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Grand Angle

Marocaines bloquées à l’étranger : Les galères des mamans et futurs mamans

Les Marocaines bloquées à l'étranger suite à la fermeture des frontières souffrent particulièrement de ces deux mois passés loin de chez elles. Femmes enceintes, ayant accouché récemment ou femmes seules accompagnées d'enfants en bas âge, doivent prendre leur mal en patience. Jusqu'à quand...

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Lorsqu’elles ont quitté le Maroc en mars dernier, pour des vacances, un voyage d’affaires, une visite familiale ou encore pour consultation médicale, ces Marocaines n’imaginaient pas qu’elles passeraient plus de deux mois, avec ou sans leurs enfants, bloqués dans un pays étranger. Et pourtant, depuis mi-mars, elles font parties des 32 000 Marocains que le royaume n'a toujours pas rapatrié. Des femmes sont bloquées loin de leurs enfants, d’autres avec leurs enfants mais sans leur conjoint, d'autres encore sont coincées en étant enceintes.

En mars dernier, une Marocaine bloquée en France a donné naissance à des jumelles. Selon nos informations, une autre Marocaine a elle aussi accouché en France. Les deux Marocaines et leurs bébés, en bonne santé, ont été prises en charge par les consulats du Maroc.

Une prise en charge essentielle pour des familles déjà exsangues financièrement après deux mois bloquées loin de chez elles. L'inquiétude s'entend dans les paroles de Aziz et son épouse Ahlam, enceinte de 8 mois. «Nous sommes en contact avec le consulat pour nous soutenir financièrement pendant l’accouchement, car les prix et les frais d'hospitalisation ici sont très chers et peuvent aller jusqu'à 3 500 euros, ce que nous ne pouvons pas nous permettre», nous confie ce futur papa. Le couple dispose d’une assurance au Maroc pour l’accouchement, mais ne savent pas si elle prendra en charge un accouchement à l'étranger.

Ils se sont rendus en France en mars pour cinq jours de vacances et devaient ainsi rentrer au Maroc le 16 mars. Seulement, deux jours avant leur vol retour, l'interdiction de voyager a été appliquée. «Lorsque nous nous sommes rendus compte que nous étions bloqués, nous avons essayé de joindre le consulat pour un logement mais on nous a dit que ce n'était pas possible», poursuit Aziz. Le couple sera finalement hébergé par de la famille dans le sud de la France.

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Des accouchements non programmés à cause de la fermeture des frontières

Aziz et Ahlam ont surtout galéré pour trouver un médecin spécialiste. «La situation est compliquée pour ma femme, car accoucher en France n'est pas la même chose qu'au Maroc. Il était très difficile de trouver un médecin qui accepterait de suivre son cas car elle n'est pas au début de sa grossesse», confie Aziz. Après de longues recherches, ils trouvent un spécialiste pour suivre la grossesse, tout en reprenant «les tests et analyses, même ceux qui ont déjà été faits au Maroc», ce qui reste coûteux pour le couple.

«Outre ces difficultés, la situation des hôpitaux avec la crise sanitaire en France est préoccupante. Nous ne pensons pas au rapatriement maintenant. Nous voulons juste que le bébé soit sain et sauf, car la date d’accouchement est très proche.»

Aziz et Ahlam

La situation des mamans bloquées à l’étranger avec leurs enfants n’est pas meilleure. Imane, son mari et sa fille de deux ans se trouvaient aux Etats-Unis pour des vacances au moment de la fermeture des frontières. Ils ont, depuis, tenté de joindre le consulat qui les a inscrit sur la liste des Marocains souhaitant être rapatriés. «Le consulat nous appelait de temps en temps mais ils ont dit qu'ils ne pouvaient pas nous aider», regrette cette maman.

Arrivée le 6 mars aux Etats-Unis avec un départ initialement prévu le 20 mars, cette famille loue actuellement un appartement, sans l’aide des autorités marocaines. «En avril, le consulat nous a informé qu'il n'y avait pas pour l’instant d'opération de rapatriement. Lorsque nous avons parlé de notre situation financière très tendue, les responsables au consulat nous ont dit qu’ils aident les Marocains ayant perdu leur emploi et qu’ils ne peuvent pas nous aider financièrement», regrette Imane.

De l’adaptation à la vaccination des enfants

«Le loyer, la nourriture,… tout est très chers aux États-Unis. Bien que bloquée ici, je suis également censé travailler et le décalage horaire rend la tâche beaucoup plus difficile», raconte cette jeune maman.

«La situation est également difficile pour ma fille, qui n'a pas compris pourquoi nous sommes toujours ici. Au début, elle se plaignait chaque jour. Nous avons essayé de lui expliquer la situation mais elle veut savoir quand nous allons enfin rentrer au Maroc.»

Imane, Marocaine bloquée aux USA

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De son côté, les soucis de Fatima Zahra semblent beaucoup plus sérieux. Bloquée en France et logée chez une copine, elle est arrivée le 8 mars avec son enfant, pour un rendez-vous médical, qu’elle a passé le 10 mars. «Mon bébé a aujourd’hui 11 mois. Il devait faire des vaccins le 25 mars dernier au Maroc», déplore-t-elle. Cette Marocaine a consulté un pédiatre pour tenter de faire vacciner son enfant en France. Malheureusement, «il m’a informé que la France et le Maroc n’ont pas les mêmes procédures et m’a suggéré d’attendre mon retour au Maroc», regrette-t-elle.

Elle nous confie aussi que son mari, au Maroc, a souffert d’un malaise à cause du stress dû au fait qu’elle soit bloquée avec son enfant en France. «C’est honteux. Je ne fais plus confiance en mon pays pour ce qui nous arrive, car il nous a abandonné en ces temps de crise. S’ils nous avaient rapatriés, nous aurions déjà quitté la quarantaine», finit-elle par lâcher. «Ce qui me gêne, c’est qu’ils nous disent rien et nous laissent ici sans rapatriement et sans nous donner de date», conclut cette maman usée par la situation.

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