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Grand Angle

Covid-19 : Une récession de -1,5% pour le Maroc en 2020, selon le PNUD et la Banque mondiale

Dans une analyse sur l’«impact social et économique de la crise Covid-19 sur le Maroc», le PNUD, l’UNECA et la Banque mondiale disent s’attendre à un effet négatif sur l’économie du royaume, une détérioration du déficit budgétaire global et une hausse de la pauvreté. «L'impact de la crise sera probablement ressenti en premier lieu» dans l’informel avant de s’étendre à d’autres secteurs.

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Photo d'illustration. / AFP
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«Au Maroc, certains secteurs ont montré des signes précoces de vulnérabilité tels que le tourisme, les transports et la logistique dans les chaînes d'approvisionnement, mais aussi le secteur informel.» Tel est le premier constat du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), de la Commission économique pour l'Afrique (UNECA) et de la Banque mondiale.

Ainsi, dans une analyse sur l’«impact social et économique de la crise Covid-19 sur le Maroc», les trois institutions disent évaluer l'impact stratégique pour éclairer la prise de décision en vue de soutenir le royaume. Cette étude s’intéresse à l’impact macroéconomique et budgétaire de la pandémie sur l’économie du Maroc, avant d’aborder ses répercussions sociales.

Sans surprise, le PNUD, l’UNECA et la Banque mondiale estiment que «l’économie du Maroc est durement touchée par l’impact de la récession économique liée au Covid-19, tant au niveau mondial qu’en Europe, son principal partenaire commercial». Confronté aux effets de la propagation de la pandémie au niveau national, le Maroc risque ainsi de faire face à «des défis sans précédent et redoutables». «Le pays tente d'atténuer à la fois l'impact sanitaire et économique de la pandémie», car devant «trouver le bon équilibre», tout en veillant à ce que l’économie s’en remette.

Le déficit budgétaire global devrait se détériorer

Entre temps, et à cause également d’une sécheresse aiguë, «l’économie du Maroc devrait souffrir considérablement cette année. Et de citer un «scénario de référence [qui] montre que le PIB réel reculerait de 1,5% en 2020, soit la première récession frappant le Maroc depuis plus de deux décennies».

Le nouveau coronavirus aura aussi un impact négatif sur le rythme de l'assainissement budgétaire et, à son tour, sur les besoins de financement brut et la dette.

«Le déficit budgétaire global devrait se détériorer pour atteindre plus de 6% du PIB en 2020. Une aggravation qui s'explique principalement par l'augmentation des dépenses sociales et économiques liées au Covid-19 et la baisse des recettes fiscales, en particulier de l'impôt sur les sociétés.»

Analyse du PNUD, UNECA et la Banque mondiale

Dans cette situation, «la dette publique pourrait culminer à 73% du PIB en 2020 et le solde du compte courant devrait atteindre environ 7% du PIB cette année». Le rapport évoque aussi «un net ralentissement des exportations, des recettes touristiques et des investissements directs étrangers», à cause de la pandémie.  

«Le Maroc souffrira grandement si la récession attendue s’aggrave davantage à l’échelle mondiale et en Europe et si la demande intérieure continue de baisser en raison de la fermeture prolongée des activités pour contenir la propagation de la pandémie et son impact sur les revenus des salariés et des entreprises», ajoute-t-on.

L’analyse se félicite toutefois de la création, par le Maroc, du Fonds spécial devant «atténuer l'impact économique et social de la pandémie».

Un «fort impact social difficilement mesurable»

Pour ce qui est de l’impact social, le rapport rappelle que le Maroc a connu une réduction significative de la pauvreté depuis les années 2010. Mais «en raison de la crise économique, près de 10 millions de Marocains pourraient tomber dans la pauvreté».

Les trois institutions rappellent que «l'impact de la crise sera probablement ressenti en premier lieu par ceux qui ont un emploi informel», soit la «grande majorité des travailleurs marocains généralement employés dans des secteurs vulnérables, tels que le tourisme, les services, ainsi que par ceux de l'économie des concerts et ceux qui ne peuvent pas travailler à distance». 

Le document note aussi que «le manque de données rend indispensable l'anticipation des problèmes» liés à cette crise, dont le problème de confiance. Tout en rappelant que «les comportements et les habitudes des citoyens ont rapidement et extrêmement changé depuis le début de la pandémie», l’analyse met en exergue les efforts de solidarité considérables, ainsi que le changement de perception des travailleurs de première ligne, en l’occurrence les professionnels de la santé, les forces de l'ordre et les autorités locales.

Et de souligner «l'importance pour les organisations internationales de soutenir non seulement les autorités locales, mais aussi les initiatives locales spontanées de relance et de développement et les réponses organiques innovantes issues de la crise».  

Et de pointer aussi un «risque systémique entravant la réalisation de l'Objectif de Développement Durable (ODD)». «Le Maroc devra agir rapidement et de manière intégrée pour mesurer et répondre à l’ampleur des changements dans la vie des gens», conclut le document.

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