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Grand Angle

France : Colère et choc après un dérapage raciste de la police

Depuis dimanche soir, les réactions se sont multipliées après la publication d’une vidéo, documentant une intervention de la police qui a tourné à la bavure raciste, à l'Île-Saint-Denis. La polémique est telle que le ministre français de l’Intérieur a réagi dans la nuit et l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN) a été saisie.

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Photo d'illustration / Ph. Nicolas Zaugra - Lorraine Actu
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Dans la nuit de dimanche à lundi, l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN) s’est saisie d’une affaire impliquant un agent, apparu dans une vidéo où il tient des propos racistes lors d’une interpellation. Datée des premières heures de dimanche, la séquence montre en effet l’intervention de fonctionnaires après un vol en réunion à l’Île-Saint-Denis, en région parisienne. Sauf que l’une des arrestations a mal tourné, lorsqu’un jeune s’est jeté dans la Seine pour échapper au contrôle.

Rapidement repêché par les policiers venus l’arrêter, l’homme est accablé de remarques racistes, avant d’être roué de coups dans le fourgon qui l’a conduit au commissariat, sous les éclats de rire des agents. «Un bicot comme ça, ça nage pas», entend-on dans la vidéo. «Haha ça coule, tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied», lance un collègue, faisant ainsi allusion au triste épisode du 17 octobre 1961, lorsque des manifestants algériens ont été jetés dans la Seine par la police.

Quelques heures plus tard dans la nuit de dimanche à lundi, la polémique enfle sur les réseaux sociaux, faisant sortir le ministre français de l’Intérieur de son silence. «Une vidéo montrant une intervention de police dans le secteur de l’Île-Saint-Denis suscite une indignation légitime. Toute la lumière sera faite. L’IGPN est saisie. Le racisme n’a pas sa place dans la police républicaine», a écrit Christophe Castaner sur son compte Twitter.

Un policier aux antécédents racistes

Selon des informations de l’AFP, les policiers mis en cause font partie des effectifs de nuit de la Direction territoriale de la sécurité publique des Hauts-de-Seine. Quant à l’homme interpellé, il serait de nationalité égyptienne et âgé de 27 ans. Admis à l’hôpital à la suite de sa chute, il a été placé en garde à vue pour vol par effraction et en réunion. Il est notifié d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), ce après quoi l’enquête a été classée sans suite, a précisé le parquet auprès de l’agence de presse.

Dimanche, le journal Le Parisien a révélé que la bavure raciste s’est déroulée «en présence d’un commissaire de police des Hauts-de-Seine, en charge du district». Selon le média, cet homme a «déjà défrayé la chronique en 2004 alors qu’il était chef adjoint de la brigade anticriminalité de nuit à Paris (BAC 75N)». «Un homme arrêté après une violente course-poursuite à Barbès avec les forces de l’ordre, avait subi des violences policières. Extrait de son véhicule et tabassé, le conducteur avait fini sur le macadam, pantalon et slip baissés, un cerceau d’enjoliveur entre les fesses», rappelle le média. «Dans cette affaire, un capitaine et deux gardiens de la paix avaient été condamnés. Le commissaire, présent sur les lieux, avait écopé d’un an de prison avec sursis et un an d’interdiction d’exercer, pour ‘abstention volontaire d’empêcher un crime ou un délit’». Or, c’est ce commissaire qui aurait été sur les lieux, dimanche.

L’un des auteurs de la vidéo documentant ces derniers faits a été rencontré sur les lieux de la bavure par le journaliste Taha Bouhasf. Quelques heures plus tard, le journaliste a dénoncé la réaction du syndicat de police, remonté à la charge en visant plusieurs professionnels de la presse qui révèlent les violences policières.

Pour sa part, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) a exigé une enquête et des poursuites «immédiates».

Article modifié le 27/04/2020 à 19h28

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