Marine Le Pen ne lâche pas le morceau. Plus de 10 jours après ses déclarations controversées affirmant que les Français mangeaient de la viande halal sans le savoir et que 100% de la viande abattue en Ile-de-France est halal, elle continue d’alimenter la polémique sur le halal. La présidente du Front National a adressé un courrier hier, mercredi 29 février, aux professionnels de la viande dans lequel elle leur affirme qu’elle «n’est pas une menace pour leur profession». Un courrier deux jours avant sa visite, demain, vendredi 2 mars, au Salon International de l’Agriculture de Paris qui a ouvert ses portes le 24 février dernier.
«La filière viande française est en crise. Les responsables de cette crise qui m'accablent depuis une semaine de tous les maux sont ceux qui avaient les moyens, durant cinq ans, de changer la situation dramatique des éleveurs, de moderniser nos abattoirs, d'informer et de protéger les consommateurs [...] et ne l'ont pas fait» explique-t-elle en citant plus loin le président Nicolas Sarkozy et le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire, rapporte l’AFP.
Décret déjà en application
Les professionnels français de viande sortent de leur silence et répondent à la lettre de Marine Le Pen. L’INTERBEV, l’Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes, réunissant plus de 300 000 éleveurs, employés, bouchers artisanaux et industriels, publie, aujourd'hui, jeudi 1er mars un communiqué de presse dans lequel elle estime être « littéralement prise en otage par la politique et particulièrement par Marine Le Pen». Un communiqué, dit-elle, pour «rectifier la désinformation entretenue par Mme Le Pen sur les chiffres énoncés concernant l’abattage rituel en Ile-de-France.»
Le document de l'INTERBEV indique que le décret censé entrer en vigueur en juillet a été immédiatement appliqué par les professionnels de la filière viande, après avoir obtenu un accord avec le ministre de tutelle. Ce décret stipule que les abattoirs voulant abattre les animaux de façon halal doivent avoir une autorisation de l'Etat et des bons de commande justifiant d'une demande commerciale. Par conséquent, cette application immédiate «encadre de manière stricte l’adéquation entre l’abattage rituel des animaux et les commandes commerciales le justifiant», précise l’association.
Interrogé sur ce décret, Fethallah Otmani, General Manager d’AVS confiait à Yabiladi, hier, que ce décret se focalisait uniquement sur l’abattage halal et masquait d’autres problématiques de fond concernant, par exemple, le traitement des animaux lors du transport, lors de l’élevage, à l’assommage ou à l’abattage. «Je pense que ce décret contourne le problème et finalement ne permettra pas au consommateur d’être mieux informé. Malheureusement, je pense que son seul apport sera de restreindre encore un peu plus l’abattage rituel», a-t-il déclaré.