immune chronique et à vie. On sait déjà que certains virus sont des facteurs déclencheurs de certaines maladies auto-immunes, comme le lupus, la sclérose en plaques, la polyarthrite rhumatoïde, la maladie cœliaque et le diabète de type 1.

Il convient donc de rester attentif  à l’évolution de ce virus, qui n’arrête pas malheureusement de nous surprendre.

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