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Grand Angle

Le Polisario irrité par la «trahison» de ses alliés Podemos

Sous les ordres de Pablo Iglesias, Podemos marque ses distances avec le Polisario. L’affaire du tweet de la ministre espagnole des Affaires étrangères du 25 mai n’est que le dernier épisode d’une série de manifestations ayant commencé avec l’entrée au gouvernement Sanchez.  

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Pablo Iglesias, secrétaire général de Podemos et deuxième vice-président de l’exécutif espagnol. / DR
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La suppression du drapeau du Polisario dans le tweet du 25 mai de la cheffe de la diplomatie espagnole, posté à l’occasion de la Journée de l’Afrique, ravive la tension, encore latente, entre le Front et son allié Podemos. Bien avant les protestations, les représentants du mouvement Brahim Ghali et leurs relais en Espagne se sont lancés dans une campagne de lobbying auprès des députés de la formation d’extrême gauche en vue de les inciter à adresser des questions à Arancha Gonzalez dénonçant son tweet.

Mais la manœuvre a manifestement échoué. Selon nos sources, elle s’est heurtée à des instructions données par Pablo Iglesias enjoignant à ses camarades de ne pas s’immiscer dans un sujet politique qui relève des compétences du gouvernement.

Face à ce rejet, les antennes du Polisario ont été forcées de se tourner vers le député Néstor Rego Candamil du Bloc nationaliste Galicien (indépendantiste) pour accomplir la mission mais sans la même portée médiatique et politique. Le parlementaire a demandé à la ministre des Affaires étrangères si le gouvernement espagnol envisage «d’établir des relations diplomatiques avec la république arabe sahraouie démocratique (RASD) en tant qu’Etat souverain». Autrefois, c’était Podemos qui portait une telle revendication au point de l’inscrire sur son programme électoral des législatives du 28 avril 2019.

Trahison d’Iglesias ?

Depuis qu’il a endossé la mission de deuxième vice-président de l’exécutif, Pablo Iglesias tient à renvoyer de lui l’image d’un «homme d’Etat» au risque d’irriter ses anciens alliés du Polisario. Ainsi, le 23 janvier dernier et en pleine polémique suite à l’adoption, par les députés marocains, des deux projets de loi établissant la souveraineté marocaine sur les eaux du Sahara, il a évité de commenter la nouvelle. «Je suis convaincu que la ministre des Affaires étrangères saura apporter la réponse la plus adéquate et la plus conforme (…) Je n’ai pas le moindre doute que la ministre va faire son devoir de manière excellente», a-t-il déclaré.

Quatre semaines plus tard, il aura l’occasion de réaffirmer publiquement ces nouvelles «convictions», toujours sur le même sujet. «C’est le ministère des Affaires étrangères qui détermine la position de l’Espagne sur le Sahara», a-t-il souligné en réponse à des questions de la presse sur la réunion de son bras droit, Natcho Alvarez, secrétaire d’Etat chargé des Droits sociaux, avec une délégation du Front.

Pablo Iglesias a également irrité le Polisario lorsqu’il a oublié d'adresser les traditionnelles félicitations à l’occasion de la création du mouvement le 10 mai 1973, ou quand il a ordonné à ses camarades de bouder l’édition 2020 du festival de cinéma FiSahara initialement prévue du 14 au 19 avril dans les camps de Tindouf, avant son annulation pour cause de la pandémie du Coronavirus.

Autant de manifestations d'une prise de distance ayant poussé certains médias du mouvement séparatiste à faire le parallèle entre ce qu’ils qualifient de «trahison» d’Iglesias et celle de l’ancien Premier ministre Felipe Gonzalez. Ce dernier, alors secrétaire général du PSOE et encore dans les rangs de l’opposition, avait prononcé en 1976 et depuis les camps de Tindouf un discours en faveur de l’indépendance du Sahara.

Article modifié le 01/06/2020 à 15h36

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