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Grand Angle

Sbagha Bagha : Le graffiti géant de Millo à Derb Omar effacé pour faire place à une publicité

A Casablanca, l’heure est à l’indignation après qu’un tableau géant de l’artiste italien Francesco Camillo Giorgino, alias Millo, couvrant la façade d’un immeuble sis place de la Victoire au quartier Derb Omar, a été effacé pour laisser place à une publicité.

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Le graffiti de l'artiste italien Millo qui a été effacé. / DR
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La disparition du graffiti de Millo, qui couvrait depuis un an un immeuble de la place de la Victoire au quartier Derb Omar, dans le cadre du festival Sbagha Bagha, a fait réagir Casablancais et responsables.

Ainsi, dans plusieurs publications sur le groupe Facebook «Save Casablanca», certains ont critiqué cet effacement. «Aujourd’hui, l'une des plus grands graffitis de Casablanca a été effacée sans aucune justification, un an seulement après sa création, tandis que le nombre de publicités augmente», dénonce l’un des riverains.

Une autre Casablancaise s’indigne aussi que «cette fresque a à peine fêté sa première année qu’ils ont déjà décidé de la tuer». «Pourquoi effacer ce tableau ? Même le peu sur l'art que nous avons dans cette ville, vous voulez le remplacer par la publicité ?», s’interroge avec un ton dénonciateur un troisième internaute.

«Encore une œuvre qui disparait à Casablanca. Qu'est-ce qui ne va pas avec vous ?», a écrit, pour sa part, Salah Malouli, directeur artistique des festivals Sbagha Bagha, sur sa page Facebook. Contacté par Yabiladi, il déclare ne pas avoir plus d’information sur les motivations de cet effacement. «Le propriétaire a décidé de l’effacer et nous respectons sa volonté», se contente-t-il de répondre.

«C’est dommage pour la ville, le festival et les amateurs de ce type d’art mais nous ne pouvons rien faire à part respecter le choix des propriétaires. Nous leur sommes déjà reconnaissants de nous avoir laissé peindre ces tableaux. Mais c’est dommage que ce soit la deuxième œuvre qu’on efface du même artiste.»

Salah Malouli

De son côté, Mohamed Jouahri, directeur général de Casablanca Events & Animation, la Société de développement local (SDL) chargée de promouvoir Casablanca par le biais d’animations aussi bien économiques, culturelles que sportives est également indigné. «Nous n’avons pas encore d’explications de la part du syndic dudit immeuble mais à priori le tableau a été effacé pour utiliser la façade pour l’affichage publicitaire malheureusement», se désole-t-il.

Un engagement auprès des syndics des immeubles pour préserver le Street art

Le responsable explique qu’«à la base, les artistes ne commencent à peindre qu’après l’obtention de l'accord du syndic des habitants d’un immeuble». «Peut-être que nous passerons désormais par des engagements contractuels des syndics pour que ces œuvres de Street art ne soient pas effacées ou détériorées», ajoute-t-il.

«C’est la première fois que ça arrive de cette manière. Dorénavant, nous deanderons aux syndics un engagement de deux ou trois ans afin que ces murs ne soient pas prêtés à une utilisation autre qu’artistique.»

Mohamed Jouahri

Le directeur artistique du festival Sbagha Bagha précise qu’un engagement est demandé aux propriétaires pour «garder l'œuvre le maximum de temps possible». «Mais c’est au cas par cas», ajoute-t-il. «Je trouve que les négociations et une approche pédagogique seraient plus efficaces dans ce contexte», estime Salah Malouli.

Le graffiti géant de Millo complètement repeint / DRLe graffiti géant de Millo complètement repeint / DR

Afin d'éviter que d’autres fresques subissent ce triste sort, il plaide pour «minimiser la présence de la publicité sur les façades de la ville et dans l’espace public en général, et réduire ainsi la pollution visuelle que ça provoque».

Il dit aussi prôner «plus d’éducation artistique dans les écoles». Il faut «faire en sorte que les gens comprennent et acceptent la présence du Street art, son importance et son impact positive sur les villes et les citoyens», insiste-t-il, rappelant que cet art «peut transformer l'identité visuelle d’une ville». «Nous travaillons tellement dur pour réaliser un mur avec tout ce que ça demande d’effort et d’argent, le voir disparaitre nous fait beaucoup de peine», conclut-il.

Hier, l’artiste italien Francesco Camillo Giorgino a fait part de sa déception sur sa page Facebook, en publiant une photo de sa peinture murale recouverte par des coups de rouleaux de peinture grise.

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