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Grand Angle

Maroc : Découverte à Jerada d’une espèce de rongeurs vieille de 2,6 millions d’années

Vivant essentiellement en Inde, le rongeur de type «golunda» a bel et bien existé au Maroc, il y a 2,6 millions d’années de cela. Une équipe de chercheurs vient d’en découvrir les traces, dans un environnement où son extinction a été précipitée par une non-adaptation au milieu sec et aride de la province de Jerada.

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Le golunda est un rongeur particulièrement connu dans la région qui s'étend du Sri Lanka à l'Iran / DR.
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Une étonnante découverte. C’est pour le moins ce qui peut qualifier la dernière trouvaille d’un groupe de chercheurs marocains et espagnols, qui ont récemment pu identifier des traces d’existence du «golunda» en Afrique du Nord. Jusque-là, les scientifiques ont pu situer l’espace de vie de cette espèce de rongeur en Asie du sud. Désormais, de premières fouilles ayant permis d’exhumer des fossiles permettent d’établir que cet être s’est développé même au Maroc, précisément dans la province de Jerada, il y a près de 2,6 millions d’années.

Publiée en juin dernier dans le Journal of Vertebrate Paleontology, l’étude intitulée «Golunda aouraghei, dernier représentant du genre Golunda en Afrique» donne d’ailleurs quelques descriptifs de l’espèce, dont le type est légèrement différent de son ancêtre asiatique, seul représentant du genre actuellement. En effet, le golunda africain est doublement plus grand, pesant entre 150 et 170 grammes, contre 60 grammes pour celui vivant dans la région de l’actuel Sri Lanka, Népal, Inde, Pakistan et Iran.

Selon les chercheurs de l’Institut catalan d’anthropologie et de développement social (IPHES), de l’Université de Rovira e Virgili à Tarragone et de l’Université de Mohammed Ier à Oujda, qui ont pris part à l’étude, l’espace de vie du golunda dans l’Oriental se situe à Guefaït, près du bassin d’Aïn Beni Mathar. Nommé «Golunda aouraghei», en reconnaissance aux recherches du professeur Hassan Aouragh dans la région, le rongeur a longtemps tenté de s’adapter au climat sec de la région.

«Sa morphologie dentaire reflète en l’occurrence son adaptation à un régime plus aride que celui de où vit son ancêtre, en raison de la sécheresse accrue à la fin de l’ère Pliocène et au début du Pléistocène en Afrique du Nord», indique à EFE le chercheur Pedro Pinero. L’espèce a vécu notamment dans la région arabique, même que des traces ont été trouvées aussi en Etyopie, ou encore en Algérie.

Un rongeur qui a traversé une bonne partie de l’Asie

Selon Pedo Pinero, ce rongeur aurait traversé ainsi le Sinaï depuis l’Inde, durant la période du Policène, pour s’installer dans le Moyen-Orient et en Afrique du Nord, là où ses fossiles ont été découverts. Mais cette adaptation a constitué un grand défi pour sa survie.

Malgré s’y être acclimaté pendant quelque temps, car plus résistant que son ancêtre d’Asie, le golunda aouraghei a donc fini par s’éteindre. Pour cause, la sécheresse qui s’est accentuée dans la région ne lui aurait plus permis d’évoluer.

Guefaït, dans la province de JeradaGuefaït, dans la province de Jerada

Cependant, les fossiles étudiés représentent en eux-mêmes une véritable mine d’or en termes d’informations sur la faune ancienne de la province de Jerada. La morphologie dentaire du golunda aouraghei constitue également un moyen de datation plus précise des sédiments où le rongeur a été couvert. C’est aussi un moyen de reconstituer les spécificités environnementales et climatiques de cet espace, à travers des milliers d’années.

D’ailleurs, plusieurs fossiles ont pu être exhumés, lors des recherches portant sur ce rongeur, ce qui permettra certainement d’approfondir les données scientifiques liées au site. Entre 2015 et 2018, les scientifiques ont en effet réalisé que le lieu conservait plus de 4 000 restes d’animaux, répartis sur pas moins de 20 espèces.

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