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Grand Angle

Armement du Maroc : Quand des médias espagnols en font une obsession

Depuis quelques jours des médias espagnols lancent de sérieuses mises en gardes contre l’armement du Maroc. Un «intérêt» qui n’est pas sans soulever des interrogations sur son timing et sur son fondement alors que l’Espagne a consacré en 2019, selon un rapport du SIPRI, 17,2 milliards de dollars à ses armées.

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Est-ce un hasard du calendrier que des médias hispanophones découvrent avec «stupéfaction» ces derniers jours que le Maroc a profondément modernisé son armement ? Le 8 juillet, le site spécialisé infodefensa.com a consacré un article sur les nouvelles commandes des corps des FAR intitulé : «Les Forces armés royales du Maroc renforcent leurs capacités à un rythme prononcé».

La suite de l'article gonfle la menace à un niveau étonnant. «Le Maroc a récemment surpris la communauté internationale par les grandes acquisitions d’armements réalisées, particulièrement des Etats-Unis et de la France», notant que ses «dépenses ont augmenté de manière exponentielle à partir de 2008 jusqu’à représenter 3,8% de son PIB entre 2014-2015». Et de préciser que Rabat alloue annuellement 3,5 milliards de dollars à son armée.

Ce ton étonnement paniqué prête à sourire quand on sait que l'Espagne dépense 5 fois plus en armement chaque année. L'auteur reprend tout de même ses esprits en attribuant cet effort des FAR à la «menace islamiste aux niveaux international et régional» et «au réarmement de l’Algérie». Mais la publication avance que le royaume ne pourrait s’engager sur cette voie «sans un appui financier en dehors de ses frontières».

Le 9 juillet, la publication en ligne spécialisée est revenu avec un autre article réservé entièrement à la marine royale, citant quelques importants achats de ce corps des FAR, telles les trois frégates Sigma et la Multi-mission Mohammed VI. Parallèlement à ces commandes, InfoDefensa souligne la construction d’une nouvelle base navale à Ksar Sghir et la modernisation des bases d’Agadir et Dakhla.

Faire mousser la menace

El Confidencial a pris la relève en reprenant des passages du texte publié le 8 juillet par InfoDefensa. «Ces dernières années, notre voisin africain a surpris par ses importantes acquisitions militaires», citant une longue liste comprenant les avions F-16 ;  la frégate FREM ; les chars M1 Abrams ; les missiles antichars TOW ; les hélicoptères de combat Apache ; des radars à la pointe de la technologie pour les drones Predator, MBDA MICA (européen) et Sky Dragon (chinois) ; des missiles antiaériens à courte portée moyenne portée et les missiles Harpoon Block II.

Une liste à la Prévert qui a de quoi effrayer le citoyen espagnol lambda mais qui ferait doucement sourire tour connaisseur des forces qui sont en jeu. Mais El Confidencial n'en démord pas, soulignant que «le pays maghrébin continue de renforcer ses forces armées (…) Il prospère grâce à la technologie américaine et peut devenir un problème pour l'Espagne».

A ces textes parus dans la presse, est venue s’ajouter une tribune, signée par le général de division à la retraite, Jesús Argumosa Pila. Le militaire conseille aux autorités esoagnoles de «suivre de très près le processus de modernisation des forces marocaines. Celles-ci pourraient à l’avenir se rendre en Espagne en lieu et place de leurs destinations actuelles à savoir : le Sahara occidental et l’Algérie». Et de conclure son texte en plaidant pour la «création d’un Etat sahraoui indépendant» qui «contribuera à la stabilité dans notre espace proche de sécurité».

Moins inquiets quand il s'agit de vendre des armes espagnoles au Maroc

Le timing de ces articles consacrés à l’armée marocaine s'sincrivent dans l'offensive anti-Sanchez menée par la droite et l'extrême droite. Pour les milieux militaires espagnols,  brandir la menace marocaine est aussi une manière de faire pression sur le gouvernement à Madrid pour des arbitrages budgétaires en faveur de l'armée.

Les médias et les milieux sécuritaires ibériques étaient par contre moins angoissés lorsque le constructeur public espagnol Navantia avait annoncé unilatéralement, fin décembre 2019, le projet d’achat par la marine marocaine de deux patrouilleurs.

Dans son rapport, publié le 27 avril 2020, sur les 40 grandes dépenses militaires en 2019, le SPRI (Institut international de recherches et de paix de Stockholm) a classé l’Espagne au 17e rang mondial avec 17,2 milliards de dollars alors que le Maroc ne figurait même pas au classement.

Article modifié le 13/07/2020 à 11h30

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